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Le PDG de l'AFP, Emmanuel Hoog, aux Assises du journalisme à Tours, le 16 mars 2017. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"J'ai constaté que mon projet ne recueillait pas les soutiens nécessaires et indispensables de l'État, comme cela a été le cas, dans la continuité, depuis 2010 (...). J'en tire donc une conclusion: je retire, avec regret, ma candidature", a écrit M. Hoog, dans un courrier adressé aux administrateurs de l'agence et diffusé aux salariés.
Ce retrait a été annoncé alors même que le conseil d'administration devait auditionner M. Hoog et son concurrent, Fabrice Fries, dans l'après-midi 11 avril.
Ce dernier, désormais seul en lice, a été reçu par le conseil d'administration, mais au bout de deux tours de scrutin, il n'a pas obtenu ce mercredi 11 avril la majorité qualifiée pour être élu: selon les administrateurs représentant le personnel, il a recueilli 10 voix, puis 12 au deuxième tour de ce vote à bulletin secrets, alors qu'il doit recueillir le soutien de 13 des 18 administrateurs de l'AFP (outre 3 membres nommés par le gouvernement, il s'agit de représentants de la presse écrite, de l'audiovisuel public et du personnel, auxquels s'ajoutent des personnalités qualifiées).
À la demande des représentants du personnel, le conseil d'administration a été suspendu jusqu'à 14h00 (12h00 GMT) jeudi 12 avril, a indiqué l'instance dans un bref communiqué.
Après une assemblée générale du personnel, qui se déroulera à 11h00 (9h00 GMT), le conseil devrait donc procéder jeudi après-midi 12 avril à un troisième et ultime vote sur la candidature de M. Fries, auquel il ne manque donc qu'une seule voix pour être élu PDG de l'AFP.
Dans le cas contraire, il reviendrait au conseil supérieur de l'AFP, autre instance de gouvernance de l'agence, de proposer d'ici huit jours deux candidats au conseil d'administration, qui se prononcerait alors à la majorité simple, selon les statuts.
Fabrice Fries, 58 ans, était président de Publicis Consultants jusqu'en 2016. Cet ancien haut cadre des groupes de médias Vivendi et Havas a fait l'essentiel de sa carrière au sein du secteur privé.
Vidéo et sport
Fabrice Fries est entré en 2006 chez Publicis comme secrétaire général et prend la présidence de l'agence de communication Publicis Consultants en 2009. Après son départ du groupe, il a réintégré la Cour des Comptes en janvier 2017.
Fabrice Fries arrive au siège de l'Agence France-Presse à Paris, le 11 avril. |
Emmanuel Hoog, 55 ans, ancien président de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) de 2001 à 2010, avait été élu une première fois le 15 avril 2010 à la tête de l'AFP, succédant à Pierre Louette. Il avait été réélu en 2013.
M. Hoog avait placé au cœur de la stratégie de l'AFP le développement des activités dans la vidéo, dans le sport et les services, et avait demandé l'an dernier à l’État une enveloppe de 60 millions d'euros sur cinq ans, pour financer notamment un plan de développement.
L'annonce de son retrait a été précédée de tensions au sujet des performances financières de l'AFP. Mardi 10 avril, lors d'une conseil d'administration, la commission financière de l'agence, organe chargé de contrôler ses comptes, avait jugé "particulièrement fragile(s)" les hypothèses budgétaires pour 2018, selon des sources concordantes.
Les comptes 2017, qui font ressortir une perte nette de 4,8 millions d'euros, avaient cependant été validés par cette commission et approuvés par le conseil d'administration.
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