>>Donald Trump participera au Forum économique mondial de Davos
Un membre du service de sécurité, en tenue de camouflage, monte la garde sur le toit d'un hôtel à Davos (Suisse) le 22 janvier. |
Lundi soir 22 janvier, la principale préoccupation des organisateurs du Forum économique mondial n'avait rien à voir avec les risques géopolitiques, financiers, environnementaux au menu des débats de la semaine.
Il s'agissait surtout de savoir si la neige tombée en abondance sur la chic station de ski suisse - 159 centimètres en six jours - n'allait pas perturber le ballet des hélicoptères et limousines des quelque 70 leaders politiques, des centaines de grands patrons et des quelques stars attendus jusqu'à vendredi 26 janvier.
Le Premier ministre indien Narendra Modi - qui sera accompagné de deux maîtres de yoga - puis son homologue canadien Justin Trudeau lanceront mardi ce rendez-vous assorti d'un slogan plein de bonnes intentions : "Construire un avenir commun dans un monde fracturé."
Leur succèderont entre autres le président français Emmanuel Macron, qui a reçu lundi 22 janvier à Versailles un bon nombre de PDG en route pour Davos, et la chancelière allemande Angela Merkel, dont c'est le grand retour international depuis les élections de septembre.
En attendant Trump
Mais tout Davos attendra Donald Trump : l'imprévisible président américain entend bousculer les chantres du libre-échange de Davos en vantant sa politique "L'Amérique d'abord".
La directrice générale du FMI Christine Lagarde, le 22 janvier à Davos en Suisse. |
La Maison Blanche a confirmé lundi 22 janvier sa venue, qui avait semblé compromise par la crise budgétaire aux États-Unis, désormais résolue.
Son discours vendredi 26 janvier sera le point d'orgue annoncé d'une semaine de séances de méditation, de discours, de rencontres confidentielles et de tables rondes sur "l'innovation disruptive" ou "les infrastructures résilientes".
Le tout sur fond d'optimisme généralisé pour la croissance mondiale : le Fonds monétaire international (FMI) a encore relevé lundi 22 janvier sa prévision de croissance pour 2018 et 2019, en comptant sur des retombées positives de la vaste réforme fiscale engagée aux États-Unis.
Selon une enquête du cabinet PwC, réalisée auprès de 1.300 dirigeants d'entreprises dans le monde, 57% d'entre eux pensent que la croissance mondiale va s'affermir dans les 12 prochains mois, un record depuis 2012.
Carte de localisation de Davos où se tient du 23 au 26 janvier, le 48e Forum économique mondial réunissant 3.000 participants. |
"Nous avons constaté une reprise large de l'économie mondiale et le discours sur une ère de stagnation semble s'être dissipé", indique Nariman Behravesh, chef économiste de la société IHS Markit, pour qui l'embellie va se poursuivre au moins un an, voire deux.
Message du Pape
Et c'est l'élite rassemblée à Davos qui capte l'essentiel de cette croissance retrouvée, selon l'ONG Oxfam.
Elle a tenu à rappeler lundi 22 janvier que 82% de la richesse créée l'an dernier dans le monde a terminé entre les mains de 1% de la population de la planète.
"On exploite les personnes qui fabriquent nos vêtements, qui assemblent nos téléphones portables et cultivent les aliments que nous mangeons, afin de garantir un approvisionnement constant en produits pas chers, mais aussi pour grossir les profits des entreprises et leurs riches investisseurs", s'est insurgée la directrice d'Oxfam Winnie Byanyima à l'adresse des participants.
Parmi eux, il y a par exemple Jamie Dimon. Le Pdg de la banque américaine JPMorgan Chase va toucher 29,5 millions de dollars pour l'année 2017, retrouvant sa rémunération d'avant le cataclysme financier de 2008.
"Nous ne pouvons continuer à aller de l'avant en faisant comme si la pauvreté et l'injustice croissantes n'avaient pas une cause", a déclaré pour sa part le pape François dans un message lu lundi à Davos.
Dans un autre registre, le chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld, est aussi venu jouer les rabat-joie, près de dix ans après la faillite de Lehman Brothers.
"La prochaine récession pourrait venir plus vite que nous le pensons, et les munitions pour la combattre sont bien plus limitées, surtout parce que les dettes publiques sont bien plus élevées" qu'il y a dix ans, a-t-il dit lundi 22 janvier à Davos.