Entre rituels et détente, le Têt dans une famille de Dà Nang

Pour le néophyte, le Nouvel An lunaire est un concentré de découvertes et de rencontres. Reportage dans une famille vietnamienne de Dà Nang (Centre). Du soir du réveillon au soir du premier jour du Têt.

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Bœuf, poulet, légumes, nems, tous les repas du Têt sont de véritables festins.

Nguyên Thi Nai, 79 ans, allume des bâtons d’encens. Elle les dépose sur l’autel des ancêtres, au deuxième étage de sa maison, à Dà Nang. Il est minuit. Le cap de l’année de la Chèvre vient d’être franchi. Elle se dirige ensuite vers une table où sont disposés divers mets, installée près de la fenêtre à l’attention des esprits. Elle s’agenouille respectueusement et termine ainsi le rituel traditionnel du début de la nouvelle année lunaire. Dans la pièce, un sentiment de quiétude. À l’extérieur aussi, tout est calme. Cette année, le ciel de Dà Nang n’a pas été illuminé par les feux d’artifice. Nguyên Bá Thanh, ancien secrétaire du Comité municipal du Parti de la ville, est décédé peu avant le Têt.

Les prières terminées, on casse la croûte. Au menu, des douceurs : noix de coco, gingembre et patate douce séchés, chocolats, fruits. Les histoires de famille fusent, on évoque de vieux souvenirs. À la télévision, une émission spéciale en direct de Hanoi et de Hô Chi Minh-Ville. La soirée prend des airs de Noël en Occident. Nguyên Thi Nai décide de l’heure de départ pour la pagode. Ce sera 06h30. Les jeunes font la moue, mais leur grand-mère insiste. Il faut y aller tôt pour éviter la foule.

Présages pour la Nouvelle Année

Des enveloppes contenant des billets de loterie et un feuillet présageant l’avenir étaient suspendues dans l’enceinte de la pagode Thiên Viên Bô Dê, à Dà Nang, à l’occasion du Têt.

La nuit a été courte. Hô Thi Minh Trang, la petite-fille de Nguyên Thi Nai, passe quelques coups de fil pour réserver un taxi. Pas facile d’en dégoter un, la demande est forte durant cette période et le nombre de véhicules limité. On joue des coudes pour entrer dans l’enceinte de la pagode Thiên Viên Bô Dê, où trône une immense statue de Bouddha. Des milliers d’enveloppes numérotées sont suspendues en l’air, attachées à de minces fils. Munis de longues perches, des moines les décrochent. À l’intérieur de l’enveloppe, un billet de loterie, un pendentif et un feuillet présageant du déroulement de la nouvelle année. «Si tu vas au tribunal, tu gagneras, lit Minh Trang. Tu peux aussi te marier cette année et ce que tu entreprends se fera sous de bons auspices».

Le temps de rendre les hommages et on se serre dans un autre taxi qui roule vers une autre pagode, celle de Tân Ninh. Dans la rue, les rideaux métalliques des commerces sont quasiment tous baissés. Mais, à l’approche du lieu de culte, c’est l’effervescence. Tambours et gongs retentissent. À l’étage supérieur, c’est l’heure de la célébration commune.

D’apéritifs en repas

De retour à la maison, les visites chez la parenté et les amis commencent. On s’assied, on déguste fruits, viande, bière et alcool de carambole. Pas le temps de digérer que déjà, la famille se réunit pour le repas de midi. Sur la table, du riz gluant, du poulet, du bœuf et du porc séché, des œufs de caille, des légumes, des nems, etc. Un véritable festin. Les bières décapsulées, on trinque.

"Lắc bầu cua" ou "bầu cua tôm cá", un jeu de hasard où l’on mise de l’argent sur une image - crabe, crevette, poisson, poulet, cerf ou gourde - est un jeu prisé durant le Nouvel An lunaire.

Une fois rassasiés, place aux jeux. L’ambiance est à la fête. On sort le "lắc bầu cua" ou "bầu cua tôm cá", un jeu de hasard où l’on mise de l’argent sur une image - crabe, crevette, poisson, poulet, cerf ou gourde. Trois dés sont ensuite jetés. S’il tombe sur le symbole choisi par le participant, il double sa mise. Sinon, il la perd. Chacun fait ses jeux. Suspense. Certains ont plus de veine que d’autres. Mais de déconvenues en succès, tout le monde y retrouve plus ou moins son compte.

En soirée, la famille se rassemble à nouveau. Mais cette fois à Hôi An, dans la province voisine de Quang Nam, pour partager un repas chez Duong Thi Hoa, la fille de Nguyên Thi Nai, et son époux, Jean Cabane. Comme il est de coutume durant le Têt, la table est garnie de moult plats. Des repas et des réunions qui vont se succéder tout au long des festivités du Têt. Un défi pour l’estomac, mais un délice pour l’ambiance.

Texte et photos : Angélique Rime/CVN

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