Un ophtalmo sans frontières mobilisé pour le Vietnam

Au Vietnam, le docteur Tadashi Hattori est connu en tant qu’homme «aux mains divines». Il a réalisé plus de 15.000 opérations ophtalmiques gratuites depuis une dizaine d’années, en faveur des personnes les plus démunies.

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En grand professionnel, Tadashi Hattori (centre) a opéré plus de 15.000 cas au Vietnam.

Il est 08h00 du matin. En dépit d’une vague de fortes chaleurs qui sévit depuis mi-juin à Hanoi, un camion bondé de médicaments et de matériel médical s’arrête devant le bureau d’une organisation caritative de la ville. C’est le point de départ pour cette cargaison qui sera par la suite distribuée dans quelques régions défavorisées du pays. Mais non sans être accompagnée par une personnalité de marque, le médecin japonais Tadashi Hattori, plus connu au Vietnam sous le nom de «l’homme aux mains divines». Il arrive ce jour là dans le district de Dông Triêu, situé dans la province de Quang Ninh (Nord). Ici, la plupart des habitants vivent de l’agriculture, et leur revenu moyen annuel ne dépasse pas les 500 dollars, soit un quart du revenu moyen au Vietnam.

Tadashi Hattori est le fondateur de l’Asia prevention of blindness association (APBA), et depuis plus de dix ans, il est aux côtés des paysans pauvres vivant à Dông Triêu. Depuis le début de l’année, plus de 120 patients ont pu être opérés par lui.

Un dévouement exemplaire, mais qui est le fruit d’un pur hasard. «J’ai rencontré un médecin vietnamien lors d’une symposium d’ophtalmologie organisée au Japon en 2001, se souvient Tadashi Hattori. Il m’a raconté l’histoire des patients en situation précaire dans son pays natal qui deviennent aveugle en vieillissant faute d’argent pour se soigner. J’ai tout de suite su que je voulais les aider».

Un agenda bien rempli

Il a décidé donc de laisser derrière lui une vie confortable et rangée dans un grand hôpital au pays du Soleil-levant pour se rendre au Vietnam. «Le directeur de mon ancien hôpital m’avait demandé de quitter mon emploi, au cas où je choisissais de rester longtemps au Vietnam. J’ai été immédiatement d’accord», confie-t-il. Et d’ajouter : «Pour moi, l’argent n’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est de faire quelque chose d’utile. Aider les patients nécessiteux, c’est ce qui me fait du bien».

L’Hôpital oculaire international japonais a été fondé grâce au soutien de Tadashi Hattori et ses collaborateurs.

Depuis 2002, le docteur Tadashi Hattori mène une quasi double vie. Il fait la navette entre le Japon et le Vietnam une dizaine de fois par an, et reste entre 140 et 180 jours. Il doit retourner au Japon pour travailler en tant que médecin temporaire pour financer ses interventions et ses séjours au Vietnam. Il faut savoir qu’il ne prend aucun congé, et qu’en outre des opérations gratuites, il a lancé d’autres projets identiques dans les provinces de Quang Ninh, Vinh Phuc, Tuyên Quang (Nord) et Thua Thiên-Huê (Centre).

Le Japonais organise aussi des formations pour ses confrères vietnamiens, pour leur permettre de découvrir et surtout s’initier aux dernières techniques et méthodes de soins. Il souhaite surtout que les médecins généralistes vietnamiens aient de solides bases en ophtalmologie pour soigner les malades les plus pauvres.

Vivre pour tout le monde

Mais d’où tient-il autant d’empathie et d’ouverture ? «C’est mon père qui m’a inspiré. Avant de décéder, il m’avait dit de vivre pour les gens», avoue-t-il, dans un air des plus méditatifs.

Tadashi Hattori est né à Osaka en 1964, mais alors qu’il était encore sur les bancs de l’école, son père meurt des suites d’un cancer de l’estomac. Ses dernières recommandations resteront à jamais gravées dans sa mémoire. Le médecin de son père a lui aussi influencé le jeune garçon, et l’a incité à devenir à son tour un médecin «qui comprend la douleur de ses patients».

«Il m’a appris que le médecin doit non seulement avoir des compétences, mais aussi un cœur. Voilà pourquoi ma devise est qu’il faut traiter les patients comme ses propres parents», fait-il remarquer.

Les bons faits du docteur Tadashi Hattori ont connu de nombreux échos. Après deux ans au Vietnam, l’ambassade japonaise a eu vent de ses activités, et a demandé au ministère des Affaires étrangères d’aider Tadashi Hattori à mobiliser des fonds et fournir du matériel médical pour les hôpitaux vietnamiens où il exerce, à l’image de l’hôpital ophtalmologique de la province de Thanh Hoa ou a clinique de Dông Triêu à Quang Ninh.

Le ministère vietnamien de la Santé l’a décoré de l’insigne «Pour la santé du peuple vietnamien», en guise de reconnaissance et de récompense pour ses contributions au développement de la santé du Vietnam.

Phuong Nga/CVN

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