Le Pays de l’Est

Xu Dông (littéralement : Pays de l’Est) est riche en figures mythiques. Il est aussi le berceau de grands hommes du Vietnam dans tous les domaines. Petite visite guidée, à l’époque des années 2000.

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La fête traditionnelle du village de Da Hoà se tient chaque année du 10e au 12e jour du 2e mois lunaire pour rendre hommage à Chu Dông Tu.
Thanh Tùng/VNA/CVN

Thang Long (ancien nom de Hanoï) était entourée de quatre pays, régions qui formaient des entités moins administratives que géographiques, historiques et surtout culturelles. Le Pays de l’Est (Xu Dông) comprenait non seulement les deux provinces principales de Hai Duong et Hung Yên mais encore des portions de Bac Ninh, de Bac Giang, une partie de l’ancien Son Nam (Pays du Sud) et de la contrée maritime de Quang Ninh et Hai Phong.

Sauf deux districts (Chi Linh et Kim Môn) de collines et de montagnes, le Pays de l’Est est une plaine rizicole faisant partie du delta du fleuve Rouge. Il est arrosé par un réseau fluvial abondant dont les eaux sont saumâtres aux embouchures. La population pauvre s’était trempée le caractère à travers une lutte constante pour repousser la mer et les envahisseurs. La découverte des tambours de bronze dans le Pays de l’Est montre qu’il y a trois mille ans, cet habitat maritime des anciens Viêt devait être un trait d’union entre la culture de nos ancêtres Viêt du fleuve Rouge et d’autres cultures du Sud-Est asiatique.

Histoire d’amour entre pêcheur et princesse

Une fête du village de Da Hoà.
Photo : CTV/CVN

La région est riche en figures mythiques. L’un des génies les plus adorés est sans doute le «Génie Grand roi de la mer de l’Est» (Dông Hai Dai Vuong), probablement incarnation de la Baleine, animal sacré faisant l’objet du culte des pêcheurs et des villages côtiers. Mais c’est Chu Dông Tu, l’un des quatre immortels (vénéré à Châu Giang) qui s’était imposé comme un héros des plus fascinants à l’aube de notre histoire.

Selon la légende, un jour, la fille du roi Hùng Vuong prit un bain dans une tente dressée sur la berge du fleuve Rouge. L’eau qu’elle se versa sur le corps découvrit sous le sable le corps nu du jeune pêcheur Chu Dông Tu. Ce dernier était si pauvre qu’il n’avait pas même un pagne. Selon la volonté... céleste, ils se marièrent. Le roi, furieux, fit encercler pendant la nuit leur palais magique qui disparut le lendemain matin, laissant un étang appelé Étang d’une Nuit. Le couple converti au bouddhisme et au taoïsme s’était envolé vers le ciel.

Le Pays de l’Est est le berceau de grands hommes de la nation dans tous les domaines. Son village de Mô Trach s’est classé premier du pays pour le nombre de ses lauréats aux concours mandarinaux. Nguyên Thi Duê, déguisée en homme pour se présenter aux concours, fut la seule femme de l’ancien Vietnam à recevoir un titre universitaire. Sans être lauréate, Doàn Thi Diêm a laissé à la postérité la merveilleuse traduction de l’ouvrage en vers Complainte de la femme dont le mari est parti en guerre.

Citons entre autres lettrés le premier Docteur Mac Dinh Chi (XIVe siècle), le philosophe Nguyên Binh Khiêm (XVIe siècle), l’éminent médecin Lan Ông (XVIIIe siècle), le chroniqueur Pham Dinh Hô (XIXe siècle).

Le Pays de l’Est fut le théâtre de grandes batailles, en particulier au XIIIe siècle, dans la lutte contre les Mongols dirigée par le brillant général Trân Hung Dao qui établit son QG à Kiêp Bac. Les marais de l’Étang d’une nuit servirent efficacement la guérilla menée par Triêu Quang Phuc (VIIe siècle) contre les Chinois et par Nguyên Thiên Thuât (fin XIXe siècle) contre les Français. Un autre fils du Pays de l’Est, Hoàng Hoa Tham (1858-1913) s’illustra aussi par son combat opiniâtre contre les conquérants français.

Une région riche d’activités artisanales

Le longane de Phô Hiên fait partie des fruits qui ont acquis une réputation nationale du Pays de l’Est.
Photo : Dinh Huê/VNA/CVN

Le Pays de l’Est a toujours connu de grandes activités artisanales et commerciales. De nombreux villages se sont fait un nom dans des métiers artisanaux : peignes (Vac), tussor (Thông), soie (de Liên Phuong), xylographie (Liêu Chang), céramique (de Quao, Quay, Chu Dâu), gravure sur pierre (Kinh Chu), menuiserie (Cuc Bô, Dông Giao), broderie (Xuân Neo), barques de bambou (Noi Lê), cuivres (Câu Nôm), etc.

Certains produits alimentaires ont acquis une réputation nationale : sauce de soja (tuong Bân), sauce de petites crevettes macérées (mam cay Thanh Hà), crêpes (banh da Ke Sat), gâteaux de chanvre (banh gai Ninh Giang), gâteaux de haricot (banh dâu xanh Hai Duong)... sans parler des fruits : longanes (Phô Hiên), letchis (Thanh Lâm)...

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, au cours de la période de division du pays en deux par des clans shogounaux, Phô Hiên a émergé comme unique port international du Nord (avant-port de Hanoï), fréquenté par des Portugais, des Hollandais, des Espagnols, des Anglais, des Français et des Japonais.

Signalons pour terminer que parmi les traditions culturelles du pays de l’Est figurent des joyaux tels que l’opéra populaire chèo, les marionnettes sur eau, le chant trông quân (tam-tam de l’armée) très original.


Huu Ngoc/CVN

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