À Marseille, trois morts sur fond de trafic de drogue et de "vendetta"

Trois fusillades, trois morts, dont un adolescent de 16 ans : dans la nuit de dimanche 2 avril à lundi 3 avril à Marseille (France).

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Un policier d'une unité spécialisée de terrain fouille un dealer présumé dans un quartier nord de Marseille, le 31 mars 2023. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Et cette "dynamique particulièrement inquiétante (...) va se poursuivre dans les mois à venir", a estimé la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, en commentant "ces bains de sang dans nos cités, avec malheureusement des très jeunes en première ligne".

21 et 23 ans pour les deux morts dans la première fusillade, survenue cité du Castellas autour de minuit, dans ces quartiers populaires du nord de Marseille gangrénés par la pauvreté, le chômage et les trafics de stupéfiants ; 16 ans pour l'adolescent tué une demi-heure plus tard au coeur de la ville, dans le quartier portuaire de la Joliette : "ce rajeunissement des victimes nous inquiète beaucoup", a insisté la magistrate.

Âgées de 27 ans en moyenne il y a une dizaine d'années, les victimes des règlements de comptes entre gangs à Marseille sont désormais quatre ans plus jeunes, selon une étude faite sur les neuf premiers mois de 2022 citée par la procureure.

Au total, huit personnes ont également été blessées dans ces trois fusillades, dont celle vers la cité des Aygalades, quelques minutes à peine après celle du Castellas. Parmi elles, un adolescent de 15 ans touché à la Joliette se trouvait "encore en pronostic vital très engagé (lundi soir 3 avril), en état vraiment très grave", a précisé Mme Laurens.

Lui et son camarade tué étaient connus pour trafic de stupéfiants. Celui de 15 ans avait été condamné le 31 mars par un juge des enfants, a précisé la magistrate.

Lynché à mort

Ouvertes pour assassinat en bande organisée, tentative d'assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs, les enquêtes sur ces trois fusillades ont été confiées à la police judiciaire.

Une certitude pour la procureure de Marseille : ces nouveaux drames sont le résultat de "deux forces en présence", d'"une double logique", "une logique de contrôle des territoires, et notamment celui de la cité de la Paternelle, et une logique de vendetta, de représailles".

"Cette cité est aujourd'hui à l'origine de la quasi-totalité des assassinats de ces derniers mois à Marseille, avec deux équipes qui se disputent les points de deal et sont sans doute rentrées dans une sorte de dynamique de vendetta", expliquait déjà Frédérique Camilleri, la préfète de police des Bouches-du-Rhône, lundi matin 3 avril, au sujet de la Paternelle.

C'est là qu'un garçon de 17 ans, connu pour "dealer", avait été lynché à mort mi-février. Là aussi que, fin mars, le corps d'un homme de 20 ans, criblé de balles, avait été retrouvé, abandonné sur un terrain vague.

Marseille : trois fusillades dans la nuit du 2 au 3 avril. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Et les statistiques des homicides sur fond de trafic de drogue ne cessent de s'accélérer en 2023, constate la procureure de Marseille, avec déjà 14 morts --13 tués par balles et le jeune lynché à la Paternelle-- et 43 blessés en à peine trois mois, tous dans la deuxième ville de France.

En 2021 et 2022, sur le ressort du tribunal judiciaire de Marseille, ce sont respectivement 25 et 32 morts qui avaient été recensés.

"Qu'ils arrêtent de tuer nos enfants. On se sent à l'abandon. On attend de l'aide, que les politiques essaient de désamorcer tout ça. Ce sont des bébés (NDLR : les victimes), il faut faire quelque chose pour les aider à ne pas tomber dans ces engrenages, ou à en sortir", demandait mardi après-midi 4 avril Zahia Meziene, porte-parole du collectif des familles de victimes de Marseille, à la cité du Castellas.

"À Marseille, on est pilote, tout ce qui se passe ici arrive ensuite dans les autres villes. Ce qui m'affole c'est que ce type de comportement est en train de se répandre dans des villes qui n'étaient pas du tout touchées, comme Nantes", expliquait encore récemment Mme Laurens, craignant "une aggravation de la situation".

Deux hommes ont ainsi été abattus, le 28 mars, à Rennes, dans ce qui ressemble à des règlements de comptes liés au trafic de drogue. 

AFP/VNA/CVN

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