La pénurie de personnel menace l’industrie touristique

Le tourisme national manque de jambes, de bras et de têtes pensantes. Avec l’ouverture du marché de l’ASEAN, le Vietnam se doit de réagir. Constat et solutions.

>>Le delta du Mékong manque de personnel médical spécialisé

>>Priorité aux ressources humaines

>>Pénurie de personnel saisonnier

Chaque année, le secteur touristique a besoin de 40.000 nouveaux employés.
Photo : Huong Linh/CVN

L’adoption récente du MRA-TP (Accord de reconnaissance mutuelle des professionnels du tourisme au sein de l’ASEAN) offrira une grande mobilité aux professionnels du secteur au sein de l’ASEAN, mais constituera un défi pour le Vietnam dont le réservoir de travailleurs disponible est bien inférieur, quantitativement et surtout qualitativement, à celui de bien des pays de la région. Trop de personnel non ou sous-qualifié

Selon des statistiques, au Vietnam, seuls 40% des travailleurs sont jugés qualifiés. La filière a besoin chaque année de 40.000 nouveaux employés alors qu’ils ne sont que 15.000 à sortir des écoles.

C’est un fait, la formation n’est pas satisfaisante. «Selon certaines compagnies touristiques, une fois recrutés, beaucoup d’employés doivent suivre une formation complémentaire. Ils sont justes inaptes à exercer ce métier. Par ailleurs, beaucoup de diplômés ne maîtrisent aucune langue étrangère, même l’anglais», a déploré Vu Thi Thanh Liêu, directrice adjointe du Centre de placement de Hanoï. La formation professionnelle, surtout celle des écoles supérieures, n’est pas efficace. L’enseignement donne trop la part belle à la théorie et trop peu à la pratique.

Le manque de personnel varie d’une localité à l’autre. La plupart des établissements proposant des formations se trouvent dans les grandes villes, notamment Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, ces dernières sont dès lors bien pourvues en personnel qualifié. Mais dans maintes régions, il n’y en a aucun. Les plus délaissées sont les provinces montagneuses du Nord et le delta du Mékong. Ce dernier est en bas de l’échelle en termes de qualité, les services étant principalement proposés et gérés par les habitants eux-mêmes.

Selon une enquête sur les ressources humaines menées dans trois provinces du delta du Mékong (Cân Tho, Kiên Giang et An Giang) dans le cadre du Programme de développement des capacités pour un tourisme écologique et social responsable (EU-ERST), les services d’hébergement et de voyage n’intègrent pas suffisamment de personnel qualifié. «Seulement 20% des employés répondent à tous les critères fixés, 60% à quelques-uns et le reste à presque aucun», a déploré Hoàng Nhân Chinh, expert technique du programme. Ce programme a permis le lancement d’activités de soutien technique pour l’organisation de cours réservés aux enseignants et formateurs touristiques suivant le système des compétences professionnelles dans le tourisme du Vietnam (VTOS). Cela a contribué à l’amélioration de la qualité du personnel. Dans le delta du Mékong, plus de 200 gestionnaires, une trentaine d’enseignants, de formateurs et un millier d’employés en ont bénéficié.

Concurrence accrue au sein de l’ASEAN

Une visite dans la forêt de cajeputiers de Trà Su, province d’An Giang (Sud).
Photo : Duy Khuong/VNA/CVN

Les pays membres de l’ASEAN sont récemment parvenus à un accord sur la reconnaissance de titres et certificats dans le tourisme. Désormais, des professionnels de Thaïlande, du Laos ou d’Indonésie pourront venir travailler au Vietnam. Et vice versa. Une mobilité de la main-d’œuvre qui ouvre certes de nouvelle perspectives pour le tourisme national mais aussi génère un certain nombre de défis, le premier étant le risque de voir ses meilleurs professionnels s’envoler vers de «meilleurs cieux».

«Le MRA-TP créera à la fois des opportunités et des défis. Selon la capacité des entreprises et des établissements formateurs de s’adapter, la balance penchera d’un côté ou de l’autre. L’opportunité pour le Vietnam et les autres pays membres est de recruter du personnel compétent et donc de rehausser la qualité des services et produits touristiques», a déclaré Hà Van Siêu, chef adjoint de l’Administration nationale du tourisme.

Face à la concurrence étrangère, les employés vietnamiens seront soumis à une pression accrue. «Une saine concurrence, à condition qu’ils soient capables de se remettre en question et de s’améliorer», a jugé Hà Van Siêu.


Mai Quynh/CVN

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