À Hô Chi Minh-Ville, une forge garde sa flamme

Depuis plus de 30 ans, la forge de Lê Van Châu (61 ans) tourne à plein régime. Les habitants de la ruelle voisine du marché Nhât Tao sont habitués à ses bruits de marteau. Une exception dans une ville en plein boom industriel.

Nous sommes à la quatrième ruelle du 10e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, non loin du marché Nhât Tao. Tous les matins, Lê Van Châu commence sa journée par allumer le feu dans sa forge. Un exercice routinier.

Lê Van Châu allume chaque jour le feu de la forge.
Photo : Quang Châu/CVN

Il fut un temps, ce quartier comptait des dizaines de forge en activité. Actuellement, il n’en reste plus qu’une, celle de Châu. La seule à avoir survécu à l’avènement de l’industrie.

Un talent forgé

Le visage sué, Châu raconte qu’il a appris ce métier de son beau- père. Il y a des dizaines d’années, il a rencontré et épousé sa fille. À l’époque, il travaillait comme maçon et gagnait peu d’argent pour vivre. Témoin de la vie difficile du jeune couple, son beau-père, un forgeron célèbre de la région lui appris les techniques du métier. Après plus monté d’un an d’apprentissage, le jeune Châu a monté son atelier.

Malheureusement, le couple ne tiendra pas longtemps et se sépare au bout de quelques années après avoir donné naissance à une fille. Châu qui est resté fidele à son métier, décide d’épouser en seconde noce Nguyên Thi Minh Nguyêt. Plus qu’une épouse, cette dernière devient une aide précieuse pour son mari. Elle lui prête main-forte et arrange la forge. Aujourd’hui, elle est capable de remplacer son mari quand celui-ci est absent.

Il y a des dizaines années, de nombreuses personnes, principalement les hommes, devenaient forgeron afin de faire face à une forte demande en outils de travail. Ainsi, les forges poussaient comme des champignons. L’atelier de Châu produisait divers outils essentiellement destinés aux travaux champêtres. Marteau, hache, couteau, ciseaux, accessoires de réparation automobile, de l’industrie artisanale. Tous étaient fabriqués et se vendaient bien.

«L’âge d’or de la forge est révolu. Auparavant, les ciseaux et couteaux que je produisais ne répondaient pas à la demande du marché. Et maintenant que les produits étrangers vendus à bas prix dominent, j’ai opté pour les outils de travail des agriculteurs», partage-t-il.

Résister à l’usure du temps

Ses voisins ignorent l’âge d’or de ce métier mais se sont quotidiennement familiarisés aux bruits du marteau. «Nous sommes habitués aux bruits du marteau et de l’enclume. Au point de ressentir un vide lorsque nous ne les entendons pas. Ainsi, nous accourrons chez Châu pour en connaître la raison», affirment certains.

M. Châu a une assistante précieuse pour son travail, sa femme.

Petit à petit, l’atelier de Châu s’est taillé une référence dans la ruelle. Mme Sau, une de ses voisines raconte : «Le fait que cette forge existe est original pour la ruelle». Elle témoigne que dans son enfance, elle était habituée à l’image de la forge. Aujourd’hui, chaque fois qu’elle la voit, cela ravive en elle des souvenirs. Elle affirme que Châu répare gratuitement tout matériel défectueux de ses voisins. Conscient du tapage et de la pollution engendrés par son atelier, il n’allume jamais le feu le soir. Depuis que sa forge existe, personne ne s’est jamais plaint.

La forge de Châu reste une des rares à continuer de fonctionner à Hô Chi Minh-Ville. Les districts suburbains en comptent encore mais de nombreux forgerons pensent abandonner ce travail au profit des métiers plus rentables.

Quê Anh/CVN

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