À Belfort, des dalles de parkings perméables et recyclables "à l'infini"

Des dalles de parking entièrement élaborées en plastique recyclé et capables de stocker l'eau de pluie pour la restituer dans les sols : dans le Territoire-de-Belfort, une start-up entend verdir un secteur notoirement polluant en proposant un produit "recyclable à l'infini".

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Des dalles de parking en plastique recyclé et capables de stocker l'eau de pluie sont installées à Giromagny, Territoire de Belfort, le 9 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Matinée pluvieuse à Giromagny, près de Belfort. Des ouvriers s'affairent près d'une école primaire dont ils refont le parking. Mais ici, pas de bitume, la mairie a opté pour les dalles de la société locale Purple Alternative Surface : de larges hexagones noir de cinq kilos chacun, posés sur un sol terrassé. L'assemblage, facile, donne l'impression d'un puzzle géant aux allures de maillage alvéolé.

Particularités de cette dalle, baptisée "Purple Solo" : perméable aux eaux de pluie, elle est entièrement constituée de plastiques durs, normalement destinés à être enterrés ou incinérés. Avec elle, exit le macadam, synonyme d'artificialisation des sols et qui ne laisse pas passer la pluie.

"Il y a un espace de 5 millimètres entre chaque dalle qui va laisser l'eau s'infiltrer dans le sol", explique Pierre Quinonero, co-fondateur et directeur commercial de Purple Alternative Surface. La start-up, créée en 2019, est installée à Cravanche, dans la banlieue de Belfort, où elle compte six salariés.

En outre, les plaques sont creuses et peuvent retenir 40 litres d'eau par m2, restitués ensuite progressivement dans le sol, poursuit M. Quinonero.

"Anoblir notre coeur de métier"

Pour récupérer les plastiques, un accord a été passé avec des déchèteries de Haute-Saône voisine "où l'on récupère les +plastiques rigides+" (jouets, bassines...), transformés ensuite "en matière première pour réaliser nos dalles", explique cet ancien pilote de moto, éphémère leader du rallye Paris-Dakar en 2001.

L'usine Plaxer, à Rumersheim-le-Haut, dans le Haut-Rhin, le 9 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des "rigides" qui font partie des "trois millions de tonnes de plastique qui, chaque année, ne sont pas recyclés parce que ça serait trop compliqué ou trop cher", note-t-il au passage.

Une fois collectés, les plastiques sont transformés par Plaxer, partenaire de Purple Alternative Surface, spécialisée dans la fabrication des produits plastique et installée à Rumersheim-le-Haut (Haut-Rhin), à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Belfort.

"Notre réseau tourne sur 100 km à la ronde, entre la Haute-Saône et le Haut-Rhin, de la collecte à la réalisation des dalles", glisse Pierre Quinonero.

Sur une unique chaîne, les plastiques sont fondus et injectés dans le moule qui leur donnera leur forme finale.

"Aujourd'hui, on pollue énormément avec les déchets plastiques", reconnaît Bruno Caudron, le directeur technique de Plaxer. Cette entreprise de 35 salariés "est un grand acteur du monde du plastique, on produit énormément de pièces pour l'automobile. On voulait amener notre contribution au recyclage des déchets, on veut anoblir notre coeur de métier, c'est pour ça qu'on a décidé d'accompagner Purple", explique-t-il.

Les matières plastiques, dont l'ingrédient de base est le pétrole, sont en effet régulièrement pointées pour leur action polluante, à l'image des micro-plastiques qui envahissent la planète, des océans aux sommets des montagnes. Et si le recyclage a manifestement ses vertus, il a aussi ses limites, l'industrie continuant à produire massivement des plastiques neufs.

"Peser sur la transition écologique"

Pierre Quinonero veut malgré tout croire aux vertus écologiques de la "Purple Solo" : "On veut vraiment peser sur la transition écologique. À chaque fois qu'on fait trois places de parking (avec ces dalles), on arrive à recycler une tonne de plastique", assure-t-il.

Sans compter que la "Purple Solo", dont la durée de vie est estimée à 30 ans, est quasiment recyclable "à l'infini" : "On a un système de consigne : quand on vend un parking, on récupère les dalles abîmées pour les utiliser à nouveau pour en fabriquer de nouvelles".

Les débuts de la start-up belfortaine, qui s'est vue attribuée la norme Afnor "Économie Circulaire", sont prometteurs : "On a vendu les premières dalles en avril. Là, on a plus d'une centaine de clients", pour des commandes échelonnées jusqu'en 2024, se félicite son co-fondateur, qui vise en 2022 "6.500 m2" de parkings et "50.000 m2" en 2023.


AFP/VNA/CVN

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