Le Groenland en quête des quelques atouts du réchauffement climatique

Victime du réchauffement climatique, le Groenland fait, au moins à court terme, le pari qu'il recèlera quelques atouts en misant sur la diversification de son écosystème pour doper agriculture, pêche et exportations.

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Ce territoire immense se trouve sur la ligne de front de la fonte des glaces arctiques, quasi visible ici à l'oeil nu.

Du thon juste pêchés dans le port de Nuuk, au Groenland, le 28 septembre 2015.

L'observation satellitaire montre que la calotte glaciaire (l'inlandsis), qui représente entre 6% et 7% des ressources en eau douce de la planète et recouvre quatre cinquièmes de l'île, se réduit de près de 200 km3 (200 gigatonnes) par an.Et les glaciers, dont la disparition contribue dangereusement à la hausse du niveau des océans, ont fondu deux fois plus vite entre 2003 et 2010 que pendant tout le XXe siècle, selon des recherches européennes et canadiennes publiées par la revue scientifique Nature.

"C'est très agréable d'être en mesure d'offrir du thon et du maquereau fraîchement pêchés", se réjouit pourtant Bjørn Johansen, chef cuisinier du plus grand hôtel de la capitale Nuuk, le Hans Egede.

À la belle saison, les pêcheurs remontent dans leurs filets maquereaux et thons rouges égarés près des côtes orientales de l'île, à des milliers de milles marins de la Méditerranée et du Golfe du Mexique où ils vivent d'habitude.

"Si les températures estivales continuent à augmenter au cours du siècle (...) il est probable que le thon rouge devienne un habitué des eaux à l'est du Groenland", avance même un professeur d'écologie marine de l'Université technologique du Danemark, Brian MacKenzie.

Désert blanc de l'Arctique et plus grande île du monde après l'Australie avec 2,2 millions de km2, le Groenland dépend pour vivre de ses exportations de crevettes et des dotations financières du Danemark, dont elle est un territoire autonome.

Surnommé "l'or rose", la crevette représente 47% des exportations. La subvention annuelle de Copenhague alimente la moitié du budget du territoire. Autrefois variable, elle a un montant désormais fixe, dont la valeur s'érode avec l'inflation.

Le Groenland, aux prises avec le vieillissement et le chômage, misait sur ses richesses minérales. Seulement, la baisse des cours des matières premières a provoqué une baisse des investissements de prospection.

Engrais de roche

À première vue, la montée du thermomètre est un facteur aggravant pour l'économie locale, menaçant la subsistance de nombreux Groenlandais au mode de vie traditionnel.

Les Inuits qui se déplacent en traîneau pour pêcher ou chasser sur la glace voient les saisons raccourcir. Et le tourisme, secteur que le gouvernement souhaiterait développer, reste embryonnaire, tout en souffrant également du dégel.

Dans le fjord glacé d'Ilulissat, inscrit au patrimoine mondial, le vêlage (lorsque des blocs de glace se détachent du glacier) est parfois si important que les bateaux de croisière ont du mal à débarquer les touristes. Mais à y regarder de plus près, il y a un profit à tirer des affres du climat.

La fonte des glaciers laisse par exemple échapper une sorte de farine rocheuse, riche en minéraux susceptibles de servir d'engrais pour les sols épuisés ou arides, en Afrique ou en Amérique du Sud par exemple.

Cette substance exaspère les Groenlandais car elle obstrue les fjords. Alors "autant qu'elle aille faire le bien ailleurs dans le monde", lance Minik Rosing, professeur de géologie qui dirige le cabinet d'étude Groenland Perspective.

Le scientifique a calculé que l'expédition d'une tonne de cette "farine" n'avait pas d'incidence négative sur le climat si le trajet ne dépassait pas 12.000 km, autrement dit jusqu'au Kenya par exemple.

Autre projet d'exportation : les plants de pomme de terre. Dans le sud du territoire, ils se développent plus généreusement grâce à la hausse des températures.

Les chercheurs ont pu aussi découvrir que le sol groenlandais contenait des micro-organismes protégeant les pommes de terre de champignons que combattent les agriculteurs du monde entier. Reste à essayer de reproduire ces micro-organismes.

Ils pourraient "avoir un potentiel biotechnologique immense s'ils pouvaient être synthétisés (...) ou s'ils pouvaient être utilisés à la place des pesticides", souligne le microbiologiste Peter Stougaard, de l'Université de Copenhague.

AFP/VNA/CVN

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