Espagne : après Messi, le contribuable Ronaldo rattrapé par la justice

Nouveau coup de sifflet de la justice espagnole dans le monde du football : après la condamnation de Lionel Messi, Cristiano Ronaldo risque des poursuites pour une fraude fiscale présumée à hauteur de 14,7 millions d'euros, a-t-on appris mardi 13 juin.

>>Espagne : le parquet accuse Cristiano Ronaldo d'une fraude fiscale de 14,7 millions d'euros

Cristiano Ronaldo, le 15 janvier à Séville lors d'un match de championnat espagnol.

Comme pour Messi, le nœud de l'affaire concerne les droits à l'image, ces copieux revenus liés aux contrats publicitaires que les footballeurs sont parfois tentés de percevoir via des sociétés à l'étranger.

Dans un communiqué, le parquet de Madrid annonce avoir déposé plainte contre le joueur pour quatre délits présumés contre le Trésor public, correspondants aux exercices fiscaux compris entre 2011 et 2014.

Le ministère public estime que le Portugais, transféré au Real Madrid en 2009, "a profité d'une structure créée en 2010 pour dissimuler au fisc les revenus générés en Espagne par les droits à l'image".

Dans le cas de Messi, une fraude fiscale de 4,1 millions d'euros par le biais d'un complexe réseau de sociétés a déjà valu à l'Argentin du FC Barcelone d'être condamné à 21 mois de prison, une peine non exécutée car inférieure à deux ans.

Si Ronaldo était à son tour poursuivi puis condamné pénalement, il pourrait être contraint de verser "une amende d'au moins 28 millions" et écoper "d'une peine de prison pour quatre délits fiscaux dont trois aggravés", a averti le syndicat Gestha de techniciens du ministère des Finances.

Dans un communiqué, ce syndicat évoque deux scénarios, selon le niveau de "coopération" avec la justice du joueur.

L'un, "favorable", aboutirait à une peine de 21 mois - comme celle de Messi - qui n'obligerait pas Ronaldo à entrer en prison, en l'absence de casier judiciaire.

Mais Gestha évoque aussi la possibilité qu'il écope de 3 ans et demi et soit incarcéré...

"Lésé"

L'avocat du joueur a réagi dans la soirée, déclarant que son client se sentait "lésé" par cette affaire.

"Cette information est une surprise totale pour le joueur qui se sent lésé", a affirmé Antonio Lobo Xavier dans un entretien à la chaîne portugaise SIC Noticias.

"Je n'admets pas une fuite devant l'impôt. Le cas de Messi et des autres joueurs accusés dans ce cadre est complètement différent car ils n'ont rien déclaré alors que Cristiano l'a fait", a-t-il ajouté.

Le quadruple Ballon d'Or a, selon le parquet, "simulé" la cession de ses droits à l'image à une société appelée Tollin Associates LTD, domiciliée aux Îles Vierges britanniques, dont il était seul actionnaire.

Cette société a ensuite cédé l'exploitation effective de ces droits à une autre basée en Irlande, Multisports&Image Management LTD, afin de faire "écran pour occulter à l'Agence fiscale espagnole la totalité des revenus obtenus".

La star du Barça, Lionel Messi (droite) et son père Jorge jugés pour fraude au palais de justice de Barcelone, le 24 mai.

Le parquet relève que l'attaquant de la sélection portugaise, 32 ans, aurait en 2014 déclaré 11,5 millions d'euros de revenus d'origine espagnole pour 2011-2014, alors que ces revenus auraient atteint "quasiment 43 millions d'euros".

Enfin, Ronaldo est accusé d'avoir "volontairement" omis d'inclure 28,4 millions d'euros de revenus liés à la cession de ses droits à l'image pour la période 2015-2020 à une autre société, basée en Espagne, Adifore Finance LTD.

"Il n'y avait pas de précédents ou d'instructions administratives. Ronaldo et ses conseillers ont estimé que 20% du total des droits à l'image concernaient l'Espagne, ils n'ont rien caché", a expliqué Me Lobo Xavier.

Tard dans la soirée, la société Gestifute, représentante du footballeur portugais, a publié sur son site internet un communiqué réfutant l'existence d'un "régime fiscal frauduleux".

Le document est accompagné d'une annexe de 94 pages présentant les droits à l'image de "CR7", dans le but de prouver que "le joueur n'a pas cherché à échapper à l'impôt".

La plainte du parquet est fondée sur un rapport du Trésor et s'inspire de la "jurisprudence Lionel Messi", condamné, comme son père Jorge en 2016, une décision confirmée dans ses grandes lignes par la Cour suprême espagnole le mois dernier.

"Campagne" médiatique

L'ouverture de cette procédure est un coup dur pour Ronaldo, qui doit participer dans les prochains jours à la Coupe des confédérations en Russie avec le Portugal (17 juin-2 juillet).

En décembre, le nom du quadruple Ballon d'Or avait aussi été cité dans le scandale des "Football Leaks" et lié à une possible "dissimulation" à hauteur de 150 millions d'euros dans des paradis fiscaux.

Selon le quotidien El Mundo, membre du consortium de médias qui a révélé les "Football Leaks", la décision du parquet de Madrid "ratifie les informations publiées" fin 2016. À l'époque, le Portugais avait nié toute fraude et assuré être à jour de ses obligations.

Au sommet de son art cette saison, ayant offert au Real Madrid la Liga et la Ligue des champions, Ronaldo risque de voir sa quête d'un cinquième Ballon d'Or perturbée par ces poursuites.

Le natif de Madère n'a d'ailleurs cessé ces dernières semaines de dénoncer une "campagne" médiatique contre lui.

"Moi, je crois que Cristiano Ronaldo est innocent", l'a défendu le président de la Ligue espagnole de football Javier Tebas, connu pour être supporter du Real Madrid.


AFP/VNA/CVN

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