Le sourire vietnamien

Avec un sourire chaleureux, la propriétaire, âgée de 90 ans, m’accueille à la porte de l’ancienne maison centenaire. Son petit-fils fait de même de façon respectueuse : «Bonjour madame !». Dès le départ, je sens l’hospitalité qui se dégage de cette famille.

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L’espace de la maison centenaire.

La demeure de madame Vu Thi Duoc est située dans le village de Thai Hoà, sur l’île de Quan Lan, dans le district frontalier de Vân Dôn, province de Quang Ninh (Nord). Avec sa population avoisinant les 7.000 habitants, cette île paisible forme un arc embrassant le bord oriental de la baie de Bai Tu Long. Ayant été le port principal du commerce de Vân Dôn, l’île était la plus animée et la plus prospère du Vietnam durant la dynastie des Ly, qui a débuté son règne il y a 867 ans. Avec la mer bleue et le sable blanc, les paysages magnifiques y sont encore intacts.

Style des anciennes maisons vietnamiennes

Située sur un grand terrain de 1.000 m², la maison de style vietnamien abrite cinq chambres et trois gâbles, pour une hauteur de 4,5 m, et 15,5 m de long. Son apparence me surprit. En effet, au centre d’une zone touristique où l’on constate un nouveau cycle concernant la convergence Est-Ouest, les nouvelles maisons, les maisons d'hôtes et les hôtels de styles modernes prolifèrent : Pourquoi cette maison n’est-elle pas affectée par le bruit et l’urbanisation ? La maison qui a un toit en tuiles, des fondations et des murs en grès épais, me semble fraîche et confortable.

Les traces du temps.

À travers ce siècle de défis dus au soleil ou aux vents maritimes, les murs de grès rugueux, faits avec un mélange de chaux et de mélasse, sont encore très résistants et moins sujets à l'écaillage. Dans la maison, les meubles sont disposés selon le style des anciennes maisons vietnamiennes. En passant la porte d’entrée, nous entrons directement dans le salon, un lit de pieds non séparés et l’autel des ancêtres qui s’appelle sập. Sập est l’espace des rituels d’adoration et de puissant, où l’on prend des décisions importantes dans la famille vietnamienne depuis toujours.

Les piliers, les meubles, les éléments qui composent la structure du toit de la maison sont fabriqués à partir des bois rù rì (Calophyllum balansae) et mần lái - des bois durs et spécifiques des îles calcaires de Quang Ninh. Protégé de la poussière, le bois y est donc toujours brillant.

Dans la vieille maison, les choses semblent toujours dans le style ancien : du pot de tabac rustique en poterie, qui depuis deux décennies a presque disparu de la salle de séjour vietnamienne, à un balai de bambou n’étant pas raccroché mais mis à l’envers sur le mur. Dans la mentalité orientale, un balai positionné à l’envers sur un mur face à la porte peut empêcher les intrus d’entrer dans la maison. En dehors du bâtiment, il y a aussi le hamac dans la véranda, le petit bambou qui se balance sur la corde à linge, un puits, des palmiers à bétel dans la cour... Tout cela suscite des souvenirs chez beaucoup de Vietnamiens. Dans la maison, le couple de 90 ans vit et travaille sans cesse. Et leur sourire ne montre aucune trace de fatigue et de leur grand âge.

Au moment de franchir la porte, je sens une odeur très familière et incroyable. C’est le nuoc mam. Étant un produit vedette du Vietnam, le nuoc mam ici semble vraiment différent. Dans la cour, on distingue soixante jarres de sauce qui sont le travail du couple âgé, et ce depuis soixante ans. Ils sont méticuleux dans chaque étape de fabrication manuelle de ce produit unique. Il suffit d’une seule petite opération non hygiénique - comme par exemple l’écope qui n’est pas entièrement propre - pour gâter l’odeur et rendre la sauce inutilisable. Est-ce à travers cette odeur et ce goût, typique du Vietnam, que l’on comprend leur amour pour le travail ?

L’ordre de la famille vietnamienne

Au cours de ces cent ans, en dépit des changements majeurs, cette maison est toujours imposante et calme - comme ses deux propriétaires. Beaucoup de touristes vietnamiens, asiatiques et européens sont venus visiter et admirer la beauté de l’ancienne maison. Il y a des gens riches qui leur ont proposé un grand prix pour la revente, de 16 milliards de dôngs. Mais pour ce couple modeste, les milliards n’ont aucun sens. Cette vie paisible et la santé sont leur trésor.

Les propriétaires de la maison, un couple nonagénaire, dans le salon.

La maison est l’endroit où se réunissent leurs sept enfants, leurs conjoints, leurs dix-sept petits-enfants et arrières petits-enfants à chaque occasion. Madame Duoc m’accueille avec un sourire charmant, et avec une politesse familière et authentique. Toutes les paroles de cette dame, de la 8e génération d’origine fameuse, sont douces et attentionnées. Elle me dit que son père était un enseignant confucéen pour l’alphabétisation des enfants dans la région. Cela m’explique pourquoi cette famille, comprenant les personnes âgées comme des enfants ont poliment et chaleureusement accueilli des inconnus.

Occupée à regarder le style typiquement vietnamien et constatant la vitalité se dégageant de la maison, Mme Duoc m’a invité à prendre une boisson. C’est de l’eau de miel. «Mes descendants m’ont offert ce miel», me dit-elle. C’est avec le cœur conquis que je repars chez moi, un souvenir du beau sourire et de l’ancienne maison à l’esprit.


Texte et photos : Nguyên Linh/CVN

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