Afghanistan : les bureaux de de l'ONU attaqués à Herat, un policier afghan tué

Les bureaux des Nations unies ont été attaqués 30 juillet au lance-roquettes à Herat, la grande ville de l'Ouest de l'Afghanistan, autour de laquelle s'affrontent talibans et forces afghanes, une attaque qui a coûté la vie à un policier.

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Un membre d'une milice antitalibans dans le district d'Injil, près d'Herat dans l'Ouest de l'Afghanistan, le 30 juillet 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les insurgés, maîtres de vastes portions rurales du territoire afghan, ont aussi accru ces derniers jours leur pression sur deux autres capitales provinciales, dans le sud de l'Afghanistan : Kandahar, la deuxième ville de ce pays, et Lashkar Gah.

L'attaque "contre l'entrée d'un bâtiment des Nations unies clairement identifié" à Herat "a été menée par des éléments antigouvernementaux", a dit l'Unama dans un communiqué, précisant qu'un policier afghan gardant le bâtiment avait été tué et plusieurs blessés.

L'entrée du complexe a essuyé des tirs de roquettes et d'armes à feu, a poursuivi l'Unama, ajoutant qu'aucun employé de l'ONU n'avait été blessé.

La zone où se trouvent les bureaux pris pour cible, aux abords d'Herat, était le théâtre le 30 juillet d'intenses combats entre forces gouvernementales et talibans, lesquels se rapprochent de cette ville, la capitale provinciale de 600.000 habitants et troisième agglomération de l'Afghanistan en termes de population.

"Cette attaque contre les Nations unies est déplorable et nous la condamnons dans les termes les plus forts", a déclaré Deborah Lyons, la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU en Afghanistan et cheffe de l'Unama.

"Ceux qui ont mené cette attaque doivent être identifiés et rendre des comptes", a-t-elle souligné. Les attaques contre le personnel civil et les bâtiments de l'ONU sont interdites par le droit international et peuvent s'apparenter à des crimes de guerre, a rappelé l'Unama, qui a aussi rendu hommage aux gardes afghans ayant défendu le complexe onusien.

Les États-Unis ont eux aussi "fermement condamné" cette attaque, par la voix du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

"L'ONU en Afghanistan est une entité civile focalisée sur les efforts de paix, les droits de tous les Afghans et l'assistance humanitaire et au développement", a noté M. Sullivan dans un communiqué, avant d'appeler les deux parties à reprendre leurs négociations de paix

Les insurgés se sont récemment emparés de plusieurs districts de la province d'Herat, ainsi que de deux postes-frontière qui y sont situés, celui d'Islam Qala, principal point de passage avec l'Iran, et celui de Torghundi avec le Turkménistan.

De nombreux habitants des alentours d'Herat ont fui le 30 juillet les combats. Selon un correspondant de l'AFP, forces afghanes et talibans s'affrontent notamment le 30 juillet sur la route conduisant à l'aéroport, situé à une quinzaine de kilomètres au sud du centre d'Herat.

Population terrifiée 

Des membres d'une milice antitalibans et d'un service de sécurité dans le district d'Injil, près d'Herat dans l'Ouest de l'Afghanistan, le 30 juillet 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des habitants de la région ont également fait état de combats dans les districts de Guzara, où se trouve l'aéroport, et d'Injil qui enserre Herat.

"Les gens sont terrifiés", a expliqué Abdul Rab Ansari qui a fui le district de Guzara pour se réfugier en ville. Selon Mohammad Allayar, autre habitant de la zone réfugié à Herat, "les combats sont intenses" dans le district de Guzara.

Les talibans ont assuré s'être emparés de ce district mais les informations en provenance de la population étaient contradictoires à ce sujet le 30 juillet soir.

Selon un correspondant de l'AFP, les forces afghanes et les miliciens d'Ismail Khan, un puissant chef de guerre local opposé aux talibans, se sont déployés autour d'Herat.

Les talibans ont déclenché début mai une offensive tous azimuts contre les forces afghanes, à la faveur de l'amorce du retrait définitif - désormais quasiment achevé - des troupes internationales d'Afghanistan.

Ils se sont emparés en trois mois de vastes zones avant tout rurales, face à des forces gouvernementales qui n'ont jusqu'ici opposé qu'une faible résistance et ne contrôlent plus pour l'essentiel que les capitales provinciales et la plupart des grands axes.

L'Unama s'est également déclarée le 30 juillet "profondément inquiète de l'escalade de la violence dans et autour de Kandahar, dans le Sud, sur fond d'attaques des talibans contre la ville" et a averti des "graves conséquences pour les civils qu'auraient la poursuite et l'intensification des combats dans les zones urbaines" de cette agglomération.

Selon la mission de l'ONU, des informations crédibles font état de dizaines de civils tués. Plus de 230 ont été blessés depuis le 16 juillet mais leur nombre réel est "certainement bien plus élevé", ajoute-t-elle.

Daud Farhad, le directeur du principal hôpital de Kandahar, a annoncé le 30 juillet que 33 personnes - dont 24 civils - avaient été blessées dans les combats au cours des dernières 24 heures.

De son côté, Daud Shah, un policier de Lashgar Gah, la capitale de la province méridionale du Helmand, a déclaré le 30 juillet à l'AFP que des talibans avaient déclenché la veille "une opération à partir de plusieurs directions" sur cette cité mais qu'ils avaient été repoussés, sans qu'il soit possible de vérifier la réalité de la situation sur le terrain.


VNA/CVN

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