Présidentielle en Équateur : la fin de l'ère Correa

L'Équateur tourne une page de son histoire le 19 février en élisant le successeur du président Rafael Correa, et a le choix entre continuer son expérience d'un "Socialisme du XXIe siècle" ou prendre un virage conservateur, comme d'autres pays d'Amérique latine.

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Des militaires apportent du matériel électoral aux différentes bureaux de vote de Quito, la veille de l'élection présidentielle, le 18 février 2017 en Équateur.
Photo : AFP/VNA/CVN

À l'issue de trois mandats en dix ans, Rafael Correa ne se représente pas. Ce leader au fort tempérament qui électrise les foules va laisser un pays stabilisé, modernisé, aux inégalités sociales réduites.

Mais la crise économique mécontente les classes moyennes, lasses aussi de la confrontation du président sortant avec de multiples secteurs, dont les milieux d'affaires et les médias. De récentes révélations de cas de corruption ont encore assombri le panorama.

Le scrutin s'annonce donc serré dans ce petit pays pétrolier, dont l'économie dollarisée est cependant affectée par la chute du brut et la hausse du billet vert.

Quelque 12,8 millions d'électeurs doivent désigner le prochain chef de l'État parmi huit candidats, outre le vice-président, 137 députés et cinq représentants au Parlement andin, en présence de quelque 200 observateurs internationaux.

Les bureaux de vote ouvrent de 07h00 (12h00 GMT) à 17h00 (22h00 GMT). Des estimations de sortie des urnes sont attendues tôt, avant les décomptes officiels prévus à partir de 20h00 (01h00 GMT le 20 février).

"Deux visions de la société"

Selon Rafael Correa, économiste qui a utilisé la manne pétrolière pour redistribuer les richesses et améliorer les infrastructures, "ce qui est en jeu, ce sont deux visions de la société, deux visions du développement, deux visions de l'État".

Les Équatoriens ont le choix entre poursuivre la "Révolution citoyenne" de l'héritier du leadership latino-américain du Vénézuélien Hugo Chavez, ou basculer à droite à l'image de l'Argentine, du Brésil et du Pérou.

L'issue incertaine du premier tour devrait se jouer entre l'ex vice-président Lenin Moreno pd'Alliance Pays (AP, au pouvoir), premier dans les sondages mais avec seulement 32,3%, face à Guillermo Lasso (21,5%) du mouvement conservateur Créant des opportunités (Creo - "Je crois").

"Le peuple équatorien (...) est décidé à continuer avec un processus qui ne sera pas stoppé", a assuré à l'AFP M. Moreno, 64 ans en mars, qui n'a cependant repris les credos du corréisme qu'en fin d'une campagne sans relief.

Maria Astudillo, 50 ans, vendeuse de rue, espère que "Lenin nous donne des logements" et qu'"il ne nous trahisse pas". De son côté, M. Lasso, 61 ans, a assuré à l'AFP avoir "la certitude qu'il va y avoir un second tour". "Nous allons gagner", a-t-il lancé lors de son dernier meeting le16 février.

Franco Sandoval, 23 ans, étudiant, parie sur cet ex-banquier et un "changement économique" car les actuels gouvernants "sont restés longtemps au pouvoir".

Le candidat de droite appelle à "voter pour le changement afin de lutter contre la corruption", affirmant que le gouvernement "ne veut pas que nous sachions qui sont les bénéficiaires des pots-de-vin d'Odebrecht". À propos de ce scandale, la justice américaine a révélé que le groupe de construction brésilien a versé 33,5 millions de dollars, entre 2007 et 2016, à des fonctionnaires équatoriens.

Second tour en avril ?

Le président équatorien Rafael Correa, le 29 janvier 2017 à Valence, en Espagne. Photo : AFP/VNA/CVN

Le gouvernement a averti qu'il n'admettrait pas d'accusations "sans preuve" et M. Correa a dénoncé des "distorsions" dues à la période électorale. Un ex-ministre, Carlos Pareja, est toutefois impliqué dans une autre affaire visant l'entreprise publique Petroecuador, et le nom du vice-président Jorge Glas, candidat à la réélection, a été mentionné.

S'il est élu, M. Lasso entend par ailleurs retirer "dans un délai de 30 jours" l'asile à Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks réfugié à l'ambassade équatorienne de Londres depuis 2012.

Pour l'emporter dimanche, le futur président doit recueillir au moins 40% des voix, avec dix points d'avance sur le candidat suivant. Mais le nombre d'indécis est exceptionnellement élevé, de 30 à 35%. "Il n'y a jamais eu autant d'incertitude", a déclaré à l'AFP le politologue Franklin Ramirez, de la Faculté latino-américaine de sciences sociales (Flacso).

"Les candidats ne sont pas attractifs, surtout si on les compare au fort leadership de Rafael Correa", réélu en 2013 avec 57% des voix dès le premier tour, a ajouté l'analyste Simon Pachano, invoquant "la faiblesse" de M. Moreno "et la division des candidats anticorréistes".

Pour la première fois depuis dix ans, la présidentielle pourrait donc se jouer lors d'un second tour, le 2 avril.

AFP/VNA/CVN

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