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Un soldat français surveille la grotte de Massabielle, coeur du sanctuaire catholique de Lourdes (Hautes-Pyrénées), le 11 août.

Photo : AFP/VNA/CVN

Religieux en aubes, enfants assis dans l'herbe, pèlerins malades en fauteuils ont assisté dans la matinée à une messe inaugurale, présidée par le cardinal-archevêque Philippe Barbarin, sous les arbres de la prairie du sanctuaire pyrénéen.

Les quelque 6.000 membres du pèlerinage national sont ensuite partis en procession à travers le sanctuaire, certains portant des croix rouges ou des drapeaux au nom de leur diocèse, tout en marchant le long du Gave, selon un parcours qui a dû être modifié pour des raisons de sécurité. Entre d'autres pèlerins italiens, burkinabés, belges ou sri-lankais, militaires et policiers patrouillaient comme la veille près de lieux de culte du domaine religieux, dont les entrées étaient filtrées par des agents de sécurité.

Les pèlerins sont arrivés progressivement jeudi, dans un sanctuaire encadré par un dispositif renforcé, mis en place comme pour d'autres grands rassemblements estivaux en France après l'attentat de Nice, puis l'assassinat du père Hamel dans une église normande fin juillet. "C'est un risque qui fait partie de nos vies", a résumé Bernard, pèlerin de 43 ans, venu "remercier" la Vierge Marie pour sa récente paternité, alors que des chants religieux retentissaient derrière lui.

Jugeant la présence de militaires "regrettable" mais "nécessaire", le père Ameer Jaje, venu de Bagdad pour rejoindre une délégation de chrétiens d'Orient réfugiés en France, a estimé que, "pour les Irakiens particulièrement, pour les Syriens, ça nous rappelle un peu ce que nous vivons là-bas".

"On doit vivre ensemble"

"On peut et on doit vivre ensemble", a-t-il rappelé plus tard. "Nous sommes un peu inquiets, oui", ont estimé Terena et Tom, des retraités irlandais de 58 et 61 ans, qui ont finalement décidé de maintenir leur voyage afin de "prier pour les plus faibles". "On est habitués dans le métro, en ville, mais dans le sanctuaire...", a regretté Gian Paolo, 52 ans, responsable des jeunes au sein du pèlerinage italien de Vercelli, avant d'ajouter: "Il faut voir en avant, la vie continue".

Contrôles de sécurité renforcés à l'entrée du sanctuaire du Lourdes (Hautes-Pyrénées), le 11 août.

Contrôles de sécurité renforcés à l'entrée du sanctuaire du Lourdes (Hautes-Pyrénées), le 11 août. Photo : AFP/VNA/CVN

Derrière le fauteuil roulant de son frère, Nadine, une Nantaise de 46 ans, se réjouit de voir du monde à Lourdes et balaye : "La peur n'exclut pas le danger, elle l'amplifie même", dit celle qui dit compter avec ferveur sur "la prière" pour "traverser l'obstacle". Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, doit se rendre sur place samedi matin pour "inspecter" le dispositif de sécurité dans la cité mariale.

Chaque année, des milliers de catholiques se rendent à Lourdes pour le 15 août, fête de l'Assomption de la Vierge Marie, c'est-à-dire sa montée au ciel - alors que l'Ascension, fêtée quarante jours après Pâques, célèbre la montée du Christ ressuscité vers son Père. Le pèlerinage du 15 août provoque tous les ans un afflux de visiteurs dans un lieu déjà très fréquenté en été.

Le sanctuaire marial, où selon l'enseignement de l'Église catholique la Vierge Marie est apparue à une jeune bergère, Bernadette Soubirous, en 1858, est l'un des premiers lieux de pèlerinage catholique au monde. Sa fréquentation a baissé mais il accueille toujours des millions de visiteurs chaque année. Le pèlerinage du 15 août rassemble des Français mais aussi de nombreux groupes internationaux qui viennent prier la Sainte Vierge et recueillir de l'eau de Lourdes, réputée miraculeuse.

Les célébrations se poursuivent jusqu'au 16 août à travers des conférences, veillées et prières, avec en particulier la messe internationale du 15 août, à laquelle s'agrègent de nombreux pèlerins individuels et touristes pour rassembler quelque 25.000 personnes.