Fusillade de Québec : cérémonie funéraire avec hommage national

Dans un hommage national sans distinction de confessions, des milliers de Canadiens et leur Premier ministre Justin Trudeau ont assisté jeudi 2 février avec beaucoup d'émotion et dans l'unité aux funérailles de trois des six personnes abattues dans la mosquée de Québec.

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Le Premier ministre canadien Justin Trudeau (gauche) lors des funérailles à Québec, le 2 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Surmontés de trois grandes couronnes de fleurs blanches, les cercueils, posés sur un catafalque, ont été recouverts, pour deux d'entre eux, du drapeau algérien et le troisième du drapeau tunisien.

Khaled Belkacemi et Abdelkrim Hassane, tous deux d'origine algérienne, et le Tunisien Boubaker Thabti ont succombé dimanche soir, comme trois autres fidèles, aux balles tirées par un étudiant canadien de 27 ans, proche de l'extrême-droite. Huit personnes ont également été blessées.

"C'est une douleur difficile à exprimer, c'est dans les cœurs", a confié Mohamed Lemdani, ressortissant algérien, la cinquantaine, venu comme environ 5.000 personnes participer à une cérémonie tenue dans une patinoire, à deux pas du stade Olympique.

"Nous sommes tous des pères de familles" arrivés au Canada pour travailler et s'intégrer à une société multiculturelle, a-t-il dit.

En début de cérémonie, Cheik Masaad El beltaji a récité des versets du Coran dans le plus grand recueillement d'une foule où Québécois de souche côtoyaient Canadiens d'adoption, toutes confessions confondues, musulmans, chrétiens, juifs.

Foule aux funerailles de Abdelkrim Hassane, Khaled Belkacemi et Aboubaker Thabti, trois des six victimes de la tuerie de la mosquée de Québec, le 2 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

"C'est tout un pays qui a été ébranlé par cette attaque brutale et haineuse, mais dans ces moments sombres notre pays s'est uni et s'est montré solidaire", a déclaré Justin Trudeau aux côtés d'une classe politique soudée dans la tragédie.

"Non à la violence, non à l'intimidation, au racisme et à la xénophobie", a dit Philippe Couillard, chef du gouvernement de la province francophone du Québec.

"Vive le Québec"

"Sachez que vous êtes ici chez vous", a-t-il lancé à l'adresse des musulmans, qui sont 1,1 million sur les 36 millions d'habitants au Canada.

Pour Saïd Fawaz, président du conseil des Imams du Québec, le drame qui laisse 17 orphelins démontre "une certaine peur de notre communauté". Les musulmans ne doivent "pas s'isoler et s'enfermer sur eux-mêmes" comme le souhaiterait "notre voisin du Sud", a-t-il ajouté en référence au président américain Donald Trump qui a interdit l'entrée sur le sol américain à tous les réfugiés et aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane.

Mémorial en hommage aux victimes du tueur de la mosquée de Québec, le 31 janvier 2017 dans la cité canadienne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après la cérémonie, les corps de ces trois Canadiens binationaux devaient être rapatriés dans leur pays d'origine. Khaled Belkacemi, 60 ans, et Abdelkrim Hassane, 41 ans, seront inhumés en Algérie, et Boubaker Thabti, 44 ans, près de Tataouine, au sud de la Tunisie.

Belkacemi, père de deux enfants, était professeur à la faculté des sciences de l'agriculture de l'université Laval à Québec. Père de trois fillettes âgées de 10 ans, 8 ans et 15 mois, Hassane travaillait pour le gouvernement du Québec comme programmateur informatique. Thabti était employé d'une société agro-alimentaire et était père de deux enfants de 11 et 3 ans.

Pour le Canada, cette tragédie est comme une déflagration culturelle. Honorée et défendue avec fierté, la charte des libertés masque mal les fractures d'une société où des mouvements racistes n'ont plus peur d'apparaître au grand jour dans la province francophone québécoise.

Mercredi 1er février à la Chambre à Ottawa, un député libéral du parti de M. Trudeau, a livré un vibrant témoignage, reconnaissant à demi-mots l'aveuglement d'une société face à ses démons.

Aux familles des victimes et à la communauté musulmane, le député Joël Lightbound a demandé "pardon d'avoir observé ces dernières années leur ostracisation et leur stigmatisation, d'avoir vu prendre racine dans le cœur de mes semblables, la peur, la méfiance et la haine".

"Si les mots ont des conséquences, les silences aussi ont des conséquences", a-t-il ajouté.

Jeudi 2 février aux funérailles, Denis Coderre, maire de Montréal, a jugé nécessaire à tous de faire un "examen de conscience" pour "changer nos attitudes ou notre langage".

Une seconde cérémonie funéraire est prévue vendredi 3 février à Québec pour les trois autres victimes, dont deux Canado-guinéens, Mamadou Tanou Barry, 42 ans, et Ibrahima Barry, 39 ans, et Azzeddine Soufiane, d'origine marocaine et âgé de 57 ans.

AFP/VNA/CVN

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