La fonte des glaciers d'Antarctique occidental a atteint un point de non-retour

La fonte des grands glaciers de l’Ouest de l’Antarctique, qui contiennent assez d’eau pour faire monter les océans d’au moins un mètre, s’accélère sous l’effet du réchauffement climatique et paraît irréversible, selon deux études publiées lundi 12 mai.

La première s'appuie sur de nombreuses données incorporant 40 années d'observations qui indiquent que le recul des glaciers de la mer d'Amundsen, dans l'Antarctique de l'Ouest, "a atteint un point de non-retour", explique Eric Rignot, un glaciologue de l'Université de Californie à Irvine et de la NASA, principal auteur de cette recherche à paraître dans la revue Geophysical Research Letters.

L'Antarctique au petit matin le 13 mars

La fonte des six plus grands glaciers de cette région, Pine Island, Thwaites, Haynes, Smith, Pope et Kohler, contribue déjà de façon importante à la montée des océans, lâchant presque autant de glace annuellement dans l'océan que toute la banquise du Groenland.

Ils contiennent suffisamment d'eau pour faire grimper le niveau des océans de 1,2 m et fondent plus vite que ne le prévoyaient la plupart des scientifiques. Ce qui, selon Eric Rignot, nécessite de réviser à la hausse les projections du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Ce dernier estimait en 2007 que le niveau des océans pourraient monter de 18 à 59 cm en 2100. "Ces glaciers seront un contributeur majeur à la montée des océans au cours des décennies et des siècles à venir", insiste-t-il.

L'accélération du flot d'écoulement de l'eau et le recul des glaciers sur le socle rocheux se renforcent mutuellement, expliquent ces chercheurs. En fondant, les glaciers s'allongent et leur épaisseur diminue, ce qui réduit leur masse et les séparent de plus en plus du socle rocheux et les fait glisser plus vite.

"L'effondrement des masses de glace de cette partie de l'Antarctique paraît ainsi être irréversible", conclut Eric Rignot.

"Le fait que ce recul des glaciers se produit simultanément sur une vaste zone laisse penser que ce phénomène a résulté d'une seule cause: un réchauffement de l'eau de l'océan dans laquelle flotte une partie de ces masses de glace", souligne-t-il.

Disparition du glacier Thwaites

La deuxième étude, parue dans la revue américaine Science, s'est concentrée sur le glacier Thwaites, le plus massif de l'Antarctique occidental, large de 120 km. Les chercheurs ont établi des cartes topographiques détaillées et utilisé un modèle informatique montrant que la désintégration de ce glacier avait déjà commencé.

Le glacier Thwaites va ainsi probablement disparaître d'ici quelques siècles, faisant monter le niveau des océans de près de 60 cm, prédisent les auteurs de ces travaux.

"Il y a beaucoup d'hypothèses quant à la stabilité de ces plaques de glaces et de nombreux scientifiques suspectaient une accélération de leur fonte", note Ian Joughin, un glaciologue de l'université de Washington, un des auteurs de cette recherche. "Cette étude fournit une estimation des taux auxquels le glacier disparaît dans l'océan", ajoute-t-il. "Les simulations dans notre modèle informatique semblent indiquer une accélération dans le futur, sans aucun mécanisme de stabilisation en vue", explique le glaciologue, dont les conclusions confirme les résultats de l'autre étude.

Selon ce modèle, l'effondrement du glacier Thwaites pourrait intervenir au plus tôt dans 200 ans, et au plus tard dans plus d'un millénaire selon la rapidité du réchauffement de la planète.

Mais le scénario le plus probable se situe entre 200 et 500 ans, précise Ian Joughin. "Toutes nos simulations montrent que la fonte du glacier fera monter le niveau de l'océan de moins d'un millimètre par an pendant 200 ans, avant de commencer à se désintégrer et à disparaître", ajoute-t-il.

AFP/VNA/CVN

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