Des photographes animaliers Viêt kiêu

Andy Nguyên et Dang My Hanh sont parmi les rares photographes animaliers professionnels d’origine vietnamienne. Ils viennent d’exposer leurs meilleurs clichés à Hanoï. Rencontre.

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Andy Nguyên et Dang My Hanh.

Andy Nguyên et Dang My Hanh sont deux Viêt Kiêu (Vietnamiens d’outre-mer) basés aux États-Unis qui, depuis des décennies, traquent la faune sauvage aux quatre coins du monde. Ils ont reçu de nombreux prix internationaux prestigieux, notamment de la BBC Wildlife, de la PSA (Photographic Society of America) ou de la NANPA (Nord America Nature Photography Association).

Du 4 au 7 août, ils ont dévoilé une partie de leur travail à Hanoï dans le cadre d’une exposition intitulée «Wings of the Wild» (Ailes de la nature). Les deux artistes ont profité de leur voyage au Vietnam pour explorer la faune locale. «Nul besoin d’être un passionné de nature ou même un amoureux des animaux pour apprécier une bonne photo», a partagé Andy Nguyên.

En tant que photographes de nature, ils sont les témoins privilégiés de la beauté de notre environnement. Par leurs photographies, ils dévoilent la richesse, la diversité, l’incroyable vitalité de la faune et de la flore, mais aussi sa fragilité face à une démographie croissante et à une exploitation non réfléchie des ressources de notre planète.

Patience et passion

«Mon but est de montrer des histoires de vie d’animaux sauvages, leur beauté, des comportements intéressants, grâce à un savant dosage de qualité technique et d’expression artistique. Nous espérons que notre travail donnera à tous l’envie de sauvegarder notre planète, afin que les générations futures puissent, elles aussi, en contempler les merveilles», confie Andy.

En regardant des photos, le public se demande comment Andy a pu capturer des scènes aussi incroyables qu’un grèbe venant d’attraper un poisson dans une gerbe d’écume, ou une famille de grues – des oiseaux extrêmement farouches - dans leur intimité.

Andy utilise du matériel coûteux, dont des téléobjectifs et boîtiers à la pointe de la technologie. Mais le succès d’une photo ne repose pas seulement sur le matériel, il faut aussi des connaissances sur le sujet que l’on convoite. Sans parler de la patience. Andy a comme règle de prendre des photos sans déranger ses sujets. Le cliché à tout prix, ce n’est pas l’idée qu’il se fait de la photographie animalière.

Il faut aussi savoir saisir l’opportunité quand elle se présente. Un jour, Andy a découvert un nid de Tyran à longue queue avec trois poussins frais éclos. Il est resté assez loin, mais il lui était très difficile de trouver une trouée parmi le feuillage. Il a continué à changer de position en attendant que les parents partent. «Je ne pouvais pas détacher mes yeux du nid. La sueur me coulait dans les yeux, aussi était-il très difficile de voir dans le viseur. Mais je devais rester, car j’étais sûr qu’il n’y aurait pas de seconde chance pour capturer une telle scène», partage-t-il.

Andy Nguyên a le don de savoir déclencher au bon moment.
Photo : CTV/CVN

Un métier parfois risqué

Dang My Hanh est aussi la seule photographe animalière d’origine vietnamienne. Elle dispose d’une connaissance approfondie sur les oiseaux et s’est aussi fait connaître pour ses ouvrages sur la faune. «Le danger menace toujours le photographe animalier. J’ai frôlé la mort un grand nombre de fois pendant mes 15 ans à photographier la faune», avoue-t-elle.

Hanh attend des heures pour capturer une photo, parfois une journée entière. Il y a de cela quelques années, elle a suivi un couple de grues du Canada à la saison de reproduction, dans des tourbières infestées de crocodiles. Un jour, alors qu’elle était concentrée sur le cadrage, elle a senti une présence derrière elle. Elle a tourné la tête et s’est retrouvée face à face avec un crocodile. «Mon cœur a cessé de battre. Mais grâce à mon expérience, je suis restée immobile et lentement, je me suis déplacée. Si j’avais paniqué, il m’aurait attaqué», se souvient-elle.

Andy, aussi, a connu des moments assez terrifiants, comme ces nuits de bivouac en Afrique où les lions rugissaient à proximité de sa tente. Selon lui, les grands prédateurs n’attaquent que si les humains excitent leurs instincts. «Partir en voyage et revenir sans bonnes photos est considéré par certains comme un échec», partage-t-il. Mais, «pour moi, ce n’est pas un échec. Car il y a toujours des leçons et des expériences à tirer. On en apprend plus sur les habitudes de telle ou telle espèce, et lorsque l’on reviendra, on sera mieux armé pour réussir la photo souhaitée».

D’après Hanh, pour devenir photographe animalier, outre un équipement de qualité, il faut surtout une bonne connaissance de la faune. «Mais par dessus tout, vous devez être passionné. Tous les photographes animaliers professionnels que je connais respectent les animaux. Leurs photos dévoilent leur beauté, et incitent à protéger ces créatures».

Pour eux, photographe animalier, c’est l’un des plus beaux métiers qui existe. Mais ce n’est pas seulement un métier, c’est avant tout une passion pour la nature, les grandes étendues sauvages, la liberté...

Le rôle essentiel des photographes de nature aujourd’hui est d’être par leurs images des ambassadeurs et des défenseurs de la vie sauvage, de la biodiversité, du Vivant en général.

Thuy Hà/CVN

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