Valoriser les acquis du Forum de Crans Montana pour l’avenir de l’Afrique

Le 3e Forum de Crans Montana consacré à l’Afrique et à la coopération Sud-Sud s’est récemment déroulé à Dakhla. À cette occasion, le Pr.-Dr. Nguyên Manh Hùng, directeur de l’Institut de recherche sur l’Afrique et le Moyen-Orient, a accordé une interview exclusive au Courrier du Vietnam.

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Que pensez-vous du contenu et des débats au sein du Forum de Crans Montana 2017 sur l'avenir de l'Afrique et de la coopération Sud-Sud ?

Le Forum de Crans Montana 2017 a été le troisième du genre consacré à l'avenir de l'Afrique et à la coopération Sud-Sud au XXIe siècle, les deux précédents en 2015 et 2016. Cette année, le Forum a mis l’accent sur les valeurs et les normes en matière de coopération Sud-Sud et de développement de l'Afrique, notamment la solidarité, l'égalité, la sécurité, la stabilité et le développement durable. Divisé en deux parties et d’une durée de quatre jours, du 16 au 21 mars, le Forum a été l'occasion de discuter des enjeux liés au développement de l'Afrique et des petits États insulaires en développement.

Les participants ont abordé de nombreux sujets importants tels que la sécurité alimentaire, l'agriculture durable, les enjeux des migrations, le rôle et les contributions des jeunes et des femmes dans le développement de l’Afrique, la santé communautaire, l’application des technologies vertes, les atouts maritimes pour le développement économique. Cet évènement d'envergure internationale a attiré de nombreux chefs d'État et de gouvernement, de ministres ou d’anciens ministres, de politiciens, de militants sociaux, de professeurs universitaires, de journalistes et, notamment, d'entrepreneurs venus d'Afrique, d'Amérique latine et d'Europe…

Quel est le rôle du Maroc dans le processus de développement de l'Afrique et de la coopération Sud-Sud ?

Étant une des économies les plus dynamiques d’Afrique, le Maroc déploie des efforts actifs pour jouer un rôle plus important dans le processus de développement, de maintien de la paix et de la stabilité sur le continent. Ces dernières années, pour améliorer son image internationale, le Maroc a multiplié ses activités extérieures dont une intégration plus profonde dans l'Union africaine, l’organisation de la 22e conférence des parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 22) à Marrakech en novembre 2016, la participation aux forces onusiennes de maintien de la paix en Afrique, le renforcement des relations commerciales et d’investissement avec de nombreux pays africains... Le Maroc a des atouts notamment dans l'agriculture, les énergies renouvelables, la santé publique, le tourisme ... Il est considéré comme un modèle de développement, tout en offrant des possibilités de coopération entre le Maroc et les autres pays de la région et du monde.

Quels sont, d’après vous, les opportunités et enjeux auxquels l’Afrique doit se confronter ?

L'Afrique est un marché potentiel avec une population de plus de 1,2 milliard d’habitants, dont plus de 300 millions appartenant à la classe moyenne (selon les critères pour les pays en développement). L'Afrique compte aussi des économies ayant un revenu per capita élevé. Les pays africains représentent près de 30% des voix à l'Assemblée générale de l'ONU. C’est une force politique importante au sein des instances internationales et régionales. Cependant, de nombreux pays sont instables socio-politiquement, sous-développés économiquement voire les plus pauvres du monde. Plusieurs sont confrontés à des conflits interreligieux, interethniques ou territoriaux, des catastrophes naturelles ou des épidémies. Ce sont des facteurs qui entravent les relations de l'Afrique avec les autres pays du monde.

Une séance de travail du 3e Forum de Crans Montana sur la Nouvelle Afrique du XXIe siècle, tenu du 16 au 21 mars à Dakhla, une ville située au Sahara occidental et sous administration de facto par le Maroc depuis 1975.
Photo : Thu Hà/CVN

Le Vietnam soutient toujours la coopération Sud-Sud et dispose des relations de partenariat dans divers domaines avec de nombreux pays africains. Cependant, l’efficacité de ces relations est loin d’être satisfaisante. Avez-vous des explications ?

Les causes communes ont été mentionnées ci-dessus, à savoir l’instabilité sociopolitique, la fragilité sécuritaire, le faible niveau de développement économique de nombreux pays. À l'heure actuelle, la coopération Sud-Sud en général, la coopération Asie-Afrique en particulier, est assez relâchée. Les intérêts et préoccupations des pays du Sud sont différents. Les succès de la coopération Sud-Sud se présentent notamment dans la coopération bilatérale, ou avec la coopération d’organisations internationales ou d’un pays tiers développé.

De plus, les relations entre le Vietnam et les pays africains sont également affectées par d'autres facteurs : Premièrement, c’est l’éloignement géographique qui limite la circulation de biens et de personnes. Deuxièmement, c’est le manque de connaissances et d’informations entre le Vietnam et des pays africains. C’est la raison pour laquelle, le Vietnam doit travailler avec des intermédiaires pour l'exportation de marchandises vers l'Afrique. Troisièmement, il manque un cadre de coopération entre le Vietnam et de nombreux pays africains, faute de détermination et d’investissement adéquat en ressources humaines et matérielles par les deux parties.

Quelles sont vos propositions pour améliorer cette situation, notamment après ce Forum de Crans Montana 2017 ?

D’abord, il faut promouvoir les relations entre le Vietnam et les pays africains, proposer une feuille de route et investir dans les ressources humaines et matérielles pour valoriser ces relations créées il y a longtemps sur une base politique et d’amitié, mais qui ont du mal à se concrétiser en matière économique et de commerce. Ensuite, il faut renforcer les échanges culturels et d'informations, la compréhension entre les peuples vietnamien et africains. Le Vietnam devrait aussi suivre de près les réajustements politiques et la situation dans les pays africains pour réagir rapidement et de façon pertinente tout en profitant des appuis internationaux afin de protéger ses intérêts.

Enfin, il faut des actions spécifiques et appropriées pour répondre aux besoins de développement des deux parties, promouvoir les avantages et potentiels de chacun. Le Vietnam devra également choisir des secteurs «de pointe» pour la coopération, tout en privilégiant des partenariats primordiaux et à long terme, ainsi que des pays considérés comme têtes de pont vers le marché africain.


Recueillis par Thu Hà/CVN

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