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Une femelle muntjac à grandes cornes. |
Photo : CTV/CVN |
Le monde animal est diversifié. Cependant, la triste réalité continue d’agiter son spectre : le nombre de ses représentants ne cesse de décroître. Un phénomène notamment dû à la déforestation, à la pollution mais aussi aux activités humaines dont le braconnage et la chasse. Le muntjac à grandes cornes, également connu sous le nom de muntjac géant (Muntiacus vuquangensis), est un des mammifères les plus récemment décris par le milieu scientifique, après sa découverte dans les années 1990. Il est inféodé à la chaîne de montagnes de Truong Son. Le nombre restant de cette espère en voie de disparition reste inconnu, car on peut rarement l’observer à l’état sauvage.
Une adepte de la nature
Née et ayant grandi dans la province de Quang Nam, dans le Centre, Minh Nguyen est adepte de la nature depuis son plus jeune âge. Après s’être installée à Hô Chi Minh-Ville, elle n’a cependant jamais oublié la beauté de la cordillère de Truong Son où elle a passé un nombre incalculable d’heures à observer la faune.
À l’université, elle a choisi la biotechnologie comme compromis avec ses parents qui souhaitaient que leur fille apprenne la médecine et l’économie. En choisissant ce cursus, la jeune femme pensait ainsi se rapprocher le plus possible de sa vraie passion : l’étude des animaux.
"À l’université, il y avait des cours que je pouvais suivre sur la faune et l’écologie, et les enseignants étaient également passionnés par ces domaines", raconte Minh Nguyen. "J’ai profité de toutes les opportunités pour travailler avec eux. J’ai ainsi pu étudier les amphibiens, les reptiles, les poissons et les oiseaux", explique-t-elle.
Minh Nguyen prend des notes lors d’une sortie en forêt sur les traces du muntjac à grandes cornes. |
Photo : ST/CVN |
Dans le même temps, la jeune femme a fait tout son possible pour s’engager dans la conservation des animaux, au Vietnam comme au Laos. Elle participe ainsi à de nombreux projets de la Société pour la conservation de la vie sauvage (Wildlife conservation society - WCS) et étudie le saola (Pseudoryx nghetinhensis), un mammifère surnommé la "licorne asiatique" parce qu’il est très rarement observé.
"Je n’ai entendu parler de cette espèce en voie de disparition qu’après avoir obtenu un emploi dans la conservation de la faune. Je souhaite m’engager dans la conservation de la faune dans la cordillère de Truong Son afin que les futures générations ne soient pas privées de cette biodiversité exceptionnelle", confie Minh Nguyên.
Elle a par la suite mené de nombreuses recherches sur le saola. Et, bien que des efforts substantiels soient nécessaires à la protection de cet animal, elle se rend compte qu’elle peut apporter une contribution encore plus importante à la conservation si elle concentre son attention sur le sort du muntjac géant. Car, bien qu’inscrit dans la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en tant qu’espèce en danger critique d’extinction, il est encore peu connu.
Sa réflexion à ce sujet s’avère correcte quand elle s’entretient avec des spécialistes de la conservation qui confirment que pour sauver l’espèce, un plan d’action plus cohérent est nécessaire. Un plan comprenant notamment une sensibilisation à la situation critique de l’espèce. Forte de cette idée, Minh Nguyen a consacré deux années à réfléchir et déployer un plan efficace pour empêcher l’extinction de l’animal. Elle s’est rendue au plus profond des forêts denses et s’est entretenue avec divers experts pour l’aider à donner vie à sa vision. Elle a également cherché à développer des politiques plus éclairées et des stratégies efficaces, à optimiser la connexion entre les autorités de gestion et la communauté, ainsi qu’à favoriser et former correctement la prochaine génération de conservateurs.
Pièges et dangers pour les animaux sauvages
Le nombre restant de muntjacs à grandes cornes reste inconnu, car il est rare de l'observer à l'état sauvage. |
Photo : ST/CVN |
Les études de Minh Nguyen montrent également que certaines espèces, les muntjacs (Muntiacus et Elaphodus) en particulier, sont actuellement victimes de pièges posés dans les forêts, et ce même dans les réserves et parcs nationaux. Cela met en évidence le niveau de risque pour le muntjac à grandes cornes, le saola et l’ours.
Minh Nguyen souhaite quantifier l’impact de ces pièges sur la viabilité des populations de muntjac, dans le but de montrer quel niveau de protection est nécessaire pour le maintien de groupes sains. Ses recherches sont actuellement soutenues par l’Association américaine des femmes diplômées des universités (American association of university women - AAUW), la Société américaine de géographie (National geographic society - NGS), le Fonds mondial pour la nature (World wildlife foundation - WWF) et le programme de coopération économique Asie-Pacifique de l’Université d’État du Colorado (CSU). Tout récemment, Minh Nguyên a également reçu une bourse d’études supérieures de la WCS et du WWF, qui se sont engagés à la soutenir pour les deux années à venir.
Minh Nguyen souhaite pouvoir explorer les forêts d’Asie d’ici fin 2022. Elle désire également rencontrer les étudiants de son groupe de recherche sur les mammifères et les aider à se sentir fiers d’être conservateurs de la faune. "La protection des animaux de Truong Son a besoin de soutiens urgents pour conserver efficacement les nombreuses espèces rares avant qu’il ne soit trop tard !", insiste-t-elle.
Bien qu’elle n’ait pas encore eu la chance de voir de ses propres yeux un muntjac à grandes cornes, la mission de Minh Nguyen de sauver cette espèce en danger critique d’extinction reste toutefois inébranlable. En mettant en place des approches communautaires, elle s’efforce de sauver non seulement ce mammifère, mais aussi d’autres espèces hautement menacées endémiques de la chaîne de montagnes Truong Son.