À la découverte et redécouverte de trésors culturels en banlieue de Hanoï

Contrairement aux pays de l’Occident, la majorité, peut-être 80%, de notre héritage architectural et sculptural se trouve éparpillée dans les campagnes. Il suffit de faire une vingtaine de kilomètres en banlieue de Hanoï pour découvrir ou redécouvrir de véritables joyaux.

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Un coin de la pagode Tây Phuong.
Photo : CTV/CVN

C’est dans cet esprit que, par une matinée de printemps, nous avons organisé avec des amis suédois une excursion en banlieue de Hanoï au sud-ouest. En une journée, nous avons fait une ample moisson d’impressions et de souvenirs qui pourraient alimenter notre pensée et notre mémoire pour de longs mois. La pagode de la Grande compassion (Dai Bi) du village de Cat Quê, district de Hoài Duc, nous accueille en premier lieu. Il est possible que sa première construction remonte aux IIe-IIIe siècles, quand le gouverneur chinois Si Nhiêp (Shih Hsich) favorisait la propagation du bouddhisme au Vietnam qui rayonnait à partir du siège administratif de Luy Lâu.

Aide suédoise pour des réparations urgentes

Une aide du Fonds suédo-vietnamien pour la promotion de la culture a permis à la pagode de procéder à quelques réparations urgentes pour préserver des pièces dignes de figurer dans un musée. Une cloche et une plaque sonore en bronze plusieurs fois séculaires pendent à une poutre du portique à trois entrées nouvellement reconstruit. Deux grottes de l’Enfer en ronde-bosse, sans pareille au Vietnam, les autres s’étalent plutôt sur un plan vertical, nous fascinent par une forêt de trois cent statuettes, la représentation des trois mondes : le Paradis bouddhique, le séjour des mortels, la prison infernale aux mille supplices, le cycle de la métempsychose...

L’œuvre détruite à moitié a été restaurée. L’autel de granit, - 4 m² de surface -, retient l’attention par son mélange d’arts cham, chinois et vietnamien. Datant du XIIIe siècle, après la victoire sur les Mongols, il est le plus grand et le plus typique de pareilles œuvres qui distinguent les temples de la région du fleuve Day.

Nous sommes allés ensuite à Son Dông, à quelques kilomètres de la pagode de Dai Bi. Ce village, très ancien, s’est fait un nom par le nombre de ses lettrés, lauréats des concours triennaux et par un métier transmis de génération en génération depuis des centaines d’amées : la fabrication de statues et d’objets de culte en bois laqué. Pendant les années 80, cet artisanat en déclin a connu un regain grâce à des mesures prises par le gouvernement. À l’heure actuelle, les villageois gagnent bien leur vie, leurs enfants ne craignent pas le chômage, les temples de partout leur font des commandes, leurs marchandises s’exportent.

Région du bouddhisme et des métiers traditionnels

Les magnifiques statues des fameuses pagodes de cette région au sud-ouest de Hanoï provenaient, dit-on, du ciseau des maîtres du village. La fête villageoise est très originale avec ses vestiges du lointain culte de la fertilité. Une chanson populaire dit :

«À Son Dông, pour la fête, on enveloppe le bambou avec la spathe d’aréquier.
On fait des gâteaux dày et cuôn pour régaler ses amis
».

Le rite consiste à broyer du riz gluant étalé sur un van en tapant des coups réguliers avec un pilon de bois enveloppé d’une spathe d’aréquier (évocation de l’acte sexuel). La farine obtenue sert à faire des gâteaux bánh dày ronds et plats, et des gâteaux bánh cuôn allongés en forme de saucisse (les organes féminins et masculins). Un autre jeu rituel est la lutte pour un tronçon de bambou sacré (cuop bông) qui donnera au conquérant un enfant mâle.

Au village de Son Dông, on fabrique des objets de culte en bois laqué.
Photo : Bùi Phuong/CVN

Après avoir quitté le village de Son Dông, nous sommes passés au district de Thach Thât pour visiter la pagode Tây Phuong qui jouit depuis toujours d’un grand prestige dans tout le pays. Tây Phuong veut dire pays de l’Ouest, séjour du Bouddha de la Lumière Infinie A Di Dà (Amitabha). La pagode porte le nom officiel de Sùng Phuc Tu (Culte de la Bénédiction bouddhique). Elle est située au sommet d’une colline de 50 m de hauteur.

Pour y arriver, il faut gravir 239 marches de latérite. Elle comprend un péristyle pour les rites et cérémonies, un sanctuaire principal et un sanctuaire postérieur. La pagode est célèbre pour sa collection inestimable de sculptures, en particulier plus de 70 statues en bois laqué rouge et or dont les huit bodhisattvas Kim Cuong (Diamant) gardiens de la Doctrine, le Tuyêt Son ou Çakyamuni en ascète couché et les 18 arhats (ascètes libérés du cycle des existences, mais au stade inférieur à celui de bodhisattva). Le spectacle des arhats ravagés par les Sept Passions invite à méditer sur la vanité des mortels. Et c’est une miette de sagesse bouddhique que nous emporterons avec nous sur notre chemin du retour.


Huu Ngoc/CVN

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