Les moines-sculpteurs de la pagode Phnô Rôkar

Six heures du matin. Les chants liturgiques prennent fin dans la pagode Phnô Rôkar, delta du Mékong, laissant la place aux bruits sourds des marteaux. Bienvenue chez les moines-sculpteurs.

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Le bonze supérieur Danh Huoi à côté d’une œuvre fabriquée par les moines de la pagode Phnô Rôkar.

Installée dans l’enceinte même de la pagode Phnô Rôkar, commune de Phu Tâm, district de Châu Thanh, province de Soc Trang, l’atelier de sculpture sur bois compte une vingtaine d’artisans, tous moines, originaires de la province ou de plus loin (Bac Liêu, Kiên Giang…).

Leur production va des animaux domestiques ou tirés du bestiaire légendaire aux statues de Bouddha et bas-reliefs d’inspiration religieuse. On y remarque aussi les 12 animaux du zodiaque vietnamien (rat, buffle, tigre, chat, dragon, serpent, cheval, chèvre, singe, coq, chien, cochon), ou encore les quatre animaux sacrés (dragon, licorne, tortue, phénix).

Une pagode atelier

L’initiative de la création de l’atelier, en mai 2010, revient au bonze supérieur Danh Huoi, gérant de la pagode Phnô Rôkar. L’idée lui est venue lors d’une visite de la pagode Kongpong Chrey, province de Trà Vinh, où il a rencontré Thach Buôi, chef d’un groupe de sculpteurs chargés de la restauration de cette pagode. À Soc Trang, le métier de sculpteur sur bois était alors à vau-l’eau. Danh Huoi a partagé son inquiétude avec Thach Buôi, qui a accepté son invitation de venir à Soc Trang pour enseigner le métier aux bonzes.

Le premier atelier a rassemblé les six moines de la pagode. En sept mois, ils ont reçu une formation complète, et ont pu à leur tour enseigner les rudiments de cet artisanat à des apprentis. De retour dans sa province natale, Thach Buôi a envoyé Kim Côn, un de ses disciples, à la pagode Phnô Rôkar pour prendre le relais dans cette noble mission de relancer l’artisanat local.

L’atelier de Phnô Rôkar est désormais un centre de formation, dont les effectifs n’ont cessé de grossir au fil des années. Parmi les moines, on remarque aussi des laïcs. «Il suffit de trois mois pour apprendre à sculpter des objets simples. Mais devenir un vrai professionnel demande un an, et la maîtrise trois ans», estime Kim Côn. Selon lui, l’artisan doit être passionné, créatif, adroit et patient.

Ne pas travestir l’œuvre de la nature

Le bonze gérant de la pagode, Danh Huoi, insiste sur les caractéristiques de son atelier : «La beauté des sculptures est liée au fait qu’elles ont été taillées pour la plupart dans des souches». Selon lui, l’artisan ne doit pas abuser des «trucs du métier» qui peuvent «déformer l’œuvre de la nature». «Au contraire, il doit se baser sur la forme et la couleur naturelles de la souche pour créer une oeuvre d’art originale», souligne-t-il. C’est peut-être grâce à cette originalité que les produits de la pagode sont aussi demandés.

L’atelier de la pagode Phnô Rôkar a donné un second souffle au métier local
de sculpteur sur bois.

L’atelier de la pagode Phnô Rôkar a donné un second souffle au métier local de sculpteur sur bois. De nombreuses autres pagodes locales lui ont emboîté le pas et ont à leur tour invité des maîtres artisans à donner des cours. Dans les pagodes de Sa Lon (commune de Dai Tâm, district de My Xuyên) et de Serey Kandal (commune de Vinh Châu, district du même nom), le bruit des ciseaux à bois résonne déjà depuis plusieurs mois.

Le bonze Danh Huoi ne cache pas sa fierté du surnom de «porte-drapeau de la renaissance de la sculpture sur bois à Soc Trang» que les habitants ont donné à la pagode Phnô Rôkar. Selon lui, l’amélioration de la vie matérielle et spirituelle des religieux est le but ultime de la relance de cet artisanat.

Nghia Dàn/CVN

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