Hanoï, une librairie à ciel ouvert

La modernité et sa frénésie n’ont pas entamé la passion des Hanoïens pour la lecture. Les nombreuses échoppes présentes dans la capitale témoignent du vif intérêt des habitants pour les livres, et nourrissent l’âme littéraire de la ville

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La rue Dinh Lê est un rendez-vous incontournable pour tout amateur de lecture
qui se respecte

À la différence des autres rues situées autours du lac de Hoàn Kiêm (Lac de l’Épée restituée), la rue Dinh Lê garde encore ses traits particuliers. Elle est considérée comme le chef-lieu des livres, et un rendez-vous pour les fanatiques de lecture.

S’étirant sur seulement quelques centaines de mètres, Dinh Lê compte une trentaine de librairies, y compris les tous petits magasins installées dans les minuscules ruelles. Des millions d’imprimés, portant sur la littérature, l’économie ou encore la philosophie, qu’ils soient neufs ou anciens, sont rangés sur les étagères en bois. Les allées et venues nombreuses des clients de tous les âges n’arrivent pas à troubler la quiétude de ces lieux.

Le travail de toute une vie

«Après 40 ans consacrés à la collecte, je détiens aujourd’hui quatre stands, témoigne Pham Thi Mao, propriétaire de la librairie 5, rue Dinh Lê. Des familles sur plusieurs générations sont mes clients les plus fidèles. D’anciens étudiants viennent également à la recherche d’ouvrages précieux, et j’ai des clients qui passent leur matinée à rechercher des titres. C’est pour toutes ces raisons que je garde cette librairie ouverte».

Il existe également d’autres lieux dans la capitale pour trouver son bonheur, comme les rues de Tràng Tiên, Nguyên Xi, Lang, Nguyên Chi Thanh ou encore Pham Van Dông.

La maison N°5 rue Bat Dàn est un quasi «centre de conservation» des livres, tenu par Phan Trac Canh. Considéré comme le «roi des livres d’occasion», sa collection est riche d’une dizaine de milliers d’œuvres, dont plusieurs sont centenaires. Depuis plus de 20 ans, sa vie est entièrement dévouée à sa quête littéraire. «Ils sont précieux tout d’abord grâce à leurs contenus. Pourtant, pour les amoureux de la lecture, leur valeur sera maintes fois plus grande. C’est la raison pour laquelle je collectionne les livres pour lire avant tout, et les vendre par la suite», raconte M. Canh.

Phan Trac Canh et son trésor de livres.

Dans sa maison, les livres ne sont pas mis sur les étagères. Ils sont placés sur les escaliers, planchers, tables, armoires, n’importe quel recoin qui est vide. Située dans le Vieux quartier de la capitale, sa demeure est ouverte à tous les amateurs.

Il a recherché d'anciens et précieux ouvrages chez brocanteurs, les vieilles librairies et s'est même rendu dans les provinces de Nam Dinh et Bac Ninh. Le trésor de M. Canh contient plusieurs titres précieux, notamment des exemplaires de «Han van tân giao khoa thu», publié en 1928, le Souvenir de Huê, publié en 1867, ou encore Cac triêu dai lich su Viêt Nam (Les dynasties historiques du Vietnam), et plus de 300 autres œuvres rien que sur Hanoï. Il s’est également pris de passion pour les villages du pays et les 54 ethnies du Vietnam, dont particulièrement celle des Hoa (des Vietnamiens de souche chinoise). Il ne cesse d’accumuler les livres et les articles dédiés à ces sujets.

Une foison de lieux pour le partage

M. Canh détient aussi une collection de journaux qui ont marqué tout un pan de la presse révolutionnaire au Vietnam. Il possède entre autres des numéros de Gia Dinh (Gia Dinh Bao), du Nam Viêt, ou encore le journal des femmes Phu nu tân van et les bulletins de l'École française d'Extrême-Orient à partir de 1901.

Sa maison de la rue Bat Dàn attire non seulement acheteurs et passionnés de livres, mais est aussi un lieu de discussion entre amateurs de la littérature et des arts. Le bibliomane compte parmi ses proches des professeurs et des visiteurs de passage tous aussi férus de livres, venus de France, de Russie et du Japon. Autre adresse connue : la librairie du 108 B rue Bà Triêu où le large choix de livres anciens permet des heures de recherches et de rêveries entre les rayons, et ce, malgré la vie bouillonnante et bruyante de la rue extérieure.

Son propriétaire, Luong Ngoc Du, a lui aussi consacré toute sa vie aux publications passées. Sa spécialité : il ne vend que des ouvrages rares. Une mission qu’il prend très à cœur. «Le nombre de clients qui entrent dans la boutique témoigne de cet amour spécial des Hanoïens pour les livres, et démontre l’existence d’une culture de la lecture, s’émeut-il. Mon travail répond non seulement à cet engouement, mais aussi contribue à entretenir cette culture de la lecture au sein de la communauté».

Tant d’autres témoignages et histoires de vendeurs pourraient être partagés pour illustrer le dynamisme et la vitalité de la lecture dans la capitale. Mais il ne faut pas non plus oublier toutes les autres initiatives privées qui vont dans le même sens. Du Vieux quartier jusqu’en périphérie, il existe maints clubs de lecture et des boîtes à livres où l’on peut déposer et prendre des ouvrages gratuitement. Des librairies familiales ont vu le jour avec de nouveaux modèles d’affaires, et c’est sans compter sur les diverses bourses aux livres d’occasion qui ponctuent les semaines des passionnés.


Huong Linh/CVN

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