Syrie
Prudence sur le terrain après l'annonce de l'attaque imminente sur Raqa

La France a annoncé vendredi 24 mars le début imminent de la bataille de Raqa mais la principale force sur le terrain, l'alliance kurdo-arabe, est encore loin de la capitale de facto des jihadistes du groupe État islamique (EI) en Syrie.

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Des combattants des forces syriennes avancent, le 3 février vers Raqa.
Photo : AFP/VNA/CVN

Soutenues par la coalition internationale menée par les États-Unis, les Forces démocratiques syriennes (FDS), fer de lance de la bataille antijihadistes dans le Nord du pays en guerre, doivent encore surmonter plusieurs obstacles, notamment le barrage et l'aéroport de Tabqa, une ville située à 50 km au sud-ouest de Raqa, selon une source au sein des FDS.

"Aujourd'hui, on peut dire que Raqa est encerclée et que la bataille de Raqa commencera dans les jours qui viennent", a affirmé le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Mais le porte-parole des FDS s'est montré prudent. "L'opération pour assiéger Raqa prendra plusieurs semaines et cela conduira ensuite à lancer officiellement l'opération" pour libérer la ville, a déclaré Talal Sello.

En fait, sur le terrain, selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), la position des FDS la plus proche de Raqa se trouve à huit km au nord-est de la ville sinon ces forces sont positionnées entre 18 et 30 km de Raqa.

Toutes les routes de ravitaillement sont coupées pour l'EI sauf celles du sud et la bataille la plus intense se déroule actuellement à al-Karamé à 18 km à l'est de la "capitale" du califat auto-proclamé. Des combats se déroulent aussi à quelques km de Tabqa, un secteur stratégique pour l'EI.

Vendredi 24 mars, les FDS sont arrivées aux entrées du barrage de Tabqa et les combats ont fait des morts et des blessés parmi les jihadistes, selon la porte-parole pour l'opération sur Raqa, Jihan Cheikh Ahmad.

Des semaines, des mois

Mercredi 22 mars, le Pentagone avait annoncé que les États-Unis avaient utilisé des hélicoptères d'attaque et de transports de troupe et de l'artillerie pour soutenir une offensive des FDS sur le barrage de Tabqa qui ferme le lac Assad.

"Prendre Tabqa donnera aux FDS un avantage stratégique et une base de lancement nécessaire pour la libération" de la ville, selon le colonel Joseph E. Scrocca, un porte-parole militaire américain.

Carte du Nord de la Syrie et des territoires du groupe État islamique autour de Raqa.

Il a toutefois souligné cette semaine qu'il faudrait probablement "plusieurs semaines avant que le barrage, le terrain d'aviation et la ville ne soient libérés".

Selon une source au sein des FDS, il faut éviter à tout prix que l'EI, acculé, fasse sauter le barrage de Tabqa ce qui entrainerait une "catastrophe humanitaire", car cela inonderait toute la région.

Pour la porte-parole de la bataille de Raqa, Jihan Cheikh Ahmad, "l'opération se déroule comme prévu sur deux fronts, l'est et l'ouest, mais la libération de Raqa devrait prendre plusieurs mois".

Ni miracle, ni rupture

La ville de Raqa a été la première capitale provinciale à tomber en mars 2013 aux mains des rebelles avant que l'EI ne les chasse en janvier 2014.

Selon une source diplomatique européenne, "les Américains sont toujours dans le review process. Trump n'a pas pris de décision (sur qui va reprendre Raqa), mais on voit bien que sur le terrain c'est l'option FDS qui se développe".

La coalition estime que de 3.000 à 4.000 jihadistes sont retranchés dans cette ville de 300.000 habitants, et s'attend à des combats très difficiles pour la reprendre.

C'est le 5 novembre 2016 que les FDS ont lancé une grande offensive, baptisée "Colère de l'Euphrate", pour reprendre Raqa à l'EI.

Par ailleurs, à Damas, l'armée syrienne a regagné le terrain perdu lors d'une offensive surprise de groupes rebelles lancée la semaine dernière, a affirmé l'agence de presse officielle syrienne SANA.

Sur le front diplomatique, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura s'est entretenu vendredi 24 mars vec les délégations du gouvernement et de l'opposition à Genève dans le cadre du cinquième round de pourparlers intersyriens.

Le régime a indiqué vouloir que la lutte contre "le terrorisme" soit le sujet prioritaire des discussions.

L'opposition lui reproche de mettre en avant la lutte contre le terrorisme afin d'éviter d'aborder le sujet de la transition politique, c'est-à-dire le départ du président Bachar al-Assad, qu'elle réclame.

"Tous les volets devront être abordés", a insisté M. de Mistura. Il s'est toutefois montré prudent.

"Nous ne nous attendons pas à des miracles, ni à des percées, ni à des ruptures", a-t-il déclaré alors que cette guerre très complexe a déjà fait plus de 320.000 morts depuis six ans.

AFP/VNA/CVN

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