>>Rapport : un regard rétrospectif sur cinq ans d’adhésion du Vietnam à l’OMC
Le Vietnam a connu un ralentissement économique cinq ans après son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). |
En jetant un regard rétrospectif sur les cinq premières années qui ont immédiatement suivi l'adhésion du Vietnam à l'OMC (2007-2012), conseillers et représentants du ministère du Plan et de l'Investissement ont reconnu qu'outre les avantages certains que cela avait apportés, l'économie vietnamienne s'était heurtée à un certain nombre de défis.
Un an après son adhésion à l'OMC, l'économie nationale s'est retrouvée frappée de plein fouet par les conséquences de la crise économique et financière mondiale, mettant en lumière ses faiblesses et limites internes.
Depuis 2007, l'économie nationale n'a enregistré une croissance du PIB que de 6,5% en moyenne, contre l'objectif de 7,5-8%, soit en deçà de la moyenne de 7,5% des cinq ans précédents. Seule l'année 2008 sort du lot, avec une croissance de 8,5%, observée en partie grâce à la réduction des barrières commerciales lors de son intégration à l'organisation. À partir de mi-2008, la croissance économique a ralenti, avec une moyenne de 6,1% pour la période 2008-2011, et un creux à 5,3% en 2009.
Seul le secteur de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche a fait légèrement mieux que l'objectif fixé. Les deux autres secteurs majeurs - industrie et construction - ont été bien loin des espérances. Représentant 40% du PIB du pays, la croissance de l'industrie et du génie civil s'est heurtée à une forte baisse par rapport à la période précédant l'adhésion à l'OMC.
L'industrie textile occupe une part importante dans les exportations nationales. Photo : Trân Viêt/VNA/CVN |
Un rythme et une qualité de croissance en baisse
"Après l'accession du Vietnam à l'OMC, tandis que l'impact de l'intégration sur les investissements directs étrangers (IDE) a été très net, les exportations vietnamiennes n'ont cependant pas été meilleures qu'auparavant", a estimé l'économiste Pham Chi Lan.
Sur la période 2007-2011, les exportations ont augmenté de 2,4 fois pour se chiffrer à 96,9 milliards de dollars, soit une croissance moyenne de 19,5% par an. Une augmentation toutefois inférieure à celle des cinq ans précédents (2,5 fois et 21,5%). Ce qui est sûr, c'est que l'intégration économique internationale a sensiblement accru le déséquilibre de la balance commerciale, avec un déficit atteignant 14,2 milliards de dollars en 2007 et 18 milliards en 2008, contre 5,1 milliards de dollars en 2006.
De plus, 60% des exportations ont été réalisées par des investisseurs étrangers, le groupe d'entreprises nationales étant perdant dans l'affaire. "Cela comporte des risques, car si un jour les investisseurs étrangers décident de placer leurs capitaux dans d'autres pays disposant d'une main-d'œuvre moins coûteuse, cela signifiera à coup sûr une chute incontrôlable des exportations", a analysé Pham Chi Lan.
Lors de la période post-OMC, la balance internationale des paiements a connu une évolution complexe. Concernant le système bancaire, l'intégration économique mondiale plus profonde a également amplifié les risques financiers. La pression exercée sur la restructuration du système bancaire est telle que le gouvernement a dû procéder à sa réorganisation à compter de fin 2011, à commencer par la fusion de trois banques : SCB, Dê Nhât et Tín Nghia. "Le Vietnam serait l'économie des pays d'Asie de l'Est la plus vulnérable aux chocs, tant extérieurs qu'intérieurs", a noté le Dr. Vo Trí Thành, directeur adjoint de l’Institut national d’études sur la gestion économique.
Le gouvernement procède à la restructuration du système bancaire depuis fin 2011. |
Photo : Trân Viêt/VNA/CVN |
La lumière au bout du tunnel
Jusqu'à fin 2013, l'économie du pays restera confrontée à diverses pressions, des créances douteuses à l'inflation. "Cette année, il sera difficile de maintenir l'inflation à 6%", a prévenu le Dr. Vo Trí Thành. Et d'ajouter que "jamais le budget n'a été dans une situation aussi délicate qu'actuellement".
Selon lui, la récente majoration du prix de l'essence et du pétrole est due en partie aux difficultés budgétaires. "Face aux grandes dépenses, il est extrêmement compliqué de maintenir le déficit économique au même niveau. Et le plus gros risque réside en les créances douteuses bancaires", a-t-il remarqué.
Un tableau de l'économie nationale bien sombre donc, même si des points lumineux sont bel et bien visibles : les exportations au cours du premier trimestre de cette année sont "honorables", estimées à près de 30 milliards de dollars. Cependant, M. Thành a aussi souligné que 3 milliards de dollars de ces exportations (10%) ont été réalisées par une seule entreprise d'IDE.
Autre signe positif, toujours dans ce secteur : pour la première fois, les exportations des entreprises nationales ont progressé de plus de 10% au premier trimestre, bien qu'en grande partie grâce à l'exportation de 400 millions de dollars d'or. À l'exclusion de l'or, cette croissance était de 5% à 6%. "Un chiffre toujours bien plus flatteur que la croissance de 1,3% observée par le groupe des entreprises domestiques l'an dernier", a-t-il apprécié.
Minh Quang/CVN