Syrie : Russes et Occidentaux incapables de s'entendre pour "sauver Alep"

Russes et Occidentaux ont à nouveau étalé leurs divergences à l'ONU, Moscou bloquant un texte français qui exigeait la cessation des bombardements qui font rage sur Alep tandis que les Occidentaux rejetaient une contre-proposition russe.

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Des Casques blancs syriens évacuent un blessé après des frappes aériennes, le 4 octobre 2016 à Alep.

La Russie, principal soutien du régime syrien, a, comme elle l'avait annoncé, mis son veto à un texte présenté par la France qui appelait à une cessation immédiate des bombardements sur la deuxième ville de Syrie. Quelque 250.000 habitants sont pris au piège face à l'offensive du régime de Bachar al-Assad contre la partie de la ville tenue par les rebelles depuis 2012.

Le texte français - que le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault était venu défendre à New York - a recueilli l'adhésion de 11 des 15 pays membres du Conseil de Sécurité. Le Venezuela, comme la Russie, a voté contre. La Chine et l'Angola se sont abstenus.

C'est la cinquième fois que la Russie utilise son droit de veto à l'ONU dans le conflit syrien, qui a déjà fait plus de 300.000 morts en cinq ans. La Russie a ensuite soumis au vote un texte concurrent, appelant plus généralement "à une cessation des hostilités, notamment à Alep" mais pas à un arrêt des bombardements.

Neuf pays, dont la France, les États-Unis et le Royaume-Uni, ont rejeté le texte russe. Le Venezuela, l'Égypte et la Chine ont voté avec Moscou, tandis que l'Angola et l'Uruguay se sont abstenus. L'ambassadeur britannique Matthew Rycroft a qualifié samedi 8 octobre de "mauvais jour pour la Russie" et de journée "encore pire pour les habitants d'Alep".

La réunion a confirmé à nouveau la fracture entre Moscou et les Occidentaux sur la façon de régler le conflit syrien, sur fond de tensions exacerbées entre Moscou et Washington dont la Syrie n'est qu'un des aspects. Lundi 3 octobre, Washington a même annoncé la suspension des pourparlers avec Moscou sur la Syrie, même si leurs chefs de la diplomatie, John Kerry et Sergueï Lavrov, se sont ensuite parlé au téléphone.

Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a jugé samedi 8 octobre la période actuelle "plus dangereuse" que la Guerre froide. Le conflit syrien a poussé des millions de civils hors de Syrie, vers les pays frontaliers mais aussi dans des embarcations de fortune à destination de l'Europe, provoquant la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.

Poursuite des combats à Alep 

Vue générale sur les destructions dans le district de Boustane al-Bacha, à Alep, en Syrie, le 6 octobre 2016.

"La bataille se déroule au centre, notamment dans le quartier de Boustane al-Bacha où l'armée avance, dans le sud, à Cheikh Saïd, et à la périphérie nord, où le régime a pris le quartier d'Ouwayja", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Selon l'OSDH, 290 personnes, des civils pour la plupart - dont 57 enfants - ont été tuées dans des raids du régime et de son allié russe depuis le début de l'offensive. Par ailleurs, 50 civils dont neuf enfants ont péri dans des bombardements rebelles sur les quartiers progouvernementaux.

Alors que Russes et Occidentaux se déchiraient à l'Onu, les bombardements aériens se poursuivaient samedi et se concentraient essentiellement sur les zones de combat, a rapporté le correspondant de l'AFP dans la partie rebelle.

La partie Est d'Alep a été ravagée par des bombardements d'une extrême violence, qui ont tué des centaines de personnes et détruit des infrastructures civiles. L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait averti jeudi 6 octobre que si l'offensive actuelle se poursuivait, Alep-est serait totalement détruit d'ici janvier.

M. Ayrault a à nouveau dénoncé samedi 7 octobre à New York les "crimes de guerre" perpétrés par "le régime syrien et ses soutiens" contre des hôpitaux et des écoles à Alep, où 250.000 habitants sont assiégés depuis plus de deux mois.

Le régime syrien "a confirmé avec une brutalité inouïe son objectif. Objectif qui n’a rien à voir avec la lutte contre le terrorisme, l’objectif c’est la capitulation d’Alep", a-t-il affirmé. "Nous avons tous en mémoire Guernica, Srebrenica, Grozny. Ce qui se déroule à Alep est la répétition de cette tragédie".

L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a lui défendu son texte plus général en soulignant qu'il fallait dans le conflit avancer "de façon parallèle et sans condition préalable" - une allusion à la demande de cessation des bombardements.

Face à ce nouveau dialogue de sourds, M. Tchourkine a voulu dédramatiser. "Est-ce la fin de la diplomatie? Non c'est juste la fin d'une réunion très étrange du Conseil de sécurité", a-t-il déclaré à l'issue de la séance.


AFP/VNA/CVN

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