Le satin My A, matière fétiche du styliste Vo Viêt Chung

Nombreuses sont les collections du styliste Vo Viêt Chung confectionnées avec le satin My A, une soie naturelle traditionnelle qu’il a eu le mérite de faire revivre. Une réussite qui a reçu un large écho international.

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Le styliste Vo Viêt Chung.
Photo : Archives/CVN

Vo Viêt Chung a été reconnu à la mi-août 2016 «meilleur styliste international», et «meilleur styliste de l’année» en Californie. Deux titres honorifiques décernés par «Fashion Forward», lors de l’événement international «Haute with Heart Fashion Show». L’événement a été relayé par de grands médias internationaux tels Fashion TV, CNN, magazines Vogue, Harper’s Bazaar, Elle

Premier Vietnamien et unique Asiatique invité à cet événement, le styliste Vo Viêt Chung y a présenté sa nouvelle collection, intitulée La Mode royale (Vuong triêu). Une collection de 20 modèles d’ao dài (tunique fendue traditionnelle des Vietnamiennes) confectionnés avec des matières vietnamiennes telles soie naturelle, brocart, velours, dentelles, satin My A… «J’ai mis tout mon âme dans cette collection», confie Vo Viêt Chung, qui est devenu par la même occasion le premier styliste vietnamien et même asiatique à recevoir en même temps deux prix internationaux. Une reconnaissance, voire une consécration artistique.

Originalité dans le choix des matières premières

À la différence de nombre de stylistes qui se concentrent sur la création, Vo Viêt Chung réserve la plupart de son temps au choix des matières. Chez lui, le textile guide et nourrit la création, et non l’inverse. «La matière première est la quintessence de toute création», remarque-t-il. En 2000, il a présenté sa collection en hool (textile de l’ethnie Khmère, dans le Sud). Sont apparues ensuite d’autres collections originales, dont celle en mac nua, un tissu imperméable d’usage courant dans la région Sud-Ouest du pays, celle en satin My A, ou encore celle en soie traditionnelle japonaise (habituellement réservée au kimono).

Autre événement remarquable : en octobre 2010, en l’honneur de ses vingt ans de métier, le styliste a dévoilé au public un ao dài phénoménal. Baptisée Hôi trùng duong (littéralement : La fête d’océan), elle a été confectionnée avec 1.000 m de soie naturelle et de satin My A, le tout agrémenté de verroterie. «Ce modèle, je l’ai mûri pendant quatre ans, confie le styliste. Les matières, je les ai recherchées dans toutes les régions du pays spécialisées en soie naturelle comme Hà Dông, Tân Châu, Phong Phu, Dà Nang, Lâm Dông…».

«Cet ao dài illustre la quintessence de la soie naturelle vietnamienne. Il se compose de neuf pans chacun long de 100 m, représentant les neuf bras du Mékong (avant qu’il ne se jette en Mer Orientale - ndlr). Les pans sont agrémentés d’une multitude de motifs brodés», fait savoir Vo Viêt Chung.

En 2008, au concours de beauté Miss Univers Vietnam, le styliste avait eu l’honneur de créer 85 modèles d’ao dài pour les 85 candidates venues des quatre coins du monde.

Satin My A ou l’histoire d’une renaissance

Un modèle de la collection Huê khôi xu Nam Ky (Miss Cochinchine).

Le satin My A est une spécialité de la région de Tân Châu, province d’An Giang, dans le delta du Mékong. Jadis, cette terre fertile était réputée pour la sériciculture, un métier d’appoint très lucratif que pratiquaient les paysans. Au début du XXe siècle, sous la domination coloniale française, la soie naturelle de Tân Châu a attiré l’attention d’agronomes français.

Un institut de sériciculture a vu le jour en juillet 1908, à Tân Châu même, avec comme but de sélectionner les meilleures variétés de vers à soie, de promouvoir auprès des paysans locaux les techniques séricicoles modernes, afin de produire une soie de valeur à exporter, notamment vers l’Hexagone. Tân Châu est progressivement devenu un grand centre de production de soie naturelle. Mais, dans les années 1970, face à l’afflux de soies synthétiques étrangères, le métier a périclité.

Parmi les types de soie naturelle de Tân Châu se distinguait le fameux satin My A, caractérisé par une imperméabilité et une non-élasticité. «Avoir un ao dài en satin My A était autrefois le rêve de toute femme, m’a confié un jour ma mère. Car il apportait de la fraîcheur l’été et de la chaleur l’hiver», révèle Vo Viêt Chung.

Soucieux de faire renaître de ses cendres la soie de Tân Châu, terre natale de sa mère, au début des années 2000, il a investi dans l’élevage de vers à soie et la construction de métiers à tisser artisanaux, et incité la population locale à le suivre dans son projet.

En 2003, grâce à un tisseur local talentueux, Nguyên Huu Tri, le satin My A a fait son retour sur le devant de la scène après des décennies d’éclipse. C’est avec du satin My A coloré que Vo Viêt Chung a créé, après un cours de perfectionnement en Italie, une collection époustouflante. Depuis, cette matière noble guide sa vie professionnelle. Nombre de ses collections en satin My A ont conquis le public lors de défilés de mode internationaux, en Malaisie, en Allemagne, aux États-Unis… En 2014, sa collection Miss Cochinchine a fait sensation.

En 2007, Vo Viêt Chung s’est vu attribuer par l’UNESCO le Prix de «celui qui a restauré et embelli le satin My A, et qui a préservé la culture traditionnelle du Vietnam à travers l’ao dài».


Nghia Dàn/CVN

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