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Représentation du "bài chòi" dans le village de Thanh Thuy Chánh, commune de Thuy Thanh, en banlieue de Huê (Centre). |
Photo: Duc Quang/CVN |
L’UNESCO a inscrit le bài chòi sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, lors de la 12e session de son Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenue en décembre 2017 à Jeju, en République de Corée.
Selon les chercheurs, à Thua Thiên-Huê, une province du Centre, le bài chòi serait apparu dans la commune de Thuy Thanh au milieu du XIXe siècle, prenant racine dans le processus de production de la communauté. Ce n’était pas seulement un simple jeu folklorique, c’était aussi une activité culturelle typique des fêtes traditionnelles. Le festival du bài chòi à Thuy Thanh commence le 1er jour du Têt (Nouvel An lunaire).
Cependant, le nombre de représentations a diminué ces deux dernières décennies en raison des changements profonds liés au mode de vie moderne.
Face à cette situation, Thua Thiên-Huê est bien consciente de l’importance et de la nécessité de préserver et de promouvoir ce trésor local devenu patrimoine mondial. Le projet "Protection et valorisation du patrimoine culturel immatériel du bài chòi" a été lancé par le Comité populaire provincial et sera mis en œuvre de 2019 à 2023.
Selon les autorités locales, sa pratique dans cette province est différente d’ailleurs. "Le +bài chòi+ à Huê est un type de divertissement différent de celui des théâtres d’autres provinces car les meneurs de jeux seraient plus créatifs, chantant différentes paroles sur un même morceau de musique”, explique l’artiste Trân Duy Ðôi, qui a plus de 50 ans attachés aux chansons populaires du bài chòi. C’est pourquoi la conservation de cet art "à la mode de Huê" est nécessaire. "Il faut préserver la diversité artistique", explique-t-il.
En effet, Thua Thiên-Huê compte lancer plusieurs actions, à commencer par des enquêtes et recensements afin de connaître le nombre de compositions musicales pour ensuite créer des documents numériques répertoriant la totalité des airs. La province aidera surtout ses villages à maintenir les activités communautaires impliquant cet art. "L’essentiel est de préserver le +bài chòi+ sous ses formes les plus populaires", indique un chercheur culturel local. Autrement dit, il faut aider les habitants à organiser jeux, spectacles et concours de bài chòi.
Des cours de transmission orale seront organisés dans les écoles simultanément à la création de conditions favorables aux artisans, clubs et troupes artistiques. La localité cherche aussi à présenter cet art aux visiteurs en organisant des spectacles dans des sites touristiques.
Malgré quelques airs et mélodies nuancés en fonction de chaque région géographique, le "bài chòi" respecte toujours les mêmes règles. |
Photo: DL/CVN |
D’après le Comité populaire de la province de Thua Thiên-Huê, le budget total pour la mise en œuvre de ce projet est estimé à 1,3 milliard de dôngs (plus de 49.000 euros).
Le bài chòi est une forme artistique populaire, se distinguant par sa combinaison délicate de jeu, de musique, de poésie, de théâtre, d’interprétation, d’improvisation. Ainsi permet-il au public de profiter de plusieurs arts en un seul.
Un trésor folklorique du Centre
Selon Nguyên Bình Ðinh, directeur de l’Institut vietnamien de la musicologie, le bài chòi est l’une des créations culturelles immatérielles folkloriques propres aux Vietnamiens du Centre. Il est pratiqué pour l’essentiel dans onze provinces de la région que sont Quang Binh, Quang Tri, Thua Thiên-Huê, Dà Nang, Quang Nam, Quang Ngai, Bình Ðinh, Phú Yên, Khánh Hoà, Ninh Thuân et Binh Thuân.
C’est une activité culturelle ancrée dans la population, répondant à ses besoins de distraction et de manifestations artistiques. "Parmi les arts populaires des pays d’Asie de l’Est et d’Asie du Sud-Est, le +bài chòi+ est l’un des arts du spectacle les plus vivants et les plus riches", estime-t-il.
Il se présente sous deux formes: "jeux du bài chòi" (jouer aux cartes en miradors) et "spectacle du bài chòi" (bài chòi sur tapis).
La première est pratiquée avec des cartes dans des cabanes de bambou à l’occasion du Têt ou de festivals printaniers. Elle se caractérise par la présence des miradors montés sur le terrain de jeu, dans chacun desquels s’installe un groupe de cinq ou six joueurs. Les groupes de chanteurs rivalisent de talent et d’esprit dans l’improvisation.
La deuxième, plus simple, consiste en un tapis étalé par terre, au milieu duquel le meneur de jeu, ou Hiêu, siège entouré de multiples joueurs.
Les airs interprétés expriment le patriotisme, les belles traditions, les sentiments filiaux, les qualités humaines et l’attachement à la communauté. Ils comportent également des leçons morales et des exemples du travail à partager.
Thúy Hà/CVN