Sergio Marchionne (à gauche), |
Pour Sergio Marchionne, administrateur délégué de Fiat et président de Chrysler, cet accord, qui rentrera "dans les livres d'histoire", permettra "de créer un constructeur automobile global, avec un bagage d'expériences, de points de vue et de compétences unique au monde, un groupe solide et ouvert".
Fiat ne détenait jusqu'ici que 58,5% de Chrysler, le reste (41,46%) étant aux mains du fonds de pension Veba du syndicat américain de l'automobile UAW. En vertu de cet accord, qui fait suite à des mois de conflit sur le prix entre les deux parties, Veba recevra pour cette part un total de 3,65 milliards de dollars, a indiqué Fiat dans un communiqué. 1,75 milliard de dollars (1,27 milliard d'euros) lui sera versé par Fiat au
comptant, le reste étant fourni sous forme de dividendes extraordinaires de Chrysler à ses actionnaires. Fiat reversera sa part à Veba.
L'accord prévoit en outre des "contributions ultérieures" du groupe Chrysler à Veba d'une valeur totale de 700 millions de dollars, payables en quatre tranches annuelles, dont la première, le jour du bouclage de l'opération. Pour sa part, le syndicat UAW s'engage à "soutenir les activités industrielles du groupe Chrysler".
Aucune augmentation de capital n'est prévue de la part de Fiat pour financer l'opération. "J'attends ce moment depuis le premier jour, depuis que nous avons été
choisis en 2009 pour contribuer à la reconstruction de Chrysler", s'est félicité John Elkann, président de Fiat.
Le groupe automobile italien, affaibli par la crise en Europe, était désireux depuis longtemps de fusionner entièrement avec son partenaire mais était en conflit avec Veba, ce dernier réclamant un prix de quelque 5 milliards de dollars. L'accord du 1er janvier se traduira par "le retrait de manière définitive de l'action en justice (en cours) devant la Cour du Delaware" qui devait départager Fiat et Veba à ce sujet, indique Fiat.
Une procédure d'entrée en Bourse de Chrysler avait également été engagée, mais ne semble plus avoir lieu d'être, Fiat étant parvenu, comme le souhaitait M. Marchionne, à acquérir directement les titres de l'actionnaire minoritaire.
Le constructeur italien avait pris 20% du capital ainsi que les commandes opérationnelles de Chrysler en 2009, alors que le troisième constructeur automobile américain émergeait de la faillite. Deux ans plus tard, il prenait le contrôle du groupe en passant la barre des 50% de son capital grâce au rachat du solde de la part du gouvernement américain.
Aujourd'hui, le constructeur italien, confronté à un marché européen en chute libre, ne doit son salut qu'à Chrysler. En 2012, ce dernier a connu "une année exceptionnelle", avec un bénéfice net quasiment décuplé à 1,7 milliard de dollars, et sans lui, Fiat aurait essuyé une perte nette de 1,041 milliard d'euros en 2012. L'accord a aussi reçu un accueil favorable de la part des syndicats de la Fiat, qui compte 197.000 salariés dans le monde, dont 80.000 en Italie, faisant de lui le premier employeur privé de la péninsule.
Pour le dirigeant de la fédération métallurgie de la Cisl, Ferdinando Uliano, l'accord va "rendre disponibles des ressources financières utiles pour relancer toutes les usines du groupe". "Regarder hors de l'Italie a été le choix juste", a renchéri Rocco Palombella, de l'Uilm. Satisfaction également du maire de Turin, Piero Fassino, pour qui l'accord "renforce le rôle d'acteur global" du groupe.
AFP/VNA/CVN