Solar Impulse, un vol légendaire pour l’avenir de la planète

L’ambassade de Suisse à Hanoï a organisé, le mardi 20 septembre, une soirée dédiée à l’innovation et aux technologies vertes, avec pour fil rouge Solar Impulse, l’avion qui a réalisé le tour du monde en utilisant uniquement l’énergie solaire. Une rencontre qui a permis au public de découvrir les coulisses de l’aventure, et de discuter de la place du développement durable au Vietnam.

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Solar Impulse fait la taille d’un Boeing, mais pèse à peine plus d’une voiture.
Photo : ADS/CVN

«Si tout le monde dit que vous pouvez le faire, c’est que vous ne rêvez pas assez grand», avait dit Bertrand Piccard. Et pourtant, le 26 juillet dernier, c’est bien son rêve fou et insensé qui s’est concrétisé sur le tarmac d’Abu Dabi.

L’entrepreneur et aventurier suisse venait de boucler le tour du monde en avion alimenté uniquement par l’énergie solaire, sans utiliser une seule goutte d’essence. Un exploit des plus symboliques, à l’heure où il est devenu crucial de trouver des solutions durables et innovantes pour sortir de la dépendance énergétique tout en préservant l’environnement.

«C’est un thème important et surtout un défi global, tient à souligner Madame l’ambassadeur de Suisse, Beatrice Maser Mallor. Tout le monde est concerné par le changement climatique, et personne ne peut y échapper. Même le Vietnam, qui subit en ce moment de graves sécheresses et une salinisation importante. Nous devons tous contribuer à trouver des solutions, et mettre la technologie au service de la protection de la planète».

Une rencontre pour échanger le futur du développement durable, le 20 septembre à Hanoï.

Un appel au changement qui s’est concrétisé par une soirée le 20 septembre au sein même de la résidence Suisse à Hanoï. L’idée de départ était de rassembler différents acteurs vietnamiens et suisses, du secteur privé et public, et qui soient liés ou intéressés aux questions de l’innovation au service du développement durable. En guise d’exemple et de fil rouge pour les discussions, l’ambassade avait donc choisi l’aventure quasi «made in Switzerland» de Solar Impulse et projeté quelques minutes du documentaire qui lui est dédié, «Solar Impulse-The Perpetual Flight ».

Un avion entré dans la légende

Développé depuis plus de quinze ans, le projet de Solar Impulse est un concentré de superlatifs. Parti le 9 mars 2015 d’Abu Dabi, l’avion a parcouru plus de 43.000 km en 17 étapes réparties entre les cinq continents. Le temps de vol effectif a été de 550 heures, soit 23 jours. Mais selon Bertrand Piccard et ses équipes, il est tout à fait possible pour l’avion de rester en état de vol perpétuel, grâce au soleil.

Large de 72 m, soit l’équivalent d’un Boeing 747, Solar Impulse ne pèse pourtant pas plus qu’une voiture, et la puissance de son moteur n’excède pas celui d’un scooter (18 CV). L’avion peut atteindre une vitesse maximale de 90 km/h au niveau de la mer, et de 140 km/h à 8.500 m d’altitude. Alimenté uniquement à l’énergie solaire, il a fallu installer près de 17.000 cellules photovoltaïques ultra fines, qui ont produit au total 11.000 kWh.

Des statistiques qui ont permis à Solar Impulse d’enregistrer 19 records du monde, le plus notable étant celui de la plus longue distance parcourue sans escale : l’avion a relié le Japon et l’île d'Hawaï, soit 8.924 km, en 5 jours et 5 nuits.

Bertrand Piccard (gauche) et André Borschberg, les deux pilotes suisses du Solar Impulse.

Mais derrière cet exploit technique et scientifique se cache également toute une équipe. Au final, ce sont plus d’une centaine de personnes, ingénieurs, mathématiciens, météorologies, médecins ou encore contrôleurs aériens qui se sont relayés jours et nuits pour faire voler l’engin. Et c’est sans oublier le deuxième pilote, André Borschberg, un autre entrepreneur suisse et tout aussi chevronné, qui a accompagné Bertrand Piccard pour réaliser ce tour du monde historique.

Développement durable, nouvelle cible des entreprises

Selon Madame l’ambassadeur, le secteur privé en Suisse génère à lui seul les 2/3 des créations technologiques. Pour symboliser cette vague d’innovation verte «made in Switzerland», deux entreprises helvétiques qui avaient pris part à Solar Impulse ont été invitée pour les discussions.

ABB, spécialisée dans l’automation et les technologies liées à l’énergie, a contribué au niveau du système électrique, de la batterie et des panneaux solaires. Pour le directeur régional d’ABB Vietnam, Axel Kalt, «c’était un rêve de pouvoir être partenaire de l’aventure, et de suivre des leaders passionnés qui ont osé repousser les limites de la technologie et de l’innovation pour un monde meilleur. On a besoin de parler de ce projet». Une vision qui, selon le directeur, influence directement la ligne stratégique du groupe, qui cherche à «déconnecter la croissance économique de la consommation énergétique».

Schindler, qui traditionnellement développe des ascenseurs, s’est focalisé sur la conception et l’optimisation des ailes, mais également de la batterie. Le groupe avait déjà acquis une certaine expérience dans le domaine en élaborant un ascenseur solaire, un savoir qui a pu être intégré au projet. Solar Impulse a aussi été un moyen pour repousser les limites techniques des entreprises partenaires, et de les motiver à trouver de nouvelles solutions en dehors de leurs zones de conforts.

Il a fallu cinq jours non stop pour relier le Japon à l’île d’Hawaï, un record.
Photo : solarimpulse.com

Des découvertes qu’elles pourront par la suite intégrer dans leurs propres lignes de production. «Nous avons pu développer des designs extrêmement légers à partir de fibre de carbone, sans compter les nouvelles technologies déployées pour les batteries, explique King Cheng, le responsable de la branche de Hanoï de Schindler. L’expérience nous a ouvert une nouvelle voie pour développer des ascenseurs ; nous misons dorénavant sur la mobilité douce».

Appel aux pouvoirs publics

Au delà de l’engouement à chacun de ses passages et des engagements de ses partenaires dans le développement durable, on peut se demander quel sera le véritable héritage de Solar Impulse, et surtout hors des frontières suisses. Et de savoir comment le Vietnam pourrait lui aussi prendre part à la marche vers l’économie verte.

Acteur central dans le développement et très présente ce soir-là, la communauté universitaire de Hanoï s’est montrée particulièrement sensible sur la question du transfert des connaissances entre les deux pays. Le bureau de coopération suisse a tissé des liens avec l’Université des sciences et des technologies de Hanoï, l’Université des ressources hydriques et l’Université d’énergie électrique pour mettre en place le Programme de développement de l’énergie renouvelable (Renewable Energy Development Program, REDP).

Soutenu par la Banque mondiale, il a pour but de créer et d’intégrer des modules théoriques et pratiques sur l’énergie renouvelable au sein de leurs cursus, et ce pour un budget de 750.000 dollars. Le programme participe également au financement de nouveaux équipements nécessaires pour ces formations.

L’ambassade a tenu à rappeler que l’École polytechnique de Zürich a crée un hub à Singapour, et qu’il est possible pour les Universités d’y lancer de nouvelles collaboration, et que la Suisse propose également des bourses pour les doctorants qui souhaitent y réaliser leur thèse. Du côté du secteur privé, Schindler a présenté à l’assistance son «graduate program» pour permettre aux jeunes diplômés de se professionnaliser au contact des technologies de pointe de l’entreprise.

Les invités ont également tenu à rappeler le rôle primordial des pouvoirs publics dans l’adoption de l’énergie verte, notamment celle solaire. Saturées, les usines du Nord du Vietnam peinent à produire suffisamment d’électricité pour couvrir les besoins des régions du Sud.

Et c’est sans compter sur l’augmentation toujours plus accrue de la consommation, au fil des ans. Pour le directeur d’ABB, le vent ainsi que le soleil offrent beaucoup de potentiels, et qu’il est possible de faire plus dans ces domaines. De son côté, le responsable de Schindler appelle notamment à être plus proactif auprès des gouvernements pour les sensibiliser à la question et les motiver à passer à l’action.

Marie Rumignani/CVN

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