Quest Festival, un bouillon de culture contemporaine vietnamienne

Prévu du 4 au 6 novembre prochain à Ba Vi, en banlieue de Hanoi, le Quest Festival est un festival d’art moderne et unique en son genre. La programmation entremêle musiciens, danseurs et performeurs vietnamiens et occidentaux, venus de tous les horizons et styles. Un maelström artistique qui fait souffler un vent frais sur la scène asiatique, mais également internationale.

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«À seulement quelques semaines du début du festival, on est plutôt très heureux. Les billets se vendent bien plus vite que les précédentes éditions. On ne peut qu’encourager les personnes qui n’ont pas encore acheté leur place à le faire très vite. L’édition de 2016 va être la plus énorme mise sur pied !». Pour le coordinateur du Quest Festival, Malcom Duckett, c’est déjà un succès avant l’heure. Mais c’est surtout le succès d’une aventure artistique, humaine et interculturelle.

Le site à Ba Vi, à couper le souffle, offre une excellente source d’inspiration
Photo : Linka Odom

Pendant trois jours, le Quest Festival prendra ses quartiers sur le splendide site de Son Thinh Camp à Ba Vi, à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de Hanoï. Un écrin naturel idéal pour les musiciens, vidéastes, photographes, danseurs et festivaliers qui s’adonneront à leur passion commune pour l’art, sous toutes ses formes. Mais derrière un concept qui pourrait sembler un simple copier/coller de festivals étrangers, comme il en existe tant, le Quest Festival a su apposer sa griffe, une âme qui colle parfaitement avec l’air du temps.

Que l’on soit un DJ confirmé, un plasticien du dimanche ou un amateur de documentaires obscurs, d’ici, là-bas ou d’ailleurs, tout le monde a sa place au festival. L’art transcende le temps d’un week-end les frontières, les générations, et les différences.

Un programme sans frontière

Il y a quelques années encore, le Quest Festival n’était qu’un petit rendez-vous entre amis, partageant du bon son, et qui souhaitaient s’échapper le temps de quelques jours d’une Hanoï torpide. Quatre ans plus tard, ce sont près de 150 artistes qui se produiront sur les quatre scènes, et il y en aura pour tous les goûts.

Les trois jours vont offrir une vitrine inédite aux musiciens contemporains vietnamiens venus de tout le pays, comme la chanteuse de R&B Kimmese, le groupe de rock progressif Empty Spaces, Saigon Soul Revival qui ressuscitera les sons rock vietnamiens des années 70, ou encore la Hanoïenne Mademoiselle qui fera vibrer le public, tout en douceur. Même le métal sera de la partie avec le groupe Windrunner venu tout droit de la capitale, et le Ska avec Hanoi Ska Y.

Le festival met en avant les jeunes talents vietnamiens
Photo : Viet Le Hoang

D’autres artistes internationaux se joignent à la longue liste, venus de France, du Japon, d’Angleterre, des États-Unis ou encore du Chili pour étoffer le programme avec du jazz, du hip-hop, de la folk, et bien évidemment de l’électro distillé sous mille façons.

Le cinéma ne sera pas en reste, avec la projection de nombreux films et documentaires. De plus, un festival de courts-métrages Quest x DocLab (avec le soutien du DocLab et de l'Institut Goethe de Hanoï) est organisé en marge, avec un concours à la clé : les dix meilleures œuvres seront projetées dans deux festivals au Vietnam, le lauréat remportera la somme de 10 millions de dôngs, et le deuxième de 5 millions. De plus, le prestigieux festival anglais itinérant Future Shorts posera également ses valises durant le week-end, avec également des courts-métrages et des micro-concerts.

Des performances et des ateliers éphémères sont également au programme, et il faudra sans doute s’attendre à une multitude de rencontres artistiques improvisées. Les festivaliers pourront également mettre la main à la pâte et se découvrir, peut-être, des talents cachés lors des workshops organisés le long du week-end : yoga, arts martiaux vietnamiens, apprendre à lire le tarot ou encore la confection d’accessoires à partir de déchets recyclés.

Les organisateurs préviennent déjà que la cérémonie d’ouverture sera des plus épiques, un spectacle mêlant sans fausse note la culture asiatique et occidentale, où des acrobates aériens rivaliseront de créativité avec des cracheurs de feu et autres danseurs contemporains.

La nuit, le festival entre dans une nouvelle dimension.
Photo : Viet Le Hoang

Tout est aussi mis en œuvre pour que les festivaliers passent un week-end mémorable. Ils ont la possibilité de dormir sur place sous des tentes (possibilité de les louer sur place), et des petits coins restaurants avec des spécialités locales et internationales seront mis sur pied. Le Quest Festival organise également des navettes entre Hanoï et Ba Vi pour encourager au mieux la mobilité douce.

Un pari qui semble encore fou et surréel, mais qui est en passe d’être remporté. Quest continue d’attirer l’attention de la presse étrangère, dont Buzzfeed ou encore Mixmag, qui le classe dans le top des festivals d’Asie du Sud-Est. Qui sait où cet événement emmènera les festivaliers et les artistes ? C’est sans doute cela, le pouvoir et la magie secrète de l’art : se laisser simplement guider par les découvertes et les rencontres, même les plus improbables.

Informations : du 4 au 6 novembre, à Ba Vi. Pour en savoir plus sur la programmation et la billetterie : https://questfestival.net/.


Un festival qui reste si unique

Luke Poulson, 28 ans, professeur d’anglais et accessoirement directeur artistique du Quest Festival, nous a accordé une interview et revient sur les coulisses de l’événement.
Comment êtes-vous arrivé au Quest Festival ?
Je venais tout juste de rentrer en Angleterre après une grande aventure en Inde. J’ai été invité par un premier groupe pour venir jouer un peu de musique. Je travaillais précédemment sur plusieurs festivals en Angleterre, et j’étais émerveillé de ce que j’avais pu voir au Quest Festival. Le temps, les gens et la musique allaient parfaitement ensemble, et tout le monde ne cessait de sourire du lever jusqu’au coucher du soleil. C’est là que j’ai su qu’il se passait quelque chose, et j’ai eu envie de m’y impliquer.
Comment en moins de quatre ans êtes-vous parvenus à monter l’un des plus gros festivals d’Asie du Sud-Est ?
Le plus difficile reste sans doute la programmation. Il faut à chaque fois amener quelque chose de nouveau à Hanoï, tout en préservant les racines et «l’éthos» du festival et sans oublier surtout de mettre en avant la scène vietnamienne. Il y a tant de choses qui se passent, et qui changent. Je pense que c’est la clé de la réussite de notre festival. On garde notre esprit tout en intégrant des créatifs et des professionnels de toute l’Asie du Sud-Est. Cela fait croître la communauté et encourage les gens des pays voisins à venir.
Quelles ont été les réactions des locaux ? Et comment s’est passée la collaboration avec les autorités pour monter un tel projet ?
Les autorités nous ont vraiment bien soutenu, et nous avons pu nouer un partenariat avec les cadres qui gèrent le site. Ils étaient au début un peu surpris et étonnés, mais maintenant que nous avons pu organiser plusieurs éditions, ils comprennent parfaitement notre démarche. Et surtout, ils peuvent voir l’impact positif sur toute la communauté.
Pouvez-vous revenir sur le choix des artistes qui vont se produire ?
Nous sommes toujours à la recherche de quelque chose de différent. Nous ne sommes pas très intéressés par des grands noms, la qualité et le sens de la musique nous importent.
On écoute des sélections réalisées par des DJ’s, ou on va voir des concerts en live qui retournent les foules, il faut que cela reste unique tout en étant possible d’être joué dans un grand festival. Nous avons également une page où les artistes peuvent nous envoyer leurs démos, et nous mettons un point d’honneur de les écouter un à un.
Parfois l’enregistrement est de mauvaise qualité mais si on est conquis par le style, on essaie de les faire venir. Le fait de choisir une palette aussi large de styles musicaux nous aide à ne pas s’enliser dans un seul genre et état d’esprit. Si quelque chose n’est pas à votre goût, vous pouvez toujours aller à la scène voisine pour écouter quelque chose de complètement différent.
Et s’il fallait définir la scène vietnamienne contemporaine ?
Elle se développe à une vitesse fulgurante. Elle est constamment surprenante, et pleine de talents. Elle est très ouverte et généreuse, il est possible de facilement rentrer dans le milieu et d’organiser des activités artistiques. Cette sensation unique d’inclusion amène les gens à s’investir et l’aide à se développer à la fois en tant que scène mais aussi de communauté.
Comment voyez-vous le Quest Festival dans cinq ans ?
J’aimerais beaucoup nous voir à Dà Nang (Centre), et peut-être exporter certaines de nos mises en scène vers l’étranger pour travailler avec d’autres festivals du même calibre. Nous sommes évidemment enclins à continuer de travailler avec le site de Ba Vi, et au lieu de le faire grandir, grandir et grandir, nous souhaitons plutôt garder l’événement à une taille humaine, et de rester si unique.


Marie Rumignani/CVN

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