La course hippique de Bac Hà

La course de chevaux de Bac Hà est organisée chaque année. Les "cavaliers" - des paysans d’ethnies H'Mông, Dao, Tày et Nùng - montent fièrement leurs «destriers»… Mais point de pur-sang ici !

Cette course s’affirme comme une «spécialité» culturelle de la province montagneuse de Lào Cai (Nord), à proximité de la Chine.

Si la course hippique de Bac Hà est aujourd’hui si populaire, c’est en raison de l’esprit d’aventure et de combat qu’elle dégage, renforcé par le non-professionnalisme des jockeys. Cet événement à la fois culturel et sportif a lieu chaque année pendant la «saison des prunes» (spécialité de Bac Hà), en juin. L’édition 2012 a attiré 20.000 spectateurs, venus de toutes les encablures du pays.

La course de chevaux de Bac Hà s’affirme comme une «spécialité» de la province montagneuse de Lào Cai.

Début de l’été. Le district montagneux de Bac Hà, à 70 km de la ville provinciale de Lào Cai, où coexistent 14 ethnies minoritaires, entre en ébullition. Tout le monde se rue au stade, qui tient lieu d’hippodrome. Comme d’habitude, la compétition hypique est étalée sur deux jours : le premier réservé aux éliminatoires, et le second à la finale. Cette année, les 66 jockeys des ethnies H'Mông, Dao, Tày, Nùng, La Chi, Phù La…, représentent les paysans les plus téméraires, désireux de montrer leur adresse et les qualités de leur monture.

Lorsque le cheval de trait se mue en «destrier»

Pour ces minorités, les chevaux - en réalité de gros poneys - sont considérés comme des "compagnons de route", et font partie intégrante de leur vie quotidienne. Une force de travail importante qui, à elle seule, permet de transporter les marchandises d'un village à l'autre, ou du champ vers le marché, en passant par des sentiers sinueux et cahoteux. C’est tout à la fois un moyen de se déplacer des plus pratiques, que les montagnards - hommes comme femmes - utilisent volontiers et avec fierté. Le district de Bac Hà compte d'ailleurs un important cheptel de 5.000 têtes, même si les motocyclettes ont pris le dessus depuis une décennie.

Le soleil est au rendez-vous. Cela cogne même dur ! Au milieu d'une foule agitée et bon enfant, les 66 cavaliers représentant leurs villages montent leurs chevaux et sont vêtus de leurs costumes traditionnels, très différents les uns des autres. Leurs "bottes" sont également tout sauf standardisées. Jugez plutôt : chaussures en cuir ou en toile, baskets, sandales en plastique..., sans oublier certains, carrément pieds-nus ! Un tableau bigarré, à l'exception d'une constante : le casque de moto, portés par tous en guise de bombe. Les chevaux sont eux revêtus de leurs plus beaux apparâts : leur cou épais est agrémenté de noeuds de couleurs éclatantes et d'un joli grelot en argent. Pas de harnais ni d'étriers ? Qu'à cela ne tienne… Ces cavaliers montagnards, habiles et braves de nature, ont toujours été habitués à monter à cru.

L'honneur du village en jeu

Divisés en groupes de quatre pour les éliminatoires, les jockeys s'apprètent enfin à en découdre, espérant caracoler en tête du peloton pour se qualifier en finale. La piste, délimitée à l'intérieur du stade, ne comprend pas d'obstacles, mais son tracé reste d'un niveau difficile pour ces chevaliers amateurs.

La course hippique de Bac Hà - un événement à la fois culturel et sportif.
Photo : Hoàng Hùng/VNA/CVN

Le signal de départ à peine donné, les quatre premiers concurrents se jettent à tombeaux ouverts sur la piste, sous la claque frénétique du public. Une joyeuse cacophonie qui a le don de particulièrement exciter les animaux. Tout à coup, c’est l’hilarité générale : au lieu de galoper, un des chevaux fait un tour sur place, puis reste obstinément immobile, stoïque aux vives sollicitations de son jockey, furieux. Les groupes suivants connaissent eux aussi pareille mésaventure, avec ces bêtes pas vraiment faites pour courir. Quelques-unes, dans un virage, se lancent droit dans les tribunes, d'autres, se cabrant lors d’un - trop - brusque coup de rênes, jettent à terre leur malheureux cavalier. Quoi qu'il en soit, après les quatre tours de piste de la course réglementaires, les 32 finalistes sont connus.

Le lendemain, tous se tiennent prêts, concentrés sur la ligne d'arrivée, songeant peut-être déjà à leur hypothétique heure de gloire. Mais avant cela, il faudra parcourir les 2.000 mètres qui séparent le départ de l’arrivée, sous ce soleil impitoyable, tant pour le prix individuel que le prix d’équipe. Et ne vous méprenez pas : ces petits chevaux de trait sont capables de galoper à la vitesse de 60 km/heure ! En effet, les cavaliers bichonnent leur champion, les habituant à l’hippodrome tous les soirs bien avant la saison des prunes, avec un régime nutritionnel adapté et des soins de tous les instants.

La sentence tombe. Il est midi. Le trophée est soulevé par Vàng Van Huynh, déjà sacré en 2011. Les 2e et 3e prix reviennent respectivement à Sùng Seo Dùng et à Vàng Van Quyêt. Les prix d’équipe ont également trouvé preneurs, avec les villages de Na Hôi (1er prix), de Ta Van Chu (2e prix) et de Simacai (3e prix).

C'est déjà "un record" pour les chevaux de trait, souligne le jury. Et leurs récompenses, rehaussées d’année en année, suscitent bien des envies : 20 millions de dôngs pour le 1er prix (contre 2 millions en 2007), 10 millions (contre 1,5 million) pour le deuxième, et 7 millions (contre un million) pour le troisième. D'autant plus que c'est l'honneur du village qui est en jeu : une soirée festive et arrosée attend d’ores et déjà les vainqueurs à la maison !

Nghia Dàn/CVN

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