Pour les déplacés de Mossoul, le retour n'est qu'un rêve lointain

"Ma maison a été réduite en poussière", se lamente Yassine Najem, un habitant de Mossoul installé dans un camp de déplacés près de la deuxième ville d'Irak. Pour lui comme pour des milliers d'autres personnes, le retour n'est qu'un rêve lointain.

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Des membres des forces armées irakiennes célèbrent la "libération" de Mossoul, le 10 juillet.

Si les autorités irakiennes ont annoncé lundi 10 juillet la victoire de leurs forces à Mossoul contre les jihadistes du groupe État islamique (EI), les destructions sans précédent et une situation sécuritaire encore instable risquent de retarder le retour dans cette ville de centaines de milliers de déplacés ayant fui les combats. Et ce, pendant des mois.

"La moitié de mon quartier (à Mossoul-Ouest) a été détruit. Si je rentre, ce sera pour vivre dans la rue", lâche M. Najem, quinquagénaire installé depuis neuf mois avec ses trois enfants dans un camp de déplacés à l'est de Mossoul.

À moitié endormi sous sa modeste tente en toile, cet ancien réparateur de générateurs, veuf, essaye tant bien que mal de résister à la chaleur accablante. Autour de lui, les allées du camp Hassancham sont quasi-désertes.

Maisons "rasées"

Seuls les enfants, visage tanné par un soleil de plomb et pyjamas couverts de poussière, osent s'aventurer à l'extérieur pour jouer, pendant que leurs parents somnolent à l'abri de bâches en plastique.

De temps en temps, un homme avance péniblement sur les allées de gravier, le crâne protégé par une serviette mouillée.

Depuis le début en octobre de l'offensive des forces de irakiennes à Mossoul, plus d'un million de civils ont fui les violences et plus de 825.000 personnes n'ont toujours pas regagné leur foyer, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Avec la fin des combats et le retour à un semblant de calme dans les quartiers Ouest, pourtant ravagés par les frappes aériennes et lesbombardements, certains tentent d'y retourner.

Mais "il est probable que plusieurs milliers de personnes vont devoir rester déplacées pendant des mois", mettait récemment en garde le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Les déplacés "ne veulent plus rester dans les camps, mais chez eux, plus rien ne les attend", déplore Melany Markham, porte-parole en Irak du Conseil norvégien pour les réfugiés (CNR).

"Il n'y a pas d'eau courante, pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'écoles, pas d'hôpitaux, et d'après ce qu'ils nous disent, leurs maisons ont été rasées", souligne-t-elle.

Assise en tailleur sous une bâche à l'entrée de sa tente, Safaa Saadallah cache mal son scepticisme quand elle entend son fils de 26 ans, un ancienjoueur de handball professionnel, parler de rentrer à Mossoul.

Une Irakienne et son enfant, le 10 juin 2017, dans le camp Hassancham, près de Mossoul, où vivent de nombreux Syriens ayant fui les combats dans la deuxième ville d'Irak.

Aller où ?

"Pour aller où ? On n'a pas de maison, on n'a plus d'affaires, on n'a pas de quoi payer un loyer, comment on va rentrer ?", se lamente Mme Saadallah, 69 ans, un foulard noir posé lâchement sur ses cheveux.

Cela fait huit mois qu'elle a fui la ville septentrionale avec ses deux fils, sa fille et ses deux petits-enfants. La maison où elle a vécu pendant 30 ans avait été réquisitionnée par l'EI, avant d'être détruite par une frappe aérienne.

"Toute la journée, on s'asperge d'eau et on reste assis. D'autres camps ont installé des climatiseurs dans les tentes, ici on n'a rien eu", ajoute-t-elle, affirmant que les aides alimentaires sont distribuées avec du retard.

"En ce qui concerne les déplacés, nous nous attendons à ce que les choses se fassent très lentement", reconnaît Arnaud Quemin, le directeur par intérim de l'ONG américaine Mercy Corps' pour l'Irak.

"Ce sera un très long processus. Nous avons affaire à des chiffres qui sont absolument sans comparaison avec plusieurs autres crises du même genre", souligne-t-il.

À l'entrée d'une tente, un nourrisson de dix jours dort d'un sommeil agité sur des coussins dans un cageot de légumes. Pour protéger le petit Hamad de la chaleur, ses parents l'ont recouvert d'une serviette rose mouillée.

AFP/VNA/CVN

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