À Bordeaux, musique et vin jouent avec Bacchus le temps d'une expo

"Célébrons donc tout à tout, Bacchus et le Dieu d'amour, le reste n'est que folie", chantaient de bons vivants en 1715 : vieilles partitions, mais aussi assiettes ou décors d'opéra retracent les liens entre "Le vin et la musique", une exposition qui ouvre vendredi 23 mars à la Cité du vin de Bordeaux.

Peinture de Dirck van Baburen +Joyeuse compagnie+ exposée dans +Le vin et la musique+ à la Cité du vin de Bordeaux (23 mars au 24 juin).
Photo : AFP/VNA/CVN

"Tous ces thèmes autour de Dionysos, devenu Bacchus chez les Romains, ont énormément inspiré à la fois les artistes et les arts du spectacle avec des ballets de cour, des opéras. La Renaissance s'est emparée de l'Antiquité et cela perdure durant l'époque baroque jusque vers 1890-1910", souligne la commissaire de l'exposition "Le vin & la musique, accords et désaccords (XVIe-XIXe)", Florence Gétreau.

Présent tout au long du parcours, le dieu du vin Dionysos ouvre le bal, ornant coupes, cratères ou amphores avec son cortège qui danse au son des instruments de musique. Opéras et ballets lui offrent ses heures de gloire avec des maquettes de décors, partitions, livrets et même des bijoux de scène très rarement exposés de l'opéra Bacchus datant de 1909. Casque sur la tête, le visiteur peut écouter des extraits de cette œuvre du compositeur français Jules Massenet (1842-1912), tout en admirant aquarelle et photo d'artiste en costume.

Instrument de musique appelé double virginal, exposé à la Cité du vin de Bordeaux du 23 mars au 24 juin.

Bacchus investit aussi des instruments de musique, parfois très rares. Sur la basse de viole (1689) de Michel Collichon, la tête du dieu du vin et de l'inspiration créatrice a été sculptée. Seuls trois exemplaires sont répertoriés dans le monde, note Mme Gétreau, qui se réjouit également du prêt d'un virginal double, dont il n'existe que cinq exemplaires. Cet instrument à double clavier, datant de 1580, dépeint sur son couvercle une scène de banquet en plein air.

"Le vin guérit la tristesse"

En tout, 150 œuvres françaises et européennes sont présentées jusqu'au 24 juin pour la deuxième exposition temporaire de la Cité du vin, qui a accueilli l'année dernière plus de 39.000 visiteurs avec Bistrot !, sur le rôle des cafés dans la création durant les deux derniers siècles. Des pièces variées, exposées sur des fonds couleur vin : de l'œuvre d'art comme ce tableau ayant appartenu à Picasso aux carnets de chansons populaires. Sur un verre du XVIIIe siècle est gravé une scène de vendanges avec des musiciens, surmontée de la mention : Le vin guérit la tristesse.

Au delà de l'aspect festif, cette exposition musicale montre aussi les croisements entre l'élite et le peuple, l'amour, les excès de l'alcool avec des estampes populaires représentant des scènes de cabaret qui dégénèrent... Les tableaux des peintres d'Europe du Nord sont particulièrement éloquents sur le sujet. Entre débordement et tempérance, Dirck van Baburen peint dans Joyeuse compagnie (1623) une entremetteuse et une prostitué musicienne qui boit avec un jeune homme riche.

Tête de Bacchus sculptée sur une viole à l'exposition +Le vin et la musique+ à la Cité du vin de Bordeaux (23 mars -24 juin).

"Pour cette exposition +le vin & la musique, accords et désaccords+, l'idée était de montrer qu'en associant vin et musique, on peut évoquer ce qui est joyeux mais aussi donner une dimension plus philosophique : tout ce qui est ivresse peut tourner aux excès, les plaisirs de la vie sont éphémères", explique Mme Gétreau.

Dans Attributs de la musique (1735) de Jean-Baptiste Oudry, le symbolisme de la nature morte se matérialise dans la vitrine annexe : le violon, la musette à soufflet et le livre de musique Recueil d'air sérieux et à boire, dont des extraits ont été spécialement enregistrés pour l'exposition. "L'idée est de proposer l'ambiance du temps", résume cette historienne de l'art. Car tout au long du parcours, la musique est valorisée comme "élément complet de l'exposition et non une simple illustration d'une peinture ou d'un objet", précise-t-elle.

Cette plongée dans l'univers musical des ballets de Lully avec Les fêtes de l'amour et de Bacchus (1680) ou de Rameau (Anacréon, 1757) se poursuit par des concerts des élèves du conservatoire de Bordeaux au sein même de l'exposition, des conférences, un colloque et des cabinets d'écoute "pour être tout à la musique et prendre le temps d'écouter".

AFP/VNA/CVN

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