L'insaisissable "El Chapo" plaide non coupable devant un juge américain

Après son extradition par le Mexique, le célèbre narcotrafiquant mexicain Joaquin "El Chapo" Guzman, accusé d'avoir dirigé l'un des plus vastes empires de drogue de notre temps, a plaidé vendredi 20 janvier non coupable pour sa première comparution devant un juge américain.

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Photo fournie par le ministère mexicain de l'Intérieur de Joaquin Guzman Loera alias "El Chapo" Guzman escorté par la police le 19 janvier 2017 à Ciudd Juarez au Mexique.
Photo : AFP/VNA/CVN

En tenue de prisonnier bleue et assisté d'une interprète, Guzman, 59 ans, petit comme le suggère le surnom El Chapo ("le courtaud"), s'est borné à répondre "Si, senor" ("Oui, monsieur") au juge fédéral James Orenstein qui l'informait de ses droits et des 17 chefs d'accusation retenus contre lui : le premier d'entre eux, qui l'accuse d'avoir dirigé le cartel de Sinaloa, peut lui valoir à lui seul la prison à perpétuité.

En 10 minutes, l'audience, devant une salle comble d'un tribunal fédéral de Brooklyn au dispositif de sécurité renforcé, était terminée et Guzman, célèbre pour ses évasions spectaculaires, repartait sous les verrous, sans possibilité de caution. Aucune date n'a été fixée pour un procès qui s'annonce "complexe", tant les activités du cartel Senaloa étaient vastes, selon le juge. Une première audience pour le préparer a été fixée au 3 février.

Selon le procureur fédéral Robert Capers, son cartel a acheminé et distribué, pendant près de 25 ans, plusieurs milliers de tonnes de drogue colombienne, héroïne, cocaïne, marijuana, méthamphétamines, à travers les États-Unis. Les États-Unis estiment par ailleurs à quelque 14 milliards de dollars les revenus que Guzman aurait ainsi dégagés, et espèrent "récupérer au moins une partie" de ce butin, selon Capers.

Le procureur s'est félicité que la coopération avec Mexico et entre agences et juridictions fédérales ait permis de placer sous les verrous américains "l'un des plus dangereux" narcotrafiquants qu'ait jamais connu l'Amérique, avec un empire qui s'étendait "depuis l'Amérique du Sud jusqu'au Canada".

Son arrivée à New York jeudi soir 19 janvier a mis fin à un extraordinaire jeu du chat et de la souris entre les autorités mexicaines et ce baron de la drogue, devenu par ses évasions spectaculaires une légende et un Robin des Bois moderne pour certains.

"Surprise, choc, peur"

"Quand il est sorti de l'avion, dans ses yeux on pouvait lire la surprise, le choc, et dans une certaine mesure, la peur" de se retrouver face à la justice américaine, a affirmé lors d'un point presse Angel Mendelez, l'un des agents américains en charge d'une traque aux multiples rebondissements.

Le procureur Capers a refusé de spéculer sur les raisons politiques qui ont pu pousser les autorités mexicaines à extrader Guzman à la veille de l'investiture de Donald Trump. Certains experts ont estimé que Mexico avait ainsi voulu éviter d'"offrir une victoire trop facile" à Donald Trump.

Les déclarations du milliardaire contre les Mexicains et contre les entreprises américaines ayant délocalisé leur production au Mexique augurent de relations potentiellement tendues avec Mexico.

Le narcotrafiquant mexicain Joaquin "El Chapo" Guzman escorté par la police à l'aéroport de Mexico après avoir été à nouveau capturé, le 8 janvier 2016.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le procureur n'a pas précisé non plus quelles mesures de sécurité extraordinaires pourraient être prises pour éviter une nouvelle cavale de Guzman, même s'il a assuré qu'il n'y aurait pas d'évasion aux États-Unis. "Je vous assure qu'aucun tunnel ne sera creusé menant à sa salle de bains", a déclaré l'agent Mendelez.

C'est par un tunnel creusé sous sa douche qu'El Chapo avait réussi à s'échapper de sa prison mexicaine en 2015, après une première évasion en 2001, un camouflet pour les autorités de son pays.

Après sa nouvelle arrestation en janvier 2016, peu après un entretien clandestin avec l'acteur Sean Penn et l'actrice américano-mexicaine Kate del Castillo, le gouvernement mexicain avait fini par accepter de l'extrader vers les États-Unis. Ces derniers se sont engagés en retour à ne pas demander la peine de mort.

Maintenant qu'elles reprennent les choses en main, les autorités américaines veulent lui "demander des comptes". Elles estiment que son cartel a fortement contribué à "inonder les rues américaines de drogues empoisonnées", faisant le malheur de "quartiers et de familles entières".

Sous-marins et meurtres commandités

Au départ "narcotrafiquant parmi d'autres", Guzman "s'est vite distingué des autres trafiquants mexicains par son efficacité" à transporter les drogues aux États-Unis, vers la Californie, l'Arizona et le Texas, "en fournissant l'argent récolté aux fournisseurs colombiens en un temps record", selon les documents déposés par le procureur.

Cette efficacité lui aurait permis d'étendre son empire à de nombreux pays d'Amérique centrale, d'utiliser des moyens de transport de plus en plus sophistiqués, y compris des sous-marins, et de se faire payer de plus en plus cher par les Colombiens. Il a ensuite maintenu sa domination sur les cartels rivaux en pratiquant le meurtre commandité et le racket, selon le procureur.

Toutes ces activités devraient être exposées au grand jour lors d'un procès où comparaîtront au moins 40 témoins, a promis Capers, sans préciser si Sean Penn serait appelé à la barre.


AFP/VNA/CVN

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