Des poissons multicolores en trompe-l’œil

Impressionné par les peintures de poissons en trois dimensions de l’artiste japonais Riusuke Fukahori, Dinh Tuân Anh a décidé de lui emboîter le pas. Il est désormais le seul au Vietnam à maîtriser cette technique. Rencontre.

Dinh Tuân Anh a mis plusieurs mois pour finaliser sa technique de peinture.
Photo : CTV/CVN

Au 4e trimestre 2011, alors que Dinh Tuân Anh travaille comme designer graphique dans une société de transactions immobilières à Hô Chi Minh-Ville, une cousine qui étudie à Londres lui téléphone pour lui parler d’une exposition de l’artiste japonais Riusuke Fukahori dans la capitale britannique. Il consulte Internet et est captivé par la beauté des œuvres de cet artiste japonais. Pendant 12 ans, ce dernier a développé une technique de peinture multicouche et a créé les poissons les plus originaux du monde. Avec de la peinture à l’huile et des couches successives de résine transparente, il réalise des poissons plus vrais que nature. Couche après couche, avec minutie, il parvient à donner une forme 3D (trois dimensions) à ses compositions. Il peint tout d’abord ce qui se trouve en dessous pour arriver progressivement sur le dessus. Puis, entre chaque couche, l’artiste coule une sorte de résine transparente.

Un virage dans sa vie

«J’ai été très étonné et je ne croyais pas que ces poissons étaient des peintures. Au moment où j’ai découvert les peintures de Riusuke Fukahori, peu de Vietnamiens les connaissaient et aucun n’avait essayé de l’imiter», affirme Dinh Tuân Anh. Il se demande comment apprendre cette technique et, pourquoi pas, d’en vivre. Après mûres réflexions, il décide de quitter son emploi pour se concentrer sur son apprentissage.

Selon Dinh Tuân Anh, la technique de peinture multicouche existe depuis longtemps et beaucoup d’artistes dans le monde l’ont utilisée. Cependant, chacun a sa propre façon de l’appliquer et son propre style.

Diplômé en design graphique à l’Université Hông Bàng (Hô Chi Minh-Ville), Dinh Tuân Anh n’a aucun mal à dessiner des poissons. «La clé était de fabriquer la résine transparente. Je suis parti de zéro. J’ai fait beaucoup d’essais, avec beaucoup d’échecs. Parfois je voulais abandonner et retourner à mon ancien travail devant l’ordinateur !», confie-t-il.

Des poissons en trois dimensions plus vrais que nature.

Finalement, après trois mois de tâtonnements, le designer finit par trouver la formule de préparation de la résine et commence à dessiner ses premiers poissons. «D’abord, je cherche un récipient puis je verse une première couche de résine transparente. J’attends 24 heures pour qu’elle durcisse. Je dessine les poissons dessus à la peinture acrylique avant de verser la deuxième couche de résine, etc. L’action se répète pour les couches suivantes, jusqu’à ce que l’œuvre soit achevée», partage-t-il. Et d’ajouter : «Si je peins un seul poisson, il me faut dix jours. Mais pour un banc, trois mois».

Des peintures vendues des milliers de dollars

Un rendu saisissant qui donne l’impression au spectateur qui regarde ces œuvres étonnantes d’avoir affaire à de véritables poissons. Sauf qu’il n’en est rien. Il est difficile de ne pas s’imaginer que tout à coup les petites bêtes pourraient ainsi prendre vie et s’agiter devant nos yeux tant leur vraisemblance semble bluffante. Les illustrations incroyables de ce peintre d’exception nous invitent à la contemplation d’un grand nombre de détails surprenants sur lesquels l’artiste s’est attardé : branchies, nageoires ou encore écailles, rien n’a été oublié. Un travail d’orfèvre !

Des poissons en trois dimensions plus vrais que nature.

Les premières peintures de Dinh Tuân Anh ont été offertes à des proches, des voisins. Subjugués, ils vinrent même admirer son travail. Un encouragement à continuer et à perfectionner sa technique.

En 2012, les premiers poissons 3D «made in Vietnam» sont commercialisés via Facebook et des sites web dédiés aux objets artisanaux. Grâce à la société d’un ami en France, Dinh Tuân Anh a désormais des clients étrangers. Il vend ses œuvres de 1.200 à 10.000 dollars. «Je reçois de nombreuses commandes de l’étranger, notamment de France et des États-Unis, dit-il. C’est un travail minutieux qui prend beaucoup de temps, que j’estime rétribué à sa juste valeur».

Quê Anh/CVN

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