La lutte contre le squat des trottoirs est lancée

Ces derniers jours, les 24 arrondissements et districts de Hô Chi Minh-Ville ont mené une vaste opération contre l’occupation des trottoirs par les commerçants et l’installation anarchique des panneaux. Les résultats sont visibles, ce dont se félicitent les habitants.

>>Remettre de l’ordre sur les trottoirs

Tous les panneaux et constructions illégales ont été enlevés pour redonner de l’espace sur les trottoirs.

À Hô Chi Minh-Ville, à cause du peu d’espace qui lui est laissé par les commerçants qui entreposent, à même le trottoir, leurs marchandises et leurs tables, et les parkings à moto anarchiques, le piéton est bien souvent obligé de circuler sur la chaussée en la partageant avec les automobilistes, avec tous les dangers que cela suppose. Les personnes les plus vulnérables sont les enfants et les personnes âgées qui sont exposés au risque de se voir happer par un véhicule.

Le trottoir est en effet pour un certain nombre de citadins le principal lieu d’exercice de leurs activités, le détournant ainsi de son usage premier, à savoir le passage des piétons. Ce qui pose problème non seulement au niveau de la gestion de l’espace public et de l’aménagement urbain, mais et surtout au niveau de la gouvernance urbaine, vu les conséquences néfastes que de telles pratiques ont sur les riverains et les passants. Les piétons se demandent si le trottoir est fait et conçu pour eux, ou pour servir d’étalage aux commerçants sans scrupule qui ignorent les notions de civisme. Tant d’étalages de marchandises loin d’embellir les rues, au contraire, les enlaidissent et obligent les piétons à faire constamment attention où ils mettent les pieds.

Mais récemment, de nombreuses rues de la mégapole ont retrouvé leur propreté et de véritables espaces pour les piétons. Des constructions illégales telles que panneaux publicitaires, barrières… ont été enlevées. Les restaurants et les vendeurs ambulants empiétant sur les trottoirs sont en nette diminution. Le défi qui se pose maintenant est de garder cette situation sur le long terme.

Rendre les trottoirs aux citoyens

La population de Hô Chi Minh-Ville est estimée à environ 10 millions d’habitants. Des travailleurs venus d’autres provinces viennent s’y installer chaque jour, dans l’espoir d’une vie meilleure. Ne pouvant louer un fond de commerce, ils s’installent sur le trottoir. Un type de commerce très fréquent, notamment près des zones industrielles et des lieux touristiques.

Dans la ville, on recense près de 5.000 rues et ruelles, dont près de 2.600 sans trottoir, 800 ont un trottoir d’une largeur supérieure à 3 m et 1.500 de moins de

3 m. Un espace public difficile à arpenter dans la sérénité. Selon Trân Duc Tài, directeur adjoint de la Police municipale, en 2016, 35 personnes sont mortes et 15 ont été blessées à cause des trottoirs impraticables. «Le désordre qui règne sur les trottoirs influence directement la vie des habitants et des touristes», a-t-il déploré.

Afin de remettre de l’ordre, tous les arrondissements et districts ont été invités à contrôler et traiter de manière systématique les infractions. «J’ai reçu ces derniers jours des opinions positives de la part du Premier ministre ainsi que des habitants», a informé Nguyên Thành Phong, président du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville.

«Les trottoirs sont des espaces publics, il est donc nécessaire d’y remettre de l’ordre et de moderniser la ville», selon un habitant du 3e arrondissement. Trân An Hiêu, de l’arrondissement Gò Vâp, a ajouté : «Il faut sanctionner vigoureusement les infractions, c’est la seule manière de régler le problème à long terme».

Quelles solutions durables ?

Des touristes dans la rue Vo Van Tân, 3e arrondissement.

Ce n’est pas la première fois que Hô Chi Minh-Ville lance une telle campagne. Mais après un certain succès, la surveillance s’était relâchée avec comme conséquence le retour des anciennes pratiques. Le problème est que de nombreux habitants pauvres gagnent leur vie sur les trottoirs, et les en chasser pose des questions morales et éthiques.

Depuis trois générations, la famille de Trân Thi Huê vit de la vente de soupes de nouilles dans la rue Vo Van Tân, 3e arrondissement. Leurs chaises et tables leur ont été confisquées à plusieurs reprises, aussi les clients ne mangent-ils plus sur place mais doivent emporter leurs commandes. Pour éviter la police, Trân Thi Huê ne vend qu’entre 06h00 et 08h00 du matin. «C’est la vie de ma famille qui est en jeu. S’ils ne me permettent plus de travailler ici, je ne sais pas comment je vais m’en sortir. Louer un local commercial, je n’y songe même pas», a-t-elle confié.

Truong Thi Hoa, du 1er arrondissement, compatit avec le sort des commerçants ambulants : «Je suis d’accord pour traiter les cas d’empiétement des trottoirs. Mais les pauvres, soyez indulgents, ayez pitié d’eux. Leur vie est déjà assez difficile comme ça !».

Selon plusieurs avocats, le désencombrement des rues et trottoirs est une option juste car en conformité avec la loi. Aucun espace public ne peut être accaparé par des commerçants. Personne n’a le droit de considérer une potion de trottoir comme sa propriété. Mais avant de démanteler ou de confisquer leurs biens, les autorités compétentes devront informer les habitants. «Il faudra examiner les cas d’infraction et trouver des solutions convenables pour les pauvres qui vivent uniquement de la vente ambulante», a partagé Nguyên Van Cuong, du Barreau de Hô Chi Minh-Ville.


Hanoï aussi déclare la guerre
à l’envahissement des trottoirs

Après Hô Chi Minh-Ville, la Police de l’arrondissement de Hoàn Kiêm et des autres quartiers de la capitale a lancé le 27 février une vaste opération afin de redonner aux piétons leur espace public. Les forces de l’ordre ont dressé de fortes amendes aux personnes ayant stationné de manière anarchique leur véhicule dans la rue, de même que celles envahissant les trottoirs à des fins commerçantes. Du mobilier disposé sur les trottoirs a été saisi. Dans les rues Hàng Ngang, Hàng Dào, Cha Ca, Luong Van Can, Hàng Cân..., les autorités ont contrôlé la situation et sanctionné les infractions. Plusieurs familles et magasins ont été verbalisés. De nombreux véhicules ont été confisqués et placés à la fourrière. Selon le directeur de la Police de Hanoï, Doàn Duy Khuong, le 6 mars, la Police de la ville a lancé une campagne afin de remettre de l’ordre durablement dans l’espace public.
Mai Huong/CVN

Texte et photos : Dang Huong/CVN

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