À Madagascar, les pêcheurs protègent la mangrove pour assurer leur survie

Près de Belo-sur-mer, à l'Ouest de Madagascar, les forêts de palétuviers s'étendent sur des milliers d'hectares et regorgeaient autrefois de poissons et de crabes. Mais certaines zones ont été fermées à la pêche par les pêcheurs eux-mêmes. Une question de survie. "Les communautés ont choisi plusieurs sites que l'on ferme pendant quatre mois dans l'année pour permettre aux crabes et aux poissons de se reproduire", explique Thomas, responsable de Blue Ventures, une association britannique de protection de la biodiversité marine à l'origine du projet.

Trois sites de 200 hectares au total ont été sélectionnés par les communautés locales pour cette première expérience dans la mangrove, forêt marine qui s'étend sur 4.000 km² à Madagascar.

C'est dans ces labyrinthes marécageux de palétuviers que se reproduisent et vivent les crabes Scylla serrata, dont la pêche fait vivre les populations alentours et est essentielle à l'économie locale.

Depuis 2004, plus de 130 zones ont été fermées à la pêche par des associations communautaires à Madagascar, mais c'est la première fois que ce dispositif est appliqué dans une mangrove.

À cinq kilomètres de Belo-sur-mer, Antanimanimbo est un hameau de quelques cases en bois construites sur une presqu'île de sable, entre océan et mangrove.

La centaine d'habitants vit au rythme des marées qui inondent les rivages. "Avant, il y avait beaucoup de crabes dans la mangrove, maintenant il y en a peu. Cela m'inquiète pour les générations futures", fait savoir Jean-François, 62 ans, vice-président de l'association de pêcheurs du village qui a décidé de fermer une zone de 120 hectares.

La pêche intensive pratiquée par les villageois, qui revendent leurs crabes à des grossistes de la région, a conduit au tarissement progressif des ressources.

L'emploi de filets adaptés et la création de réserves sont les solutions introduites par Blue Ventures et acceptées, toujours par consensus, par les habitants.

Protéger les ressources

"Tout le village respecte la fermeture, car on a organisé des réunions et des discussions pour réfléchir à la protection de notre zone de pêche, et on a décidé d'adopter ce système", ajoute Jean-François, dans cette région où l'on ne s'identifie qu'avec son prénom.

La communauté a élaboré un "dina", une loi locale respectée généralement par tous. Une lourde amende est prévue pour ceux qui enfreindraient la règle établie.

"Pour introduire ce système, Blue Ventures a une technique : les échanges entre villages. On a emmené des pêcheurs dans des villages où cela a marché", reprend Thomas, qui a déjà encadré plusieurs projets similaires.

"D'autres pêcheurs du Nord viendront aussi pour voir ce site", ajoute-t-il.

L'objectif de Blue Ventures est de multiplier ce modèle sur l'ensemble de la côte Sud-Ouest de Madagascar pour aider les communautés à faire face à la baisse généralisée des ressources. Qu'il s'agisse des crabes, des poissons, des poulpes ou des concombres de mer, tous les types de pêche sont concernés.

La surexploitation n'est pas seulement le fait des pêcheurs locaux : de grands navires de pêche, avec ou sans licence, lancent leurs filets sans contrôle dans les eaux malgaches.

Selon une étude menée par Blue Ventures et des chercheurs de l'Université de Vancouver (Canada), près de 4,7 millions de tonnes de poissons ont été pêchées depuis 1950.

À défaut de lutter contre la pêche industrielle, les communautés locales peuvent protéger les ressources du littoral et trouver leur place dans le circuit commercial.

"Si les pêcheurs adoptent durablement ce système, on pourra négocier de meilleurs prix de vente aux grossistes qui viendront le jour de l'ouverture de la réserve", avance Thomas.

AFP/VNA/CVN

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