Hôpital : une réalité à glacer le sang

La surcharge de travail est ordinaire dans presque tous les hôpitaux publics. Malgré la batterie de projets lancés par le ministère de la Santé pour mettre fin au problème, leur application est inefficace en raison des difficultés administratives et des infrastructures insuffisantes.

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Les jeunes mères doivent partager le même lit à l’hôpital de gynécologie-obstétrique de la province de Hung Yên (Nord).
Photo : Duong Ngoc/VNA/CVN

Hôpital pédiatrique 2 de Hô Chi Minh-Ville. Assise sur une natte étendue à même le sol au pied de l’escalier du service de pneumologie, une mère venue de Bên Tre (Sud) porte son bébé dans ses bras, agitant légèrement son éventail en papier. «Mon petit doit partager son lit avec deux autres enfants. Dans la chambre, malades, parents, médecins et infirmières se pressent les uns contre les autres, générant une atmosphère suffocante. C’est terrible !», témoigne-t-elle. En effet, son fils a été traité à l’Hôpital provincial de Bên Tre durant dix jours, mais «faute d’amélioration de son état de santé, j’ai été obligée de l’amener ici», explique-t-elle, désemparée.

Un lit pour trois enfants malades, une bien triste réalité. «Sauf les cas d’urgence où chaque lit est réservé à un petit, on voit souvent le doublement parfois même le triplement des malades sur les lits. La situation s’aggrave encore plus pendant le week-end», déplore Lê Bich Liên, directrice adjointe de l’Hôpital pédiatrique 1 de Hô Chi Minh-Ville.

Même son de cloche dans les hôpitaux centraux de Hanoï. «Je suis restée à l’Hôpital central d’obstétrique pendant deux semaines pour mon accouchement, c’était déprimant», commente Mai Anh Nguyêt, vivant dans l’arrondissement de Long Biên. «C’était inacceptable de partager un tout petit lit avec une autre femme. Mais j’ai déjà eu de la chance, car il y avait aussi des lits partagés entre trois patientes. Et quand la famille est venue me visiter, tout le monde devait se met à terre. C’était très inconfortable et insalubre», partage-t-elle.

«On a seulement 2.300 lits au total, mais nous traitons au quotidien environ 4.000 patients. Dans la plupart des cas, ils n’acceptent jamais de se déplacer dans un autre hôpital», avoue le Dr Duong Duc Hùng, un des responsables de l’Hôpital Bach Mai à Hanoï.

Plus de contrôles et d’investissements

L’hôpital national de gériatrie doit recevoir et traiter au quotidien environ 400 patients, bien au-delà de ses capacités d’accueil.
Photo : Duong Ngoc/VNA/CVN

La situation devient alarmante dans les hôpitaux publics. La surpopulation dans les chambres, couplée aux visites familiales parfois invasives, compliquent dès lors le travail des infirmières.

«Il faut comprendre et sympathiser avec les médecins confrontés à un travail très fatiguant. Ceux qui exercent dans les hôpitaux centraux sont sous une pression énorme tous les jours», explique le Pr-Dr Luong Ngoc Khuê, chef du Service de la gestion des contrôles médicaux du ministère de la Santé.

Et d’ajouter : «Le ministère organise régulièrement des contrôles afin d’atténuer la surcharge de travail à l’hôpital. Nous vérifions les rapports continus des hôpitaux publics, et nous trouvons qu’il y a de grands changements, notamment ceux provinciaux».

En fait, tout le secteur de la santé s’efforce actuellement d’atteindre l’objectif du Projet d’allégement des hôpitaux pour la période 2013-2020. Il s’agit de financer tous les établissements hospitaliers, afin de résoudre complètement ce problème à partir de 2020. «Pour nous, l’investissement dans les infrastructures et les hôpitaux satellites est particulièrement important : nous nous intéressons à élargir le terrain, rénover les bâtiments, expérimenter le modèle de soins à domicile, renforcer l’efficacité du système des cliniques régionales, et consolider les actions de médecine préventive», confirme Luong Ngoc Khuê.

Les administrateurs hospitaliers ont déjà pris les devants pour suivre ce projet. Sur les 39 hôpitaux centraux dans l’ensemble du pays, 35 se sont engagés à diminuer la pratique du partage des lits, et Hô Chi Minh-Ville suit la même tendance avec 29 hôpitaux sur les 31. «Nous procédons à la construction d’un nouveau centre de traitement, parallèlement à la reconstruction de notre Centre de psychiatrie. Les travaux seront achevés dans deux ans, à côté de l’inauguration de l’antenne de notre hôpital à Hà Nam en 2017», assure Duong Duc Hùng, de l’Hôpital Bach Mai à Hanoï.

La surcharge de travail à l'Hôpital central de Quang Binh (Nord).
Photo : Duc Tho/VNA/CVN

Selon Lê Bich Liên, de l’Hôpital pédiatrique 1 de Hô Chi Minh-Ville, tous les hôpitaux municipaux ont déjà pris certaines mesures, comme par exemple rajouter des lits ou rediriger les patients vers les établissements hospitaliers provinciaux. De plus, la construction de l’Hôpital pédiatrique municipal va désengorger la situation.

«Fondamentalement, il faut établir et renforcer la confiance des patients envers les hôpitaux provinciaux à côté des solutions proposées par le ministère de la Santé afin de réduire la surcharge de travail dans ceux centraux. Mais cela va prendre un certain temps», partage Tang Chi Thuong, directeur adjoint du Service de la santé de Hô Chi Minh-Ville.


Les chiffres parlants

Les statistiques rendues en mai 2016 par le ministère de la Santé ont montré que 55,4% des cas de pneumonie aiguë étaient contractés à l’hôpital, et que le taux d’infection nosocomiale a augmenté de 6,4%. Lors d’une conférence ministérielle, le vice-ministre Nguyên Viêt Tiên a précisé que cette hausse représentait un défi au niveau national, et a pointé du doigt la surcharge de travail et la mauvaise gestion des infrastructures hospitalières.


Duong - Phuong/CVN

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