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De manière générale, les accords de libre-échange visent à réduire les droits de douane entre États afin de favoriser les échanges commerciaux. Les accords de nouvelle génération, eux, ne s’en contentent pas. Ils tentent également de diminuer les autres entraves au commerce (réduction des obstacles non tarifaires). Ils concernent donc également les services, les marchés publics, la protection de la propriété intellectuelle…
Fruits du dragon du Vietnam présentés dans un supermarché au Japon. |
Photo: Dào Tùng/VNA/CVN |
L’agriculture vietnamienne a acquis une dimension internationale dans les filières telles que café, riz et produits aquatiques. “Les accords de libre-échange, dont celui entre l’Union européenne et le Vietnam (EVFTA) et le Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), offrent de belles opportunités pour accroître les exportations, développer les secteurs phares et améliorer la valeur ajouté des produits”, a estimé le ministre de l’Industrie et du Commerce, Trân Tuân Anh. Selon lui, il est temps pour les agriculteurs et les entreprises de prendre des initiatives, de renouveler le modèle de production et les échanges avec les acteurs de la chaîne de valeur, ainsi que d’adopter une approche méthodique des marchés internationaux potentiels. Les effets de ces accords ne se limitent pas à l’élimination des barrières tarifaires mais aussi à la compétitivité des produits agricoles. Cela dépend de notre capacité de production, a-t-il indiqué.
En effet, le CPTPP couvre les questions non seulement commerciales, mais aussi juridiques et institutionnelles. Il implique des réformes sur le plan commercial, juridique et administratif, et sert de tremplin pour le développement à la fois économique et social. Il comporte également des engagements importants liés, par exemple, aux barrières non tarifaires, aux services et à l’investissement. D’après le président de l’Association des paysans vietnamiens, Thào Xuân Sùng, "le gouvernement et l’ensemble des agriculteurs devraient se concentrer sur la création d’entreprises et coopératives agricoles d’un nouveau style". Il a mis l’accent sur l’importance de renforcer les liens entre tous les acteurs de la chaîne, c’est-à-dire État, agriculteurs, entrepreneurs, scientifiques, banquiers, distributeurs, afin de développer un réseau de commerce agricole et agroalimentaire moderne.
Faire face à une concurrence accrue
Pour la directrice adjointe du Département de la politique commerciale multilatérale du ministère de l’Industrie et du Commerce, Pham Quynh Mai, "les entreprises doivent avant tout rechercher de façon proactive des informations sur le CPTPP pour mieux appréhender les engagements du Vietnam et les marchés partenaires". Il leur faut également renforcer leurs liens avec ces derniers pour attirer les investissements directs étrangers au Vietnam, tirer parti des transferts de capitaux et de technologies, participer plus profondément aux chaînes d’approvisionnement mondiales.
À l’heure actuelle, les produits agricoles vietnamiens s’exportent dans 180 pays. En 2018, le chiffre d’affaires à l’export s’est élevé à plus de 40 milliards d’USD. Et 43 milliards sont attendus cette année. "Hormis les opportunités, le CPTPP et l’EVFTA créeront de grands défis pour l’agriculture nationale, notamment l’EVFTA avec des engagements fiscaux et des réglementations sur l’origine des produits", a déclaré le ministre Trân Tuân Anh.
Partageant ce point de vue, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Nguyên Xuân Cuong, a prévu que le Vietnam devrait faire face à la concurrence des autres pays membres de ces deux accords, tels qu’Australie, Canada et Nouvelle-Zélande, qui sont dotés de grands potentiels dans le développement agricole. Le problème majeur du Vietnam est sa faible production agricole car il ne compte que 8,6 millions de familles d’agriculteurs et 10 millions d’hectares de terres arables.
Dans ce contexte, le ministre Nguyên Xuân Cuong a suggéré de mobiliser les foyers agricoles pour qu’ils participent à des coopératives et se joignent aux entreprises du secteur. Par ailleurs, les produits doivent respecter les normes et exigences établies par les marchés nationaux et étrangers. Un travail qui nécessite des efforts de la part de tous les acteurs. Nguyên Xuân Cuong a également salué l’adaptabilité de l’économie vietnamienne, du secteur agricole national en particulier, ce qu’a démontré la mise en œuvre de 12 accords de libre-échange. En raison de capacités juridiques et de preuves scientifiques limitées, le Vietnam risque de rencontrer des difficultés face aux barrières non tarifaires.
"Le secteur agricole national devra faire face à une concurrence accrue compte tenu des produits étrangers qui inonderont le marché vietnamien à la suite de la réduction des barrières fiscales, prévue dans les accords", a estimé Nguyên Xuân Cuong. Les réglementations sur l’hygiène et la sécurité sanitaire des aliments, ainsi que les normes techniques de marchés exigeants comme le Japon et les pays de l’Union européenne constitueront également des défis de taille.
Les produits aquatiques figurent parmi les produits exportés phares du Vietnam vers l’Union européenne. |
Photo: VNA/CVN |
Dix milliards d’USD d’exportation
"Les exportations de produits aquatiques vietnamiens devraient atteindre 10 milliards d’USD cette année", a prévu Nguyên Ngoc Oai, chef par intérim de la Direction des pêches relevant du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Le secteur aquacole a également défini, pour les mois restants, d’atteindre son objectif de 4,7% de croissance de la valeur de production. Ce secteur redoublera d’efforts pour obtenir le retrait du “carton jaune” de la Commission européenne (CE), une tâche extrêmement importante. Vers la fin du mois d’octobre, le secteur traitera les recommandations communiquées par la CE. Début novembre, un membre de la CE se rendra au Vietnam pour vérifier si les mesures prises par le pays pour lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) ont été respectées.
De plus, les filières astacicole et pangasicole doivent adopter des mesures pour réduire leurs coûts de production, améliorer la qualité pour satisfaire des marchés exigeants et augmenter leur compétitivité. Au premier semestre, la production a augmenté de 6,5%, un taux plus élevé que le plan annuel fixé à 4,7%. La production totale a atteint 3,8 millions de tonnes, un résultat en hausse de 6,2% par rapport à la même période de 2018. Aussi, le chiffre d’affaires de l’exportation des produits aquatiques a atteint 4 milliards d’USD, soit 100% par rapport à la même période l’année dernière.
Suite à la signature de l’EVFTA le 30 juin à Hanoï, cet accord passera par un processus d’approbation, selon le ministère de l’Industrie et du Commerce. Sous l’égide du Parlement européen, la CE l’examinera fin 2019. S’il est mis en place, l’EVFTA boostera les exportations vietnamiennes et contribuera à la diversification des marchés et produits commercialisés, c’est-à-dire les produits agricoles et aquatiques, ainsi que les produits vietnamiens d’une manière générale.