Ebola en RDC : les défis et chances d'un lointain enclavement

L'enclavement de la zone du Nord-Est de la République démocratique du Congo touchée par Ebola pose un défi logistique considérable au déploiement de l'aide médicale, mais joue aussi comme une barrière naturelle limitant la progression de la maladie, hautement contagieuse.

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Des agents sanitaires revêtus d'une combinaison de protection désinfectent des toilettes dans un centre de traitement contre le virus Ebola en 2014 à Lokolia, en RDC.

Les autorités ont annoncé vendredi 12 mai que le pays faisait face à sa huitième épidémie d'Ebola depuis la découverte de ce virus sur son sol en 1976.

La maladie a été détectée dans la province du Bas-Uélé, à environ 1.300 km au Nord-Est de Kinshasa, dans la zone de santé de Likati, zone perdue en pleine forêt équatoriale.

Neuf cas suspects de personnes infectées par le virus ont déjà été signalés. Trois d'entre elles sont mortes, et la présence du virus Ebola (souche Zaïre) a été détectée dans l'un des cinq échantillons sanguins prélevés sur les patients soupçonnés d'avoir contracté cette maladie, associée à un taux de mortalité élevé chez les personnes qu'elle touche.

Grande comme près de cinq fois la France, la RDC est un des pays les moins développés au monde et manque cruellement d'infrastructures.

S'il est relativement facile d'acheminer de l'aide par avion jusqu'à Kisangani, la grande ville du Nord-Est du pays, sur le fleuve Congo, puis de là par la route jusqu'à Buta, la capitale du Bas-Uélé, "après ça se complique", explique Régis Billaudel, chef de mission de l'ONG d'aide médicale Alima en RDC.

Moto, vélo et brancard

"On va étudier plusieurs possibilités d'accès" pour couvrir la distance d'environ 150 km séparant Buta de Likati, en combinant "pirogue ou bateau rapide" le long de l'Itimbiri, affluent du Congo, et deux-roues, ajoute M. Billaudel, alors qu'une équipe d'Alima est déjà en route.

Un soigneur marche vers des patients en quarantaine dans un centre de traitement d'Ebola à Conakry, en Guinée, le 21 août 2015.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pas question en effet d'envisager un transport en voiture : "Les 4x4 ne passent pas" sur les pistes forestières locales, trop étroites, convient Eugène Kabambi, chargé de communication de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en RDC.

"Amener du matériel lourd dans toutes ces zones, c'est un énorme challenge", dit M. Billaudel : là-bas, "c'est le monde de la moto, du vélo, du brancard". Rien d'impossible cependant à ses yeux quand on sait les chargements improbables juchés sur des bicyclettes hors d'âge que les habitants des zones reculées du Congo sont capables de transporter sur des kilomètres et des kilomètres.

Interrogée par l'AFP, l'équipe de Médecins sans frontières (MSF)-Belgique au Congo, qui prépare aussi l'envoi d'équipes, de matériel et de médicaments en soutien à l'action des autorités congolaises, note qu'il y a "beaucoup de contraintes logistiques" et préfère ne pas trop communiquer sur son action avant de s'être frottée à la réalité du terrain.

Selon M. Kabambi, la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) et le Programme alimentaire mondial (PAM) devraient "faciliter les rotations aériennes" pour acheminer matériel, personnel médical et médicaments à Buta, à l'aide des hélicoptères et des avions petits porteurs qu'ils exploitent en RDC.

Quarante-neuf morts en 2014

Circonscrite en moins de trois mois, la précédente épidémie d'Ebola au Congo, qui s'était déclarée dans une zone enclavée du Nord-Ouest du pays en 2014, avait officiellement fait 49 morts.

"Il y a beaucoup de similarités avec la situation de 2014", relève M. Kabambi, pour qui la très faible densité de la population dans la zone touchée joue en faveur des efforts déployés pour combattre la maladie.

L'enclavement "est à la fois un challenge pour la maladie et son développement, et pour ceux qui luttent contre elle", résume M. Billaudel.

Néanmoins, relève-t-il, si les plus gros villages ou campements, éloignés les uns des autres, ne comptent que 100 ou 200 habitants, il faut absolument éviter que le virus s'y installe. Pour cela, il est nécessaire "de sensibiliser la population" sur les précautions élémentaires d'hygiène à prendre pour éviter la propagation de la maladie, qui se transmet très rapidement par les fluides corporels, et primordial de "protéger le personnel soignant".

Rappelant que la RDC avait déjà fait face à sept épidémies de fièvre hémorragique à virus Ebola et que le pays avait acquis une expertise certaine dans la riposte contre cette maladie, les autorités congolaises ont appelé la population à "ne pas paniquer".

Samedi 13 mai, l'OMS a félicité Kinshasa pour la rapidité avec laquelle elle avait réagi face à la réapparition de la maladie et a émis l'espoir que l'épidémie sera "très rapidement" contrôlée.

AFP/VNA/CVN

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