A la mode, Momppy la poupée veut sublimer la beauté noire

Talons hauts, coiffure afro, habillée mode, et déjà adoptée par nombre de petites Sud-africaines : Momppy Mpoppy, la poupée noire, se veut une image de la perfection africaine, pour aider les petites filles à aimer leur propre beauté.

Maite Makgoba, fondatrice de la société qui fabrique la poupée, assure qu'elle a eu l'idée de la poupée Momppy en regardant les autres poupées noires sur le marché. "Elles étaient mal fagotées et pas séduisantes du tout, beaucoup en costumes traditionnels. Ce n'est plus la réalité d'aujourd'hui".
Pour cette jeune entrepreneur de 26 ans, qui a fondé son entreprise en 2013, créer des poupées noires "est plus qu'un business".
Une "Momppy" devant sa créatrice Maite Makgoba, le 8 juillet à Johannesburg.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous sommes en train de créer une conscience, que notre peau noire et nos cheveux afros sont beaux comme ils sont", affirme-t-elle.
Les jouets, confirme la pédopsychologue de Johannesburg, Melita Heyns, ont une influence à long terme sur les enfants : "C'est beaucoup plus qu'un jeu, les poupées jouent un rôle très important dans la vie des petites filles, c'est pourquoi il est important que ces jouets aident l'enfant à construire son caractère et son estime de soi".
Les poupées de Maite sont assemblées en Chine, mais préparées, habillées et empaquetées à Johannesburg, dans un petit atelier du centre-ville, d'où elles sont expédiées aux distributeurs. Là, on coud et imprime à la main les jupes, les pantalons denim et les combinaisons branchées qui vont donner à Momppy sa personnalité.
Pour l'équivalent de 13 euros, les parents peuvent offrir une "Mpoppy" (qui signifie poupée, en Sotho, l'une des langues sud-africaines) et sa garde-robe. Et pour ceux qui le souhaitent, l'atelier produit également les mêmes vêtements en tailles enfants, pour que les petites filles puissent s'habiller exactement comme leur poupée.
"Nous voulons que les enfants voient la beauté en Mpoppy, et qu'elles se voient elles-mêmes lorsqu'elles jouent avec elle", poursuit Maite Makgoba, bien consciente qu'un long chemin reste à parcourir : "Les poupées sont souvent blanches, les gens célèbres dans les magazines sont blancs, même en Afrique du Sud où la majorité de la population est noire".
Perfection à la peau blanche
"Les enfants noirs grandissent dans un monde qui ne les représente pas", affirme-t-elle, "tout est biaisé au bénéfice des Blancs".
La Denim Dungaree, une des poupées Momppy Mpoppy, dans l'atelier de fabrication de Johannesburg le 8 juillet. Photo : AFP/VNA/CVN

La chef d'entreprise reconnaît que la concurrence est très rude avec les marques de poupées traditionnelles, mais elle se félicite des "retours enthousiastes" des acheteurs.
"Les parents et les enfants ont vite adopté notre poupée. Mais nous devons encore convaincre les grandes enseignes de vendre notre marque", admet-elle, refusant cependant de divulguer ses chiffres de ventes.
Nokuthula Maseko, 30 ans, affirme que ses deux filles "sont tombées amoureuses de cette poupée originale" après l'avoir vue sur les réseaux sociaux... qui restent d'ailleurs le principal vecteur de notoriété de Momppy.
"J'aime que la poupée ressemble à mes enfants, dit cette mère de famille, dans un monde où les standards de beauté sont souvent liés aux traits européens (...) C'est un grand pas socialement".
Pour autant, Nokuthula concède qu'il n'a jamais été question de jeter les poupées blanches : "À l'école, elles jouent avec leurs amis blancs, donc j'essaie de maintenir ce réalisme, de façon à ce qu'elles soient conscientes de l'existence des différentes couleurs de peau, et qu'elles ne pensent pas que tout est blanc et uniforme".
Les poupées noires ne sont évidemment pas une nouveauté, mais le marché africain a longtemps été inondé de poupées blanches, créant l'image d'une perfection à la peau blanche et aux longues tresses brillantes. Barbie, aujourd'hui âgée de 57 ans, a d'ailleurs des déclinaisons noires, même si Barbie la blonde reste la plus vendue.
Le rêve des créateurs de Momppy est désormais d'exporter vers les autres pays africains, où d'autres fabricants de poupées noires tentent déjà leur chance.


AFP/VNA/CVN


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