Les centres urbains désarmés face aux changements climatiques

La plupart des grandes agglomérations vietnamiennes n’ont pas la capacité de faire face aux défis liés aux changements climatiques. Il est urgent d’intervenir, en investissant massivement dans des infrastructures adaptées, sous peine de conséquences dramatiques.

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Environ 12% des habitants de Hô Chi Minh-Ville sont régulièrement touchés par les inondations.

Selon l’Institut pour la transition sociale et environnementale (ISET), environ 300 agglomérations côtières ont subi les caprices du temps : inondations, intrusion saline, vives-eaux (grandes marées), et près de 150 zones urbaines dans les régions montagneuses ont été affectées par les glissements de terrain, les inondations et la sécheresse.

Les zones les plus vulnérables

Les enquêtes, menées par le Département de développement urbain (ministère de la Construction), montrent que les centres urbains implantés dans les régions montagneuses sont particulièrement vulnérables aux catastrophes naturelles. Dans la ville de Lào Cai, province éponyme (Nord), le constat est sans appel. Les installations de transport et les systèmes d’approvisionnement en eau courante ne sont pas équipés pour des situations d’urgence. Les études révèlent également que les systèmes d’alerte précoce des typhons et crues sont insuffisants dans nombre de centres urbains.

Dans le Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre), des zones urbaines comme le chef-lieu de Gia Nghia de la province de Dak Nông n’ont pas été en mesure de fournir aux habitants de l’eau du robinet pendant la sécheresse prolongée en 2016, nuisant gravement à la vie quotidienne et à la production. Ce ne sont pas moins de 7.000 familles, soit 25.000 habitants, qui en ont été victimes. Hô Chi Minh-Ville souffre quant à elle régulièrement d’inondations, 72% de sa superficie se trouvant en-dessous du niveau de la mer. Concrètement, 12% de ses habitants - dont 47% vivant sous le seuil de pauvreté - sont régulièrement touchés par les inondations.

De 2005 à 2011, la ville centrale de Dà Nang a été touchée par 14 typhons, lesquels ont détruit environ 15.000 habitations, près de 4.000 salles de classe et

26.623 ha de forêts. Dans la province de Quang Ninh (Nord), l’épisode de pluie historique qui s’est abattu en juillet 2015 a causé la mort de dizaines de personnes et les pertes matérielles estimées à 2.700 milliards de dôngs.

Un urbanisme à repenser

Construction d'un système d'évacuation des eaux dans la ville centrale de Dà Nang.

La nature n’est pas la seule responsable des dégâts que subissent les centres

urbains, les plans d’urbanisme préparés par les localités n’ayant en effet pas permis d’inclure des solutions aux impacts des changements climatiques. Le taux d’urbanisation augmente en moyenne d’un point par an depuis dix ans. De 21% en 1999, il s’est établi à 34% en 2014. Le pays compte ainsi aujourd’hui 787 centres urbains répartis sur une superficie de 34.000 km² et peuplés par 30,4 millions d’habitants.

Dans de nombreuses agglomé-rations, le développement des infrastructures n’a pas suivi le rythme de la croissance démographique. À titre d’exemple, la plupart des zones urbaines ne disposent pas de réseaux de drainage distincts pour les eaux de pluie et les eaux usées, et dans certains cas, les systèmes existants sont dans un tel état de dégradation qu’ils ne répondent qu’à 60% des

besoins.

«Les conséquences des changements climatiques sont imprévisibles et variables. Le problème est que les infrastructures en place dans les centres urbains ne sont pensées qu’en fonction de catastrophes naturelles spécifiques», fait savoir Nguyên Hông Tiên, responsable du Département des infrastructures techniques (ministère de la Construction).

Les météorologues estiment que les températures et les précipitations vont évoluer dans les années à venir, avec une hausse probable des épisodes météo extrêmes. D’où la nécessité absolue de prendre des mesures préventives pour limiter les pertes, qui s’annoncent catastrophiques si la situation reste en l’état.

Bach Tân Sinh, de l’Institut de la stratégie et des politiques technoscientifiques (ministère des Sciences et des Technologies), pointe notamment du doigt le manque de capacité et d’investissements des localités dans les activités de prévention et de lutte contre les impacts du dérèglement climatique. Sans omettre le manque de connaissances de la population à ce sujet. «Pour l’heure, rien n’oblige dans la loi vietnamienne d’associer la résilience aux changements climatiques aux plans de développement socio-économique, et notamment d’urbanisme», reproche l’expert.

Face à cette situation, le Pr.-Dr. Nguyên Hông Tiên estime qu’outre le développement et l’application des technologies avancées comme la télédétection satellitaire pour prévenir les catastrophes naturelles, il est indispensable d’investir dans les infrastructures adaptées aux conséquences des changements climatiques.

Les experts sont unanimes : les centres urbains doivent être prêts à s’adapter à des situations nouvelles et inattendues - la faute au caractère imprévisible des épisodes météorologiques hostiles, dont la fréquence va croissant au Vietnam en raison du dérèglement climatique - en assurant les services essentiels à la sécurité des habitants en toutes circonstances.


Huong Linh/CVN

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